Gloire à Jacques Demy
Édito du n°895 - mercredi 3 juillet 2013 - Petit Bulletin Grenoble

Depuis quelques semaines, Jacques Demy est partout. À la Cinémathèque française (Paris) d'abord, par le biais d'une très belle expo visuelle sur son univers. Sur les écrans ensuite, avec la reprise dans certaines salles des Parapluies de Cherbourg (photo), l'un de ses chefs-d'œuvre où Catherine Deneuve se meurt d'amour en chantant. Et dans pas mal de discussions de cinéphiles enfin, tant il est de bon goût - voire carrément hype - d'aimer Jacques Demy en 2013.
Si les effets de mode n'apportent pas toujours que du bon (la Cinémathèque française a par exemple tout prévu pour que le parfait hipster soit tendance Demy, avec sacs, badges, cartes postales...), dans ce cas précis, on est plutôt ravis, le Nantais étant l'un des plus grands réalisateurs français du siècle dernier. Et cette Demymania a au moins une vertu : mettre en avant l'ensemble de son œuvre. À savoir ses films moins connus que Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort ou encore l'indémodable Peau d'âne (sa Sainte-Trinité).
Si certains ne sont pas à la hauteur de la légende (qui peut encore regarder Parking et son Francis Huster chantant au premier degré ?), d'autres sont de pures merveilles, notamment ses premiers : La Baie des Anges, avec une Jeanne Moreau rayonnante en joueuse de casino, ou encore le fondateur Lola, porté par une Anouk Aimée hypnotique. Deux longs-métrages en noir et blanc non (ou presque peu) chantés, qui tranchent avec l'image communément admise d'un Demy enchanté. Du coup, vive les hipsters (sachant qu'on est toujours le hipster de quelqu'un), et vive les mugs Demy à 15 euros pièce !