« Bullshit jobs », même dans la culture

Publié Mardi 1 octobre 2013

Édito du n°902 - mercredi 2 octobre 2013 - Petit Bulletin Grenoble

L'anthropologue et anarchiste américain David Graeber l'assure : notre société est en pointe en ce qui concerne la création de « bullshit jobs Â», métiers à la con qui nous paraissent importants mais qui seraient totalement inutiles. Pour savoir qui est concerné, Graeber propose un petit test. Rien de bien compliqué : si l'on répond oui à l'une de ses questions (du style : Est-ce que le monde tournerait quand même sans votre boulot ?...), c'est râpé.

En gros, il s'en prend à la plupart des métiers de service (management, relations publiques, administratif, communication...). Au-delà de l'aspect polémique et réducteur du débat (même si le papier de Graeber est solidement argumenté et politiquement passionnant), l'analyse met en avant la perte de sens que l'on peut avoir en travaillant, surtout quand notre utilité n'est pas aussi évidente que celle, par exemple, d'un médecin. Une réflexion qui, au passage, a parfaitement été mise en exergue dans l'excellente série The Office.

Dans le monde culturel, la question peut aussi être posée. Et sur un point précis, il y a de quoi se réjouir : Michel Orier, ancien directeur de la MC2 et actuel collaborateur d'Aurélie Filippetti pour le spectacle vivant, vient de supprimer le taux de fréquentation de la liste des indicateurs de performances des établissements culturels publics, critère on ne peut plus contestable - alors que la diversité des publics touchés est plus importante. Un pas de plus vers la déconnification de notre société qui ravira ceux et celles à qui l'on demandait de blinder leurs salles à tout prix. Big up Michel !