Critique de Race

Publié Mercredi 9 octobre 2013

Après avoir lu sur le site du théâtre municipal de Grenoble que "Race" avait été nominé pour Les Globes de Cristal 2013* dans la catégorie meilleure pièce de théâtre, votre serviteur n'a forcément eu qu'une envie : vérifier par lui même la réputation qui entoure ce spectacle. Verdict en quelques lignes.

Après avoir lu sur le site du théâtre municipal de Grenoble que Race avait été nominé pour Les Globes de Cristal 2013* dans la catégorie meilleure pièce de théâtre, votre serviteur n’a forcément eu qu’une envie : vérifier par lui même la réputation qui entoure ce spectacle. Verdict en quelques lignes.

Race est un huis clos sur une affaire de viol qui n’est pas sans rappeler le cas DSK au Sofitel. Même situation et même pays. Aux Etats-Unis, la question du rapport communauté blanche-communauté noire semble particulièrement sensible, et David Mamet met les pieds dans le plat. A l’opposé du politiquement correct et surtout fin psychologue. Il en faut, me direz-vous, pour mener à bien 1h30 de huis clos.

Race se situe donc dans un cabinet d’avocats. L’ambiance est posée dès les premières secondes : les deux avocats (joués par Yvan Attal et Alex Descas) s’adressent à l’inculpé avec des répliques désarmantes de cynisme. La question au fondement de la défense n’est pas tant la justice que la gloire et surtout l’argent. Le débat est aussi clinique qu’un conseil de guerre. Puis la question des préjugés raciaux entre les communautés blanche et noire se déploie. A partir de cette affaire de viol et par le truchement de dialogues écrits au cordeau, l’auteur dessine des portraits d’hommes et de femmes dont les actes font fatalement l’objet de calculs et appréhensions.

Dans un monde noyé par le politiquement correct mais où les humains restent ce qu’ils sont et ont toujours été, à savoir (très) imparfaits, la question du préjugé est une vraie patate chaude qu’il est bon de refiler au voisin. Tout le monde a du mal à assumer ses préjugés puisque la morale veut que ce soient de mauvaises pensées. Le portrait de l’avocate noire souligne d’ailleurs brillamment l’idée que le degré d’instruction ne réduit en rien les préjugés qui nous habitent et l’auteur en profite pour désigner la question de la discrimination positive comme une connerie de plus dans l’histoire du rapport d’égalité entre communautés. Hé oui ! C’est qu’on ne se débarrasse pas de ses atavismes à coup de diplômes.

Pas étonnant après ça que Race ait été nominé pour Les Globes de Cristal 2013.

*Les Globes de Cristal sont les prix de la presse française pour les arts et la culture. Ils sont décernés par les journalistes des rubriques culturelles.

Race de David Mamet

Mise en scène de Pierre Laville

Vu le 8/10/2013 au théâtre municipal de Grenoble

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