Rendez le français aux Français
Chanter en anglais, pour un chanteur français, est un exercice trop périlleux pour le laisser à la portée de n'importe qui.

Le dernier clip de Sébastien Tellier a inondé la toile le mois dernier, avant la sortie de son prochain album le 14 octobre prochain. Tout le monde semble aimer « L'amour naissant », un titre rythmé, classieux, efficace, et surtout écrit selon le même principe d'hybridation linguistique qui fait la plume de son auteur depuis une dizaine d'années.
Ce n'est pas que le mélange de langues entre France et Angleterre, c'est aussi le mariage des styles qui est réussi ; Tellier est un artiste installé, talentueux, et personne n'aurait l'idée de lui reprocher ce trait, inscrit par ailleurs dans l'histoire de la chanson française. Mais pour les autres, tous les autres, et surtout les jeunes premiers, cessez immédiatement d'utiliser l'anglais pour gonfler vos mélodies mielleuses : votre mièvrerie n'en est pas plus supportable.
Je m'exprime ici au nom des mélomanes anglophones qui voudront bien se reconnaître dans cette dénonciation : si un accent français peut être parfois joli, voire bien vu, les hululement faussement californiens, ou les bâillements pseudo londoniens ne vous mèneront nulle part.
Les fautes de grammaire, les erreurs de style, et plus généralement le mauvais goût font de cette manie de l'anglophonie une des pires pestes qui ait frappé le patrimoine musical français. Jeunes (mais aussi vieux, pointons du doigt Kolinka, ex batteur de Téléphone, et son Even If incompréhensible), vous ne rendez service à personne, ni à la culture anglaise, ni au niveau d'anglais des français, ni à votre future carrière, puisque tout le monde sait que les radios française ont des quotas de ritournelles francophones à remplir.
Il y a de beaux exemples de français qui réussissent en France et à l'étranger dans notre belle langue (hello Louise Attaque, goodmorning euh, Alizée par exemple), ne laissez pas le top 10 des meilleurs ventes française aux USA vous berner : Justice, Air, Phoenix, David Guetta... Soyons sérieux, il s'agit de musique électronique : tout le monde la sait apatride.