Festival du film court de Villeurbanne : une belle carte blanche pour commencer

Publié Vendredi 1 novembre 2013

Quelques jours après les premières révélations sur Facebook concernant la programmation du 34ème Festival du film court de Villeurbanne, voici que la programmation complète est en ligne sur leur site.

D'emblée, une première chose nous frappe : le festival va débuter par une carte blanche à Julie-Marie Parmentier dont le programme est plus qu’intéressant.

Pourquoi ?

Déjà parce que, fait rare dans l’histoire d’un festival de courts métrages, tous les films présentés ont été réalisés par des cinéastes connus du grand public.

De Lumière à Villeurbanne

Ensuite, parce que le film du premier d’entre eux, Charlie Chaplin, crée un lien bienvenu avec le cinéma de patrimoine et son promoteur bien connu, le récent festival Lumière. En effet, Charlie Chaplin version court était déjà à l’honneur au mois d’octobre à Lyon. Cette nouvelle programmation nous rappelle aussi que la défense du patrimoine du cinéma n’est pas que l’affaire de quelques-uns. Et cela, le Zola en particulier et le GRAC (Groupement Régional d’Actions Cinématographiques) en général l’ont bien compris et depuis fort longtemps. En atteste encore l’exemple du programme « La Bobinette Enluminée », en partenariat avec la Cinémathèque de Grenoble,  qui devrait ravir les jeunes spectateurs et leurs parents lors de l’avant-dernier jour du festival à Villeurbanne cette année.

Un autre fait marquant dans la programmation proposée par Julie-Marie Parmentier est la présence du film de Takeshi Kitano. One fine day est issu d’un programme initié par le festival de Cannes, qui, pour célébrer son 60ème anniversaire, a sollicité des réalisateurs du monde entier. Il est ainsi intéressant de voir ce film en dehors de ce programme, pour montrer que certains courts métrages dit « de commande » peuvent avoir une vie au-delà de leur cadre initial ; le processus de regrouper des films courts de réalisateurs divers autour d’un thème ou d’un événement étant presque un genre en soit dans l’histoire du cinéma.

3 minutes pour rassembler

Enfin, le dernier point marquant de cette programmation est la durée du film d’Isild Le Besco. Au risque de se montrer un peu pinailleur, ce film dépasse de 3 minutes la définition administrative d’un court métrage. En effet, et sauf erreur de ma part, la différence entre court et long métrage ne se fait plus à la longueur de pellicule (le fameux « métrage », à une époque où tout n’était pas numérique), mais à la durée : 59 minutes et 59 secondes étant la durée maximum d’un court métrage (pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus, voir l’article correspondant dans « Une encyclopédie du court métrage » de Jacky Evrard et Jacques Kermabon).

Au-delà du débat anecdotique que pourrait susciter cette remarque pour 3 petites minutes, je trouve surtout intéressant de noter ici que le geste de programmation d’un tel film dans un festival de court montre bien que le cloisonnement n’est pas de mise dans un tel événement. Et que c’est avant tout le cinéma dans son ensemble que défend le festival. Certes, ce film a bénéficié d’une sortie en salle, ce que très peu de courts métrages connaissent, que leur durée s’approchent d’une heure ou non d’ailleurs. Mais ce type de film reste néanmoins fragile. Et lui redonner une visibilité dans un événement dédié à une forme également très fragile est très important.

Autant de messages forts passés à travers la programmation d’une invitée dont le parcours force le respect de par sa richesse et sa diversité : le festival devrait commencer sur de bons rails.