Le ciel dans ma peau

Publié Samedi 9 novembre 2013

Attention produit toxique : dans la présentation de la pièce on peut lire « "Le ciel dans la peau" dénonce le phénomène du féminicide au Mexique ». On ne peut qu'adhérer à l'intention. Mais quand on regarde la pièce, on repense à ce vieil adage trop rarement démenti : le chemin qui mène aux enfers est pavé de bonnes intentions.

La pièce commence avec le récit d’un viol remémoré par sa victime. Soit, le procédé est éculé dans le théâtre qui se veut militant mais dans la mesure où la scène est plutôt crédible on passe sur l’attaque très banale du spectacle. Et puis les choses se gâtent très vite avec un catalogue de tout ce qu’il vaudrait mieux éviter pour embarquer le spectateur : ça commence par des apostrophes directes au public. Quel est le but recherché ? Evacuer le stress de la comédienne ? Prendre à parti le public sur un mal qui ne fait pas débat ?

Quand celle-ci se met à distribuer des bières au prétexte qu’il faut ironiser sur l’idée communément admise que l’on doit s’éclater parce que c’est vendredi soir, on n’apprécie pas tellement cette prise à parti du public basée sur un préjugé d’autant plus idiot que des personnes qui se rendent au théâtre en sachant que la pièce traite d’un sujet très dur sont généralement disposées à dépasser ces mêmes préjugés (ben oui ma fille, le public n’est pas rentré juste parce qu’il a vu qu’il y avait de la lumière).

On touche définitivement le fond quand la comédienne se met à lire un livre pour raconter l’histoire de « personnage principal » en proie au harcèlement - oui, on a oublié aussi de vous dire que l’écriture d’Edgar CHIAS était au ras des pâquerettes avec ce coté obnubilé par la dénonciation et totalement incapable de faire décoller le sujet avec des métaphores ou autres procédés qui feraient l’objet d’une réflexion un tant soit peu poussée. Le jeu atteint des abîmes de nullité avec cette comédienne qui rejoint l’auteur dans son manque de confiance en l’intelligence du public.

Le chœur de femmes clôturant la pièce par un bel entremêlement de paroles et murmures ne parvient pas quant à lui à racheter cette prestation de très bas étage. (hé oui ! j’ai réussi à tenir jusqu’à la fin du carnage mais qu’est ce que ça m’a coûté cher en patience !!! waow !!!)

Théâtre contemporain...

Dissipons tout de suite un malentendu qui pourrait ternir encore plus l’image du théâtre contemporain : la pièce n’est pas nullissime à cause de la difficulté du sujet traité, amalgame qui menace même les spectateurs les plus expérimentés.

Non, c’est juste la faute de la compagnie qui a très mal fait son travail. Pour une approche de la question du viol via un théâtre véritable (et bouleversant d’après nos échos), l’ami Bernard (dont vous pouvez retrouver quelques articles à la rubrique sur le blog danslateteduspectateur.fr - rubrique Avignon 2013) conseille urgemment Dans les draps de Morphée par la Cie Scènes Plurielles. Les quelques passages visionnés sur leur site tendent à accréditer ses dires. http://www.scenesplurielles.fr

D’autres critiques de spectacles vivants (mais pas que…) disponibles ici:danslateteduspectateur.fr