Festival du film court de Villeurbanne : Musique et cinéma

Publié Jeudi 14 novembre 2013

Samedi soir au Zola, la séance « Shorts on the rock » prolongera le très beau début de festival à Villeurbanne, après l'ouverture avec la carte blanche à Julie-Marie Parmentier. Quelques mots sur cette nouveauté : des clips au festival du court de Villeurbanne !

Le programme « Shorts on the rock » marquera une double évolution dans l’histoire du festival.

D’abord car cette soirée remplace la longue nuit du film court. En effet, même si le fait de projeter des clips reste dans l’esprit festif qu’invoquait la nuit, et même si le programme est très alléchant et qu’il durera plus de 2 heures, exit la nuit complète avec son petit déj pour les plus courageux.

Autre évolution : c’est la première fois que le festival consacre un tel programme au clip. Pour être précis, il faut noter qu’une première incursion du clip dans le festival avait eu lieu l’an dernier via l’association « Premiers courts » au Toï Toï Le Zinc.

Le parti pris des programmateurs n’est pas simplement de programmer des clips, certes réussis, mais bien de faire un pont entre ce genre à la marge du cinéma et le court métrage. Ces deux-là flirtant ensemble depuis un bon moment déjà.

Pour ce faire, ils nous proposent un bel état des lieux actuel (tous les films datent de 2010 à 2013) de ce qui se fait de mieux dans l’approche cinématographique du clip en donnant la part belle aux cinéastes et en privilégiant les approches sortant du carcan classique du clip (durée du morceau, apparition des membres du groupe, jouant ou non leur morceau). Le tout en donnant à partager ces œuvres sur grand écran, dans une vraie salle de cinéma, et non sur Internet, principal vecteur de diffusion du clip aujourd’hui.

On peut donc noter la présence de réalisateurs réputés dans le monde du court métrage. Edouard Salier par exemple, fidèle d’Autour de minuit, et dont les films Empire et Flesh ont marqué l’édition  2005 à Villeurbanne. On trouve également Romain Gavras, qui avant de passer au long métrage a incarné une identité forte dans le paysage du court français avec le collectif Kourtrajmé.

Le film au-delà de la musique

Il est remarquable que le programme contienne, pour deux artistes, un enchainement de trois clips signés d’un même réalisateur. C’est le cas pour Woodkid et pour M83. Ces enchainements montrent que l’approche narrative et visuelle des réalisateurs ne se limite pas à un titre, mais accompagne globalement l’œuvre de l’artiste sonore.

Impossible ici de ne pas penser à l’exemple du film Interstella 5555 de Leiji Matsumoto, qui servait de clip géant pour l’album Discovery de Daft Punk, reprenant bout à bout les clips des singles issus de l’album.

Le clip n’est plus nécessairement considéré comme un objet de promotion d’un morceau de musique, mais peut être une œuvre à part entière, qui complète et prolonge la musique. Il est intéressant à ce titre de lire l’interview d’Alexandre Rochon, leader du Delano Orchestra, dans le dossier consacré au clip dans le numéro actuel de Bref, le magazine du court métrage. Il y explique son approche concomitante de l’image et de la musique. Très bonne illustration des approches artistiques qui seront visibles samedi soir.

La preuve en deux temps : Not an ending du Delano Orchestra, réalisé par Alexandre Rochon, ouvrira le programme samedi soir. Et Stéphane Kahn, qui a supervisé le dossier consacré au clip dans Bref, est crédité comme participant à la programmation de « Shorts on the rock ». Stéphane Kahn, qui n’est pas un inconnu pour les fidèles du festival : il avait déjà montré son goût pour la combinaison entre cinéma et musique en 2011, lorsque sa première réalisation, Sillons…, était présente en compétition française.

La vraie preuve sera bien entendue en live samedi soir Zola !