Quand le plomb devient or

On connaissait Philippe Katerine version années 90 début 2000, auteur compositeur français au talent certain qui livra plusieurs albums émaillés de petits chefs-d’œuvre (Je vous emmerde, Mort à la poésie...). On rencontra ensuite le Philippe Katerine période collants roses et sa kyrielle de tubes pop à l’efficacité redoutable (Louxor j’adore, 100% VIP...) – notre homme poussant à l’extrême sa recherche de la ritournelle parfaite dans un dernier album-concept renfermant des morceaux courts, souvent répétitifs et entêtants (ce qui en agaça plus d’un).

Et voilà maintenant que nous arrive un Philippe Katerine porte-drapeau de la variété française, façon La Chance aux chansons 2.0. Pendant un an, sur un site web spécifique, on a pu découvrir au fil des semaines cinquante-deux reprises de standards français (Capri c’est fini, Comme un avion sans ailes, L’idole des jeunes…) avec Katerine à la voix, et le groupe Francis et ses peintres à l’orchestration. Des reprises qui, souvent, emmènent l’original ailleurs : la fine équipe a ainsi déniaisé le Ne partons pas fâchés de Raphaël avec des chœurs enfantins, fait du Partir un jour des 2be3 une chanson intimiste, ou encore du Saga Africa de Noah un titre presque jazzy. Ce qui fonctionne pleinement. Car c’est avec des morceaux à l’intérêt premier moindre que ce travail de réadaptation prend littéralement tout son sens. Une aventure singulière rondement menée (même si inégale), qui semble avant tout faite pour la scène. Et une aventure qui confirme une fois de plus que Philippe Katerine est l’un des artistes français les plus passionnants, capable de jongler avec divers courants musicaux, toujours avec maestria. AM

KATERINE, FRANCIS ET SES PEINTRES
Dimanche 9 octobre à 17h, aux Abattoirs (Bourgoin-Jallieu)

Toutes les reprises sont disponibles sur http://www.katerinefrancisetsespeintres.com