de Mahamat-Saleh Haroun (Fr., 1h40) avec Eriq Ebouaney, Sandrine Bonnaire, Bibi Tanga...
Les bons sentiments, la mauvaise littérature, toussa... Le précepte jadis énoncé par l'écrivain Henri Jeanson se transpose toujours aussi aisément au cinéma. C'est triste pour les idées que ces sentiments défendent ; et cela le serait bien davantage si l'on ne reconnaissait pas le bancal des œuvres supportant ces justes causes.
Décalque (involontaire ?) de celle de Moi, Daniel Blake de Ken Loach, l'affiche d'Une saison en France place d'emblée le film dans une ambiance inconsciemment "loachienne". Les similitudes s'arrêtent ici, tant les partis-pris s'opposent : à l'urgence documentarisante, le réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun préfère une esthétique posée, parfois surcomposée qui encombre de théâtralité vieillotte le récit de son héros. Centrafricain exilé en France, celui-ci attend la décision qui fera de lui, de son frère et de ses enfants, des réfugiés légaux. Malgré l'aide de la femme qui l'aime, son attente son espoir ne cesse de s'effilocher et ses conditions de vie de se dégrader...
Quitte à passer pour un fourre-tout, ou un mauvais Olivier Adam, ce film-dossier empile les situations limites et les personnages caricaturaux – marchand de sommeil asiatique, immolation d'un retoqué, enterrement d'un indigent, visite à Calais dans la jungle désertée... Seule vraie originalité dans un catalogue de misères hélas trop vues à l'écran, une très inattendue séquence montrant que l'intranquillité permanente dans laquelle vivent les réfugiés détruit leur libido – on a là du concret, tout sauf anodin. Quant à la voix-off épisodique, elle n'apporte rien, si ce n'est un surplus très dispensable de contextualisations et de procédures. Le silence est souvent plus éloquent.