"Parvana" : le conte est bon

Parvana, une enfance en Afghanistan
De Nora Twomey (ÉU, 1h34) avec Saara Chaudry, Soma Bhatia...

Déguisée en garçon, une jeune fille défie les Talibans dans une œuvre à l’univers graphique singulièrement élégant prouvant que les grandes thématiques politiques d’aujourd’hui peuvent constituer la trame d’histoires à la portée du jeune public. Attention, objet précieux.

Afghanistan. Alors que les Talibans tiennent le pays et ont emprisonné son père (un professeur invalide), la jeune Parvana prend la décision de se travestir en garçon pour trouver de quoi nourrir sa famille. Et tenter de soustraire son papa à ses geôliers. Mais la guerre civile menace…

Pour son premier opus en solo, la réalisatrice irlandaise Nora Twomey s’écarte fort logiquement des rails du classicisme et de l’uniformité du cinéma d’animation ; on n’en attendait pas moins d’elle qui fut coréalisatrice avec Tomm Moore de Brendan et le secret de Kells (2009). À sa palette privilégiant avec une judicieuse harmonie des couleurs sables ou éteintes, elle combine un graphisme stylisé, pur, jouant sur les lignes et les aplats, changeant même de technique (elle opte alors pour le papier découpé) lorsque Parvana scande le fil du récit avec les épisodes du conte qu’elle invente pour son entourage.

Sans tour de magie ni baguette

Cette richesse visuelle ajoute aux qualités de fond d’un film d’animation tout public au propos inattendu puisqu’il aborde frontalement des problématiques politiques contemporaines : même si la violence se trouve (un peu) atténuée, nous sommes bel et bien ici dans le brasier de l’actualité, chacun·e, quel que soit son âge, pourra comprendre la situation d’apartheid sexiste décrite, l’arbitraire de la loi des Talibans et la crapulerie de faux dévots profitant du renversement de l’État pour devenir de petits caïds.

Film de guerre (ou plutôt dans la guerre), Parvana ne fait pas pour autant de son héroïne-titre une manieuse d’armes aidée de sortilèges comme Mulan, contrainte elle aussi de dissimuler son identité pour s’affirmer dans un monde d’hommes. Au contraire le pouvoir émancipateur de Parvana réside-t-il dans ce savoir ayant valu à son père la persécution, ainsi que dans son imagination – part de liberté inaliénable. Porté en français par la voix de l’impeccable Golshifteh Farahani, ce personnage déterminé est l’un des plus courageux qui ait été montré sur les écrans depuis bien longtemps. Sans user de magie ni de surnaturel pour autant, ce qui devient de nos jours presque… extraordinaire.

Parvana
de Nora Twomey (Can-Ir-Lux, 1h33) animation

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