Féminisme / Après le succès du faux magazine féminin lancé par Pauline Rochette, Patriarchie a pris l'allure officielle d'une association portée par une équipe de bénévoles qui tend à s'élargir. Implantée à Grenoble depuis mai, Patriarchie partage ses engagements féministes avec le public autour d'ateliers très variés (drag, tattoo, etc.).
Peut-être en scrollant, êtes-vous déjà tombé fortuitement sur la gazette digitale Patriarchie magazine, imaginée par la grenobloise Pauline Rochette. Avec des titres bien acres comme SEXO se forcer pour faire plaisir, Être un objet c'est être utile, CARRIÈRE Ces femmes sans cœur... Sur fond d'illustrations soignées, ses créations (ou collaborations) séduisent un public sensibilisé aux luttes féministes et plus largement les initiés au second degré. La recette de son succès ? Il vient naturellement de ces mains délicates, très inspirées par le nuage d'amour et de bienveillance qui entoure les femmes et les minorités dans notre société. Trêve de plaisanterie. En surfant sur les codes de la presse féminine avec un ton nettement plus trash, Patriarchie magazine s'attaque au pied de biche à bon nombre de messages, représentations et codes dont la presse féminine est entre autres un vecteur. Et spoiler alerte, ce magazine n'est que “coquille vide”, à l'image des exemples dont il fait la satire. Il n'empêche que ses unes ont été appréciées à Grenoble durant le week-end du 8 mars 2020, et rencontrent un franc succès sur les réseaux (environ 2 330 abonnés sur Instagram). Pauline Rochette emboîte le pas à cette réussite digitale avec l'association Patriarchie, créée en mai dernier.
La carte de l'humour
« Je ne cherche pas à faire du féminisme pour tous, mais plutôt à faire réfléchir à travers des événements qui moi m'intéressent », explique-t-elle. En organisant et co-animant des ateliers funs et atypiques autour du drag, zine, tattoo, culottes menstruelles par exemple, l'association fait feu de tout bois. Si la petite équipe de bénévoles et d'intervenants associés tient à traiter un ensemble de notions et thématiques féministes (genre, représentation, consentement, précarité menstruelle, invisibilisation des femmes, etc), il n'est pas prévu de le « faire en chialant », certifie Pauline Rochette.
Entièrement bénévole et pas encore subventionnée, l'association se développe à son rythme mais a besoin de nouvelles adhésions. D'une part pour alléger la charge de travail, d'autre part pour que germent de nouvelles propositions et appropriations par les membres de l'équipe. Patriarchie joue la carte de l'humour pour aborder des sujets sérieux. Sont les bienvenus, tous profils curieux et/ou sensibles à ces questions et partageant a minima le socle des valeurs égalitaires entre hommes et femmes. L'association peut toucher un public peu familier de l'univers féministe et des milieux militants, croit Pauline Rochette. Mais elle rappelle en même temps, d'un ton mordant caractéristique, « Je ne suis pas la mère de la nation ! ». Entendre par-là, qu'être féministe ne l'oblige en rien à faire de la pédagogie, à dilapider son capital temps/énergie/gaieté en explications ou justifications.