Festival des Arts du Récit : les 4 fantastiques du conte

Marien Tillet

En France, l’un des plus grands noms des arts du récit s’appelle Marien Tillet, que l’on a pu voir en février à la Rampe avec l’excellent 2 Sœurs. Pendant le festival, il viendra avec Le Dernier Ogre, relecture du conte Le Petit Poucet à travers l’histoire d’une famille « ayant choisi de se mettre au vert pour changer de vie » (avec, à ses côtés au plateau, un guitariste et un dessinateur) ; et Ulysse nuit gravement à la santé, autre relecture, cette fois du mythe d’Ulysse « entre conte, slam, théâtre et concert acoustique ». Deux propositions que nous n’avons, certes, pas pu voir en amont mais nous faisons pleinement confiance à Marien Tillet, conteur moderne tant dans la forme que dans le fond, pour nous captiver.

Le Dernier Ogre mercredi 3 mai à l'Heure Bleue (Saint-Martin-d'Hères) ; de 6€ à 17€
Ulysse nuit gravement à la santé jeudi 4 mai à l’Espace culturel René-Proby (Saint-Martin-d'Hères) ; de 5€ à 15€

Élise Noiraud

Les arts du récit sont un domaine finalement assez élastique, qui peut accueillir sous sa bannière des créations variées. Dont le génial Champ des possibles, seul-en-scène autofictionnel de la comédienne, autrice et metteuse en scène Élise Noiraud dans lequel elle raconte sa fin d’adolescence en Poitou-Charentes (le running gag sur Ségolène Royal est savoureux) et sa découverte de la vie parisienne notamment via le prisme du théâtre. En campant avec talent et humour les nombreux personnages qui ont jalonné ces quelques années de vie, elle livre un spectacle d’une grande générosité bien qu’il parle principalement d’elle. Immense coup de cœur.

Le champ des possibles vendredi 5 mai au Projo (Crolles) ; 7€

Jérôme Rouger

Avec un détournement habile des codes de la conférence classique (jusqu’à l’écran censé diffuser des images au public), l’auteur, metteur en scène et comédien Jérôme Rouger (ou plutôt son personnage de professeur Rouger, directeur de l’École d’agriculture ambulante) offre un drôle de spectacle rythmé qui s’autorise des digressions pour mieux amuser les spectateurs et spectatrices avant de revenir à son sujet. Lequel ? Les droits de la poule et les conditions de vie de l’œuf. Ou comment, sous couvert de jeux de mots, d’interpellations du public et de questions sans réponse, passer quelques messages bienvenus sur l’élevage intensif – d’où le titre ironique Pourquoi les poules préfèrent être élevées en batterie. Deuxième coup de cœur du festival !

Pourquoi les poules préfèrent être élevées en batterie dimanche 7 mai à l’Espace Paul-Jargot (Crolles) ; 7€

Lisa Guez

Les contes ne sont jamais des histoires anodines et le spectacle Les Femmes de Barbe-Bleue de la metteuse en scène et autrice Lisa Guez le prouve avec maestria. Sur scène, cinq comédiennes racontent comment un homme les a séduites, piégées, et comment elles n’ont pas su ou pu s’enfuir. Une pièce féministe passionnante (et acclamée depuis sa création) qui, à sa façon, ausculte le système de domination patriarcale. « Ensemble, avec humour et détermination, elles s’entraident et se soutiennent pour trouver des espaces de résistances, vaincre la peur de leur Barbe-Bleue, ce mal qui se cache en chaque femme et la dévore à coups d’impératifs. »

Les Femmes de Barbe-Bleue jeudi 11 mai à la Rampe (Échirolles) ; de 8€ à 22€

Mais aussi

De nombreux autres très bons spectacles sont également programmés cette année au Festival des Arts du Récit, du Retour des rois d’Iran d’Olivier Villanove (un voyage dans l’Iran d’hier et d’aujourd’hui) à Une nuit à travers la neige (fascinante histoire piochée par Ariane Pawin dans L’Homme qui rit de Victor Hugo) en passant par un nouveau chapitre de L'Atlas de l'anthropocène de Frédéric Ferrer (Pôle Nord,   conférence pour « aborder la crise écologique autrement ») ou encore des reprises bienvenues – Le Discours de Grégory Faive, Mes nuits avec Patti de Fanny Chériaux…

Festival des Arts du Récit du 3 au 12 mai dans la région grenobloise et en Isère. Programme complet sur www.artsdurecit.com