L'Orchidoclaste

L'Orchidoclaste, Rudy Ricciotti
De Laetitia Masson (Fr, 2013, 52 min) documentaire

La réalisatrice Laetitia Masson sera à Grenoble mardi 18 février pour l'ouverture de la biennale Cinéduc. Elle présentera notamment son film "L'Orchidoclaste" sur l'architecte Rudy Ricciotti. Critique. Guillaume Renouard

Au-delà du simple portrait d’un architecte et de son travail, L'Orchidoclaste est avant tout le portrait d’un homme. Celui de Rudy Ricciotti, sudiste un peu flambeur sur les bords, amoureux de pêche et du chant des cigales, lauréat du grand prix national de l’architecture en 2006. Son homme, la cinéaste Laetitia Masson ne le lâche pas d’une semelle. Filmé dans son travail, sur un chantier, en grande discussion avec ses amis, seul face à la caméra, et même en train de pisser, Rudy est le rouage essentiel qui fait tourner les cinquante minutes du documentaire. 

« Putaing c’est bon »

Né en Algérie française, actuellement domicilié à Bandole, dans le Var, l’architecte-artiste a tout du sudiste, jusqu’à la caricature. Marcel blanc, teint hâlé, épaisse chevelure argentée à la mèche romantique, barbe de trois jours, regard d’ébène, visage taillé à la serpe, et l’accent, bien sûr. « Putaing c’est bon l’anisette quand même, ça fait longtemps que j’en ai pas bue ! On s’en fait une deuxième avant d’y aller ? » Peut-on toucher de plus près le cœur de l’identité méridionale ?

Ce physique, la caméra de Laetitia Masson l’explore sous toutes les coutures, alternant zooms sur son visage, sur ses vêtements, et plans larges le montrant en train de marcher au bord de la mer. Bien sûr, on le voit aussi parler de sa passion, l’architecture, avec une grande finesse et un côté flambeur à peine camouflé. Captivant, quoiqu’un peu technique lorsqu’il évoque son métier, l’homme l’est encore plus lorsqu’il évoque son enfance en Camargue, ses paysages qui ont influencé son style en tant qu’architecte. Brillant, il l’est un peu moins lorsqu’il se lance, au cours d’une discussion nocturne, dans un curieux monologue sur la mort du Christ, probablement dicté par un ou deux verres d’anisette en trop.

« Faire un film nu »

Doté d’une esthétique très réussie, avec de jolis plans, une bande son apaisante et le bruit des cigales, le film tient également un bon rythme, alternant confidences de l’architecte, scènes le montrant en public et voix-off de la réalisatrice. C’est cependant là où le bât blesse, celle-ci se lançant parfois dans des considérations un peu ridicules : « Contempler l’homme comme normalement seuls les hommes contemplent les femmes, faire un film nu » qui finissent par devenir franchement agaçantes à la fin du documentaire. La cinéaste développe une réflexion un peu cucul sur l’attirance sexuelle qu’elle éprouve pour son sujet. On aurait pu s’en passer.

Malgré ce bémol, le portrait demeure réussi, nous dévoilant un homme dans sa vérité crue, tantôt fulgurant, tantôt à l’ouest, volontiers dragueur (« T’es bien jolie toi ! »), sanguin (« Les olives dénoyautées, c’est vraiment un truc de con ça quand même, c’est décadent ! Pourquoi vous m’avez foutu des olives dénoyautées ? »), touchant, insaisissable. Comme l’illustre la métaphore choisie par la cinéaste pour illustrer sa relation avec son sujet : celle d’un taureau qu’esquive sans cesse le toréador...

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