The Wicker Man

REPRISE / Le premier (et plus connu) des films de Robin Hardy point à nouveau sur les écrans près d’un demi-siècle après sa sortie, étonnamment bien conservé. Serait-ce de la sorcellerie ?

Un policier écossais vertueux arrive sur une île reculée où la disparition inquiétante d’une jeune fille a été signalée. Son enquête est contrecarrée par une population étrange soumise au seigneur des lieux, Lord Summerisle ; et son caractère chaste se trouve heurté par les us et coutumes libérées des insulaires…

Fraîchement restauré, ce qui lui vaut cette séance dans le cadre du Maudit Festival à Mon Ciné le 16 juin et une ressortie nationale, The Wicker Man (1973) possède tous les attributs du chef-d’œuvre maudit : un sujet fleurant bon la transgression morale, à la limite de l’iconoclasme ou de l’obscénité pour les esprits victoriens ; une forme composite oscillant entre un thriller rural glaçant et une comédie musicale folk d’excellente facture (à se demander pourquoi Broadway ne l’a pas adaptée) ; des séquences chocs de nudité explicite (dont une, hypnotique, autour de la solaire Britt Ekland se livrant à une envoûtante parade, tout en sensualité lascive) ; Christopher Lee au générique (on ne sait ce qui le rend ici le plus effrayant : son calme de gourou illuminé ou ses expérimentations capillaires)… Malgré tout cela, ou à cause de tout cela, The Wicker Man a bénéficié d’une reconnaissance grandissante depuis sa sortie : à peine l’ombre d’un purgatoire.

Contemporain des Chiens de Paille (1971) de Peckinpah et du Delivrance (1972) de Boorman montrant des campagnards faisant la misère à des citadins égarés chez eux, ou de l’émergence des communautés florissant un peu partout dans le monde (visiteurs de l’Institut Esalen, locataires d’un ashram au Larzac et autres babouzes en sabots transitant par la constellation du Verseau), il n’est cependant pas le prisonnier de cette époque versée dans les psychotropes où l’esthétique des films semblait contaminée par les substances hallucinogènes à la mode, façon Easy Rider ou Ne vous retournez pas. C’est sans doute ce qui rend The Wicker Man plus subversif, à l’instar des brillantes séries britanniques de la fin des années 1960 : le classicisme relatif du cadre abrite la déviance ; la clarté de l’image dissimule l’ombre, et son absence d’outrances visuelles lui fait mieux supporter les ravages du temps. Il n’en demeure pas moins un trip saisissant, ainsi qu’un germe : sans Robert Hardy, il n’y aurait sans doute pas eu le Ben Wheatley de Kill List ni le Ari Aster de Midsommar. Avouez qu’il vous brûle de le voir…

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