Entre science et détente

C'est ma nature

Muséum

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Animaux empaillés et insectes épinglés : bienvenue au Muséum d'histoire naturelle de Grenoble. À la tête des lieux depuis maintenant deux ans, Catherine Gauthier revient sur sa prise de fonction et dévoile les futurs projets de cette institution de la culture grenobloise à laquelle elle veut apporter un souffle nouveau. Propos recueillis par Martin Bartoletti

Comment prend-t-on ses marques à la tête d'un tel lieu ?
Catherine Gauthier : Il faut du temps pour connaître les collections, mais aussi ses visiteurs, et son territoire. J'ai souhaité casser la salle d'exposition temporaire, qui a donc été fermée jusqu'en octobre, ce qui a rendu difficile la mise en place d'expositions. On proposait donc des expos dossiers, comme Ahglagla?!, sur le climat. Jusqu'à la semaine dernière, vous pouviez admirer C'est ma nature. Je trouvais intéressant, avec l'année Rousseau, de remettre un peu de philosophie et de réflexion autour de la place de l'homme dans l'environnement. Il est important que le Muséum soit un lieu de débats et d'échanges, mais toujours sur la base du scientifique. Il faut bien deux ans pour sentir un peu l'ambiance, rencontrer le public, l'équipe. Je commence à me sentir un petit peu en place.

Plus concrètement, à quoi sert le Muséum ?
L'établissement reste un lieu de formation. Il forme par exemple une centaine d'enseignants par an. On travaille sur la méthode d'enseignement scientifique qui consiste à dire qu'une chose est vraie jusqu'à ce qu'elle soit réfutée. Il y a beaucoup de collections liées à une histoire scientifique, ou de recherche, dans nos réserves. Et puis, en lien avec la biodiversité, on est débordé de prélèvements ADN, d'études de transformation des insectes et des plantes liées au réchauffement climatique. On propose aussi des réunions, des conférences, avec des pointures scientifiques, ou des experts, sur des sujets comme la grippe par exemple. Petit à petit, le Muséum est devenu un lieu culturel, de présentation. Aujourd'hui, avec Internet et la connaissance, les gens ne viennent plus pour apprendre, donc au lieu de mettre un loup dans une vitrine, on va peut-être en mettre vingt, pour que les visiteurs voient des vraies choses.

Qui sont ces visiteurs ?
Notre public est très éclectique. Pour les tout-petits, le Muséum est très réputé car on a un éducateur spécialisé. Les gens viennent de loin pour participer à l'animation Parlons bambin. On fait aussi des "soirées pyjama" avec les bébés et leurs parents. Pour les scolaires et les centres de loisirs, on ne leur apporte plus la connaissance, comme je l'ai dit, avec Internet ils ont tout rapidement. Donc on travaille davantage sur une méthode, pour développer l'esprit critique. Le Muséum est aussi un espace de distraction. En milieu urbain, on a besoin de se couper du bruit, de respirer. Du coup, on amène le petit-fils voir le loup du musée. C'est le plaisir simple de se promener. Voilà, on éduque, on se balade et on a envie de se gratter les méninges, ce sont un peu les trois volets que l'on propose.

Quels sont les futurs projets ?
Montrer plus. C'est une évidence. C'est un lieu de collection, ce sera un vrai coming out lorsque l'on sortira certaines pièces des placards. Rien qu'en minéralogie, le Muséum a l'une des plus belles collection d'Europe, elle ne demande qu'à être visible. Il faut aussi que l'on s'améliore sur l’accueil. Il n'y a même pas de quoi boire un verre d'eau. On pourrait très bien faire la visite du musée et avec son billet avoir un petit chocolat chaud dans un gobelet Eulalie équitable [du nom de l'éléphant trônant à l'entrée du bâtiment – ndlr], c'est un concept. On n'a pas de restaurant, ni de point café. J'espère qu'un jour, on pourra offrir un espace culturel sympa, gastronomique, en plein jardin des plantes. Côté expositions, en mai, l'artiste Laurent Geslin va présenter Les animaux dans l'agglo. Il sera possible de voir des araignées sur des terrains de tennis, des batraciens sauter hors de la Caserne de Bonne, et bien d'autres choses. Puis d'octobre à janvier ce sera Synchrotron.On accueillera des « ordinosaures » et d'autres objets de mémoire grâce à la participation de l'association Aconit [spécialisée dans la conservation d'objets informatiques et télématiques – ndlr]. Et pour l'année prochaine, le Muséum prépare un grand projet populaire. On va travailler sur les monstres. Cela s’appellera Monstru-eux. On peut aborder différents thèmes, les OGM, le handicap, le fascisme, la génétique, ou la différence de couleur de peau. En clair, s'interroger sur ce qu'est la norme. En plus, il y a un spécialiste des effets spéciaux à Annecy. On va se faire plaisir.

 

 

Repères

1770 : Henri Gagnon, médecin et grand-père de Stendhal, ouvre son cabinet des curiosités dans l'ancien collège des Jésuites, à Grenoble

1775 : L’abbé Ducros prend la tête du cabinet

1811-1816 : Champollion, déchiffreur des hiéroglyphes, dirige l’établissement

1825-1846 : Albin Crépus est nommé conservateur et enrichit les collections

1845 : Début des travaux de construction du site, le cabinet s’installe dans le jardin des plantes et devient le Muséum.

1855 : Ouverture au public

1944 : La façade du bâtiment coté jardin est classée monument historique

1986-1989 : Rénovations

2011 : Départ à la retraite d'Armand Fayard, après 32 ans à la tête des lieux. Catherine Gauthier est nommée conservatrice

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