Têtus

Après une poignée d’années d’existence, des performances scéniques controversées et un maxi rococo, les Sly & The Gayz sortent leur premier album, intitulé Very best of. Est-ce bien raisonnable ? Non, et c’est tant mieux. FC

Objectivement, le projet Sly & the Gayz a tout du happening à même de rendre furieux ceux qui auront l’impression de s’être fait berner. Enfermés dans leurs personnages, Sly, Richy Love, David Jonathan et Brian Lee Rock ont publié au compte-goutte sur leur myspace, avec une effarante irrégularité, des morceaux partouzant avec enthousiasme cold wave ironique, pop eighties, sons synthétiques à l’aura kitsch savoureuse, le tout porté par des vocals radicaux criant la soif du luxe, du strass, du Champagne, assaisonné de fausses dénonciations putassières à souhait – en gros, le genre de musique à faire grimper le Patrick Bateman d’American Psycho au rideau, sans qu’il ne se rende compte qu’on se fout de sa gueule avec délectation. Des hymnes monstrueux comme Coco Chic, Democracy ou Dancer in the dark font le bonheur des amateurs de premier, second et parfois troisième degré. Leurs concerts soufflent le chaud et le froid ; apothéoses de lose assumée, grands moments de joyeux portnawak voyant nos lascars se la donner sévère en pantalons zébrés beaucoup trop moulants pour être honnêtes, leurs lives scindent le public en deux : les fans hystériques, prêts à défaillir dès que Sly baragouine une phrase en franglais, et ceux jurant, mais un peu tard, qu’on ne les y reprendrait plus.

Frôler le bon goût sans jamais y tomber

Et en même temps, quand on va écouter ces jeunes foutriquets lors de leurs Dj sets au Mark XIII (séance de rattrapage ce vendredi à l’occasion de la sortie de l’album), on réalise, non sans une certaine stupéfaction, leur érudition musicale tout terrain comme leurs bons goûts indiscutables. On ne va pas non plus théoriser à tout va sur leurs desseins artistiques, mais on peut cependant affirmer à coup sûr que ces gars-là savent ce qu’ils font, et qu’en plus ils y prennent un plaisir communicatif. Leur Very best of enfonce le clou : leurs inédits, toujours gorgés de cette virtuosité à donner dans la vulgarité musicale la plus efficace et la plus jouissive qui soit, sont délicieusement surproduits, à grands coups d’autotune, de chorus virils, de synthés grossiers, de refrains voués à être repris par de grands ados arborant des t-shirts à message, faisant le signe du “métal“ avec la main tout en gardant les yeux fermés.

Sly & The Gayz
Vendredi 8 octobre dès 21h, au Mark XIII (soirée d’écoute de l’album + Dj set)
Vendredi 5 novembre à 21h, au Drak-art (live avec Einzweidreivier et Frustration)

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