"Une flûte enchantée" de Peter Broook : modèle réduit

Une flûte enchantée a minima (1h40 contre les 4h habituelles) : voilà ce que propose l’Anglais Peter Brook, monstre sacré du théâtre âgé de 85 ans. Sur scène, pas de décor mirobolant, de costumes affriolants et d’orchestre imposant : tout ici n’est qu’épure et sobriété assumées. L’adaptation du livret par Marie-Hélène Estienne (une fidèle de Brook) est donc libre, très libre, même si elle reste fidèle à l’esprit de l’opéra – les aventures du prince Tamino, bien décidé à délivrer la jeune Pamina, fille de la Reine de la Nuit, enlevée par le mage Sarastro. La partition a aussi été réduite au maximum pour n’être plus défendue sur scène que par un piano. Façon qu’a Peter Brook de débarrasser l’opéra de conventions pesantes pour en revenir à son essence même : la distribution d’émotions par les simples musique et voix des interprètes.

Ce qui fonctionne ici, dans une mise en scène sans emphase, quoique parsemée de quelques fausses notes. Car malgré un rodage impeccable, cette relecture manque de corps : chanteurs-comédiens techniquement bons mais un brin fades, et scénographie low cost (dans la droite lignée de l’espace vide que Brook théorisa lui-même) surprenante (pour rester poli) avec ses longues tiges de jonc déplacées entre chaque tableau.

Pourtant, abstraction faite de ces partis pris discutables, il reste sur scène le principal : l’opéra de Brook fonctionne pleinement, notamment auprès du public profane en la matière : les deux mois de représentations aux Bouffes du Nord (théâtre parisien que dirige Brook) étaient littéralement blindés. Alors certes, les mozartophiles pourront se sentir trahis, Brook leur sucrant une bonne partie de l’œuvre initiale, mais ne serait-ce pas là le but du metteur en scène, qui revient à l’opéra après l’avoir abandonné pendant vingt ans, lui qui confessait vouer « une haine absolue de cette forme figée ». Dans ce cas, on apprécie l’ironie du procédé.

UNE FLÛTE ENCHANTÉE
Du mardi 1er février au samedi 5, à la MC2.

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