Full Metal Schubert

En plein cœur d’une fin de saison particulièrement agitée, Marc Minkowski et les Musiciens du Louvre Grenoble s’attaquent aux symphonies de Franz Schubert, dont ils interpréteront les pièces les plus emblématiques lors de leurs deux prochaines représentations à la MC2. François Cau

Régulièrement, en interview, Marc Minkowski aime se comparer à Stanley Kubrick. Non pas pour son aisance à diriger des enfants en tricycle, des G.I.’s ou des couples adultères fumeurs de pétards, mais pour sa versatilité, sa capacité à changer systématiquement de registre d’une œuvre à l’autre. De fait, le chef d’orchestre, qu’on cantonne trop souvent à sa seule affinité (il est vrai particulièrement affirmée) avec l’esthétique baroque, a su démontrer ces dernières années son aisance dans tous les styles, son habileté à s’emparer d’œuvres aux sentiers par trop balisés ou au contraire méconnues. Sa fin de saison 2010-2011 parle à ce titre d’elle-même, démontre si besoin en était une ouverture d’esprit des plus audacieuses, notamment pour ses choix inattendus : tout juste sorti de la création du musicalement très éclectique et plutôt insolent Cendrillon de Jules Massenet, il dirige un programme Offenbach – Mendelssohn ; il tournera fin avril avec la Messe en si mineur de Bach (la halte grenobloise se fera le 22), jouera le Cosi Fan Tutte de Mozart début juin (également en juillet et en août), juste avant la création des Huguenots de Meyebeer, avec son nouveau complice privilégié Olivier Py à la mise en scène. Et pour ce qui nous intéresse cette semaine, Marc Minkowski et les Musiciens du Louvre Grenoble vont clore à l’Auditorium de la MC2 une courte tournée centrée sur les symphonies de Schubert – dont il doit enregistrer l’intégrale en 2012 au Konzerthaus de Vienne (il y avait déjà enregistré les Symphonies londoniennes de Haydn). Si Marc Minkowski soutient la comparaison kubrickienne pour ce qui est de son impressionnante palette, sa productivité est quant à elle d’un tout autre tonneau - ce dont les mélomanes auraient mauvais ton de se plaindre. Les sentiers de la gloire
Les programmes grenoblois de la tournée Schubert, à l’inverse des dates précédentes (mâtinées de Mozart), seront entièrement consacrés au compositeur autrichien. Le premier soir, l’orchestre des Musiciens du Louvre Grenoble s’attellera tout d’abord à deux œuvres écrites par Franz Schubert à un âge particulièrement précoce. La Symphonie n°3 en ré majeur fut en effet composée par ses soins à l’âge de 18 ans, dans une période d’intense travail pour l’artiste, mais vu son incroyable maturité et son très jeune âge à sa mort (31 ans à peine), on évitera soigneusement de parler d’œuvre de jeunesse. Passé un long premier mouvement à l’ampleur impressionnante, l’œuvre prend des atours plus légers jusqu’à la jouissive accélération finale. La Symphonie N°4 en ut mineur, écrite un an plus tard et qualifiée de tragique par son auteur, tranche effectivement avec la précédente dans ses saisissantes prémices, mais n’hésite pas à revenir vers des tonalités moins sombres dès la moitié du premier mouvement, pour mieux rebondir sur une montée plus puissante. Les deux derniers mouvements, plus enlevés encore, jouent sur ce contraste d’émotions avec une fougue étonnante. L’ultime razzia
Enfin, en conclusion de ce premier programme, Marc Minkowski et les Musiciens du Louvre Grenoble s’attaqueront à l’inévitable Symphonie n°8 en si mineur ou Symphonie inachevée (elle ne compte que deux mouvements). Etant donné qu’il s’agit de l’œuvre la plus jouée de Franz Schubert, la plus réutilisée voire samplée dans la culture populaire (de L’Âge d’Or de Luis Bunuel aux Plages d’Agnès d’Agnès Varda), il sera particulièrement intéressant de voir comment le chef et son orchestre vont se réapproprier cette œuvre aussi imposante qu’incontournable, conclusion tout à fait logique de cette première soirée. Le lendemain, l’essentiel du programme sera constitué d’une interprétation de la Grande Symphonie n°9 en ut majeur, l’ultime de son auteur et également la plus ambitieuse. D’une durée d’environ une heure, elle traduit toute les fécondes émotions véhiculées par Schubert dans ses pièces précédentes, mais avec encore plus de puissance d’évocation. Nul besoin d’attendre, la richesse du premier mouvement suffit à elle seule à emporter l’auditeur dans un tourbillon sensoriel qui devrait prendre toute sa force dans l’écrin de l’Auditorium. Cycle Schubert
Mercredi 6 et jeudi 7 avril à 19h30, à l’Auditorium de la MC2

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