Roméo est Juliette

THÉÂTRE/ La compagnie Voyages Imaginaires revient dans l’agglo, cette fois-ci avec une version revisitée du classique Roméo et Juliette. Rencontre avec le metteur en scène Philippe Car, qui propose sa propre vision du théâtre et de son partage nécessaire avec le public. Propos recueillis par Aurélien Martinez

Avec L’Histoire d’amour de Roméo et Juliette, vous avez choisi de porter ce drame shakespearien sur scène via un clown qui camperait tous les rôles…
Philippe Car :
C’est l’idée d’un narrateur burlesque prénommé Séraphin que la comédienne Valérie Bournet avait inventé pour un autre spectacle. Un personnage extrêmement libre, capable d’improviser avec le public – on joue beaucoup sur la complicité, on pose des questions aux spectateurs du style "monsieur, vous vous rappelez de votre premier baiser ? Et c’était bien ? Vous avez mis la langue ?". On voulait que ce clown raconte l’histoire de Roméo et Juliette en tombant tour à tour dans les personnages. Deux autres acolytes accompagnent Valérie, notamment musicalement ou en jouant avec la lumière, pour construire un spectacle à trois.

Un spectacle qui s’inscrit dans la tradition de votre compagnie, à savoir monter différents textes dits du répertoire, avec votre regard très personnel…
C’est parti, il y a très longtemps, d’une proposition que nous avait faite un directeur de théâtre : monter Le Malade imaginaire. Et ça a fonctionné. On a alors continué comme ça, en se confrontant à des légendes comme Tristan et Iseult, à des adaptations de romans, et aussi à des pièces classiques. On essaye alors de faire des propositions marrantes, comme avec Le Bourgeois Gentilhomme par exemple [programmé il y a un an et demi à l’Hexagone de Meylan – NdlR].

Avec l’envie de porter un art généreux et festif, le théâtre étant selon vous « un bâtiment qui ressemble plus à un sanctuaire qu’à un terrain de jeu »…
Ah oui, c’est vrai que j’avais dit ça ! Le théâtre est un endroit où l’on rit, où l’on pleure, où l’on vit de grandes émotions. J’ai l’impression d’être investi d’une mission : comment faire partager aux gens ces émotions ? Comment leur faire profiter de ces moments de bonheur ? Les pièces classiques peuvent emmener les gens au théâtre. Mais, aussi, ça nous arrive souvent de déplacer le théâtre à l’extérieur des endroits prévus. Ainsi, L’Histoire d’amour de Roméo et Juliette a été conçu sur un mode très élastique : il peut se jouer partout, dans des lieux qui ne sont pas forcément des théâtres – un hôpital, une maison de retraite, une prison…

Revenons-en à Roméo et Juliette. Le spectacle a été conçu en 2001, de manière originale…
La création s’est faite au Cameroun, elle a été pensée en parallèle avec des acteurs camerounais, et des acteurs français. Nous, les Marseillais, sommes donc partis en brousse avec une douzaine d’acteurs du Cameroun. Les deux groupes répétaient séparément, l’idée étant que chaque jour, chaque groupe montre à l’autre la progression du travail, et qu’ils s’inspirent les uns des autres pour fabriquer leurs spectacles. Au bout de deux semaines, on a joué une première version en brousse, et, contre tout attente, on a vu arriver deux cents personnes ! Puis ensuite, la version française est partie en France, où elle a trouvé sa forme définitive. Et depuis, on a fait une version en espagnol que l’on joue très souvent en Amérique latine.

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