"Les Clowns" : Shakespeare avec nez rouge

Théâtre / "Les Clowns", c’est un spectacle sur le théâtre porté par trois clowns rocambolesques : un véritable coup de cœur.

Quand des clowns s’ennuient, que font-ils ? Ils s’essaient au théâtre, tout simplement. Et, quitte à y aller franco, autant se confronter au mythique Shakespeare, à ses intrigues à rallonge et ses personnages en veux-tu en voilà. Le Roi Lear, c’est bien, non ? Bon, certes, quand on est trois, le challenge ressemble plutôt à une gageure. Mais qu’importe, il n’y a qu’à s’adapter. On réduit la distribution au maximum, quitte à fusionner plusieurs rôles en un. Et niveau scénographie, quelques cartons ramassés ici et là serviront bien à faire un château, non ?

Les Clowns, c’est ça ; une subtile mise en abyme orchestrée par trois clowns apprentis comédiens : Boudu (Bonaventure Gacon, croisé l’an passé à l’Hexagone de Meylan), Arletti (Catherine Germain, qui a notamment collaboré avec les Musiciens du Louvre Grenoble) et Zig (Dominique Chevallier). Tous trois réunis par l’homme de théâtre François Cervantes, passionné par le monde des clowns.

Moi aussi je veux un cheval

Les deux premières scènes servent de présentation. On découvre les trois interprètes, leurs différents caractères : Boudu est bougon, Arletti ingénue, et Zig lunaire. Une mise en bouche pour plonger ensuite dans le cœur du spectacle. C’est Arletti qui propose l’aventure aux deux autres. Elle se fait metteuse en scène, et incarne aussi le rôle principal de la pièce : celui de Lear, qui partage ici son royaume entre ses deux filles, leur demandant en échange de leur prouver leur amour. L’aînée Goneril, interprétée par un Zig tout en beauté, s’exécute, et hérite d’un splendide château. La plus jeune, Cordélia, campée par Boudu, refuse de se plier à cette mascarade, et sera envoyée en France… Enfin, en coulisses !

Car chaque situation est prétexte au détournement et au rire fin, ces clowns refermant en eux une humanité à peine masquée. Ainsi, derrière ses airs de mangeur de jeunes filles, Boudu a tout de l’être sensible préférant se terrer au fond de sa grotte plutôt que d’affronter le monde. Un monde que lui offrira la fée Arletti via le théâtre, métaphore sur le rôle fédérateur de cet art vieux comme le monde. Une création touchante, emplie de poésie et de tendresse, même dans ces moments les plus cavaliers, quand la tension se fait de plus en plus pressante entre les personnages, et où les « salope » fussent à tout va.

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