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Quand on arrive en livre !

Une maison pour les jeunes et la lecture

«Ce n’est pas un salon ni un festival, c’est une fête !». Voilà comment Gérard Picot, le fondateur et commissaire général de la bien-nommée Fête du livre jeunesse de Villeurbanne, décrit avec bonheur son événement. Rencontre avec ce passionné avant que ne débute, sur le thème du mouvement, la quatorzième édition. Nadja Pobel

Désacraliser le livre, ne surtout pas l’enfermer dans un salon feutré. Voilà le combat que mène Gérard Picot depuis plus de trente ans et, plus encore, depuis l'an 2000, date à laquelle, après diverses pérégrinations en France, il a fondé la Fête du livre jeunesse, ouvrant en grand les salles de Villeurbanne, fédérant des initiatives pré-existantes mais éparpillées et investissant l'espace public. Aujourd’hui, la MLIS (médiathèque principale de la ville), le CCVA (centre associatif), la salle Raphaël-de-Barros et le gymnase de l’IUT local accueillent environ 20 000 personnes chaque année.

Gérard Picot a, dès la première édition, posé les fondamentaux qui président à l'événement : rendre les auteurs accessibles via des ateliers et des dédicaces, proposer du spectacle vivant et de l’art de rue pour que le livre vienne à la rencontre de chacun, le tout gratuitement. Car pour lui le lecteur n’est pas (qu’)un consommateur. Les ventes réalisées durant la fête sont d’ailleurs moins importantes que celles de manifestations comme Quais du polar - les visiteurs d’ici ont tout simplement un plus faible pouvoir d'achat que leurs voisins lyonnais. Son but étant de ne surtout pas susciter de frustration, il dispose des points lecture où grands et petits peuvent lire sans dépenser un centime. Et ça marche : quasiment aucun vol à déplorer à ce jour. Loin d’être un doux rêveur qui angéliserait le secteur de l'édition (qu’il connait par cœur), Gérard Picot, a, sur le sujet, de surprenantes et émouvantes anecdotes à raconter, comme celle de ce gamin qu’il entendit pleurer un dimanche à 19h, au moment de plier boutique : «je veux pas que la fête soit finie, je veux lire encore !»

Long cours

Si la fête ne dure pas au-delà du week-end, elle commence en revanche bien avant, par le tissage d'une vaste toile avec l'ensemble du milieu scolaire de Villeurbanne, du primaire au lycée. C'est bien simple, il n’y a pas un élève qui ne soit pas mis en relation avec ce rendez-vous. Parfois, les artistes rallient même la ville quatre mois en amont, comme l'ont fait les invités de cette année, les auteurs de livres pop-up (livres animés dont les pages contiennent des mécanismes en papier découpé) Anouck Boisrobert et Louis Rigaud. Depuis des semaines, ils confectionnent avec les habitants du quartier Saint-Jean un livre numérique inspiré de celui de Raymond Queneau, Mille milliards de poèmes (une création à voir à la MLIS jusqu’au 20 avril).

Par ailleurs, et pour rendre la lecture toujours plus accessible, plus de dix mille ouvrages ont été déposés dans des cours d’école, le métro et même à l’aéroport de Bordeaux (!), un numéro et un mot d’explication permettant ensuite de suivre leur parcours sur le site bookcrossing.com. Une opération, dite des Journées internationales du livre voyageur (lancées en mars), rendue possible par des dons d’éditeurs, de bibliothèques ou de particuliers.

Résistance

Plus que tout autre public, ce sont la «jeunesse et le public empêché, ceux qui ne lisent pas» qui motivent Gérard Picot. «Les lecteurs ne m’intéressent pas», poursuit-il dans ce qui pourrait apparaitre comme une provocation. C'est pourtant tout le contraire. «Le livre, rappelle-t-il judicieusement, mène à la connaissance. Pas à la connaissance littéraire, mais à la connaissance tout court». Lire et écrire sont les bases du libre-arbitre et de la pensée, des outils «pour résister un tant soit peu à cette société» complète-t-il, lui qui intervient dans les prisons pour alphabétiser celles et ceux qui en ont besoin. «On met parfois un an pour venir à bout d’un livre pour ado de 50 pages, pour le comprendre et l’analyser. Ensuite on va vers des sujets qu’ils ont envie de lire : polar, roman d’amour... Avant d’arriver à Derrida la route est longue ! C’est la différence qu’il y a entre mon camarade Guy Walter (directeur de la Villa Gillet et des Subsistances, NDLR), qui s’adresse à l’élite, et moi» conclut-il sans amertume, soulignant au passage l’exceptionnelle qualité et quantité de rendez-vous littéraires en Rhône-Alpes.

Il y a dix ans, la région était en effet un quasi désert. Aujourd’hui, ne serait-ce que dans l’agglomération lyonnaise, Quais du Polar, les Assises Internationale du Roman ou Lyon BD ont émergé récemment. La Fête du livre de Bron, elle, reste en pleine forme après vingt-sept ans d'existence. Mais pour que ces manifestations-là aient un public demain, il importe de donner le goût de la lecture aux futurs adultes. La Fête du livre jeunesse de Villeurbanne s'y emploie aussi joyeusement que vaillamment.

Fête du livre jeunesse de Villeurbanne
Samedi 13 et dimanche 14 avril

 

Sélection

Durant tout le week-end, de nombreux ateliers, dédicaces, spectacles ou expositions sont proposés.

Quelques auteurs-illustrateurs présents : Anouck Boisrobert Louis Rigaud (invités d’honneur pour leurs livres pop-up), Jean Lecointre, Mélisande Lutrhinger, Samuel Ribeyron, Amélie Clément...

Spectacles (entres autres !) :
- Pop-up Cirkus (MLIS, dimanche à 11h, 15h et 17h, dès 2 ans), une invitation au public à lire un grand livre pop-up

- Histoire de la roue qui a inventé l’homme (MLIS, samedi à 11h, 14h30 et 17h30, dès 5 ans), spectacle mêlant Cirque, jonglerie et musique à partir du livre écrit par Benoît Richter et illustré par Ghislaine Herbera

- Cendrillon mène le bal (angle du cours Émile Zola et de la rue de France, samedi et dimanche à 14h30 et 17h, tout public), une version rock du conte des Frères Grimm par la clown-musicienne Joane Reymond

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