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Le temps suspendu de Pierre Bidard au Théâtre de l'Élysée
Par Nadja Pobel
Publié Mardi 26 avril 2022
Photo : © DR
Que se répètent les heures...
Théâtre de l'Élysée
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Théâtre / Travailler sur les petits gestes de rien qui revêtent une importance capitale : le jeune metteur en scène Pierre Bidard le fait dans le milieu psychiatrique et un sanatorium. Mais pas n’importe lesquels et avec déjà un talent indéniable.
Jean Oury, dans l’après-guerre, porta une expérience novatrice au château de la Borde : la psychothérapie institutionnelle inventée loin des hôpitaux. Une matière qui a inspiré Pierre Bidard, tout jeune metteur en scène formé comme comédien à l’ENSATT, qui fait partie de la sélection (haut de gamme) du Prix Célest’1 de juin prochain (devenu Incandescences depuis que le TNP a rejoint ce dispositif promouvant l’émergence des artistes de la région).
Que se répètent les heures… (que nous n’avons pas encore vu), présenté au Théâtre de l'Élysée, amène le spectateur à l’heure du goûter, à la rencontre entre soignants et soignés, à « un quotidien simple mais structuré » comme le dit Pierre Bidard. Cette aventure en ce qu’elle questionne l'organisation « nous concerne ».
Rien qui adhère
Tout comme le sanatorium du second spectacle (Il faut tenter de vivre, toujours au Théâtre de l'Élysée), que le metteur en scène, avec des lectures complémentaires à Thomas Mann, fait lorgner vers la secte. Là aussi, dans un lieu clos, très codifié, caché, inquiétant, il parvient avec quelques objets — le thermomètre, un cigare, des vêtements jamais inscrits dans une époque précise… — à traiter du temps et à en faire du théâtre. Le son est primordial dans ce tableau pointilliste : du stéthoscope s’échappe le ressac de la mer, des râles et des gémissements témoignent de la difficulté à respirer. Ces égarés, peut-être plus lucides que nous, constatent avec détachement et drôlerie que durant les enterrements, personne ne fait « de mauvaises plaisanteries comme d’ordinaire ».
En portant sur scène cette lente occupation en attendant de mourir, Pierre Bidard et sa déjà solide compagnie de la Vallée de l’Egrenne peuvent s’appliquer ce qu’un de leurs personnages affirme : « il en reste quelque chose qui n’est pas rien : ce qui s’évapore. »
Que se répètent les heures…
Au Théâtre de l’Élysée du mardi 3 au vendredi 6 mai
Il faut tenter de vivre
Au Théâtre de l’Élysée du mardi 10 au dimanche 15 mai
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