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Anatopies : dessins hautement animés

Anatopies : dessins hautement animés
Anatopies

Théâtre La Mouche

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Entretien / Depuis 2015, Justine Macadoux a joué près de mille fois (!) son merveilleux et si inventif spectacle jeune public Les Géométries du dialogue ou sa déclinaison en 30 minutes pour les enfants dès 3 ans. Elle revient sur scène avec Anatopies, dès 6 ans, qui invite à un voyage dans le corps devenu un territoire. Toujours en dessins, animés, et même cette fois-ci avec du mapping vidéo. 

Le Petit Bulletin : Pour Anatopies, vous avez délaissé – momentanément – votre complice Coralie Maniez pour mener un projet avec Jacques-André Dupont Castro, performeur, adapte du mapping vidéo. Votre travail n'est donc plus seulement artisanal. Quelles envies ont bâti ce nouveau spectacle jeune public créé au printemps dernier ?

Justine Macadoux : J'avais en tête un dispositif de peinture sur toile transparente avec du son en direct. Je voulais expérimenter ça et quand j'ai rencontré Jacques-André et que j'ai vu son travail de mapping et de morphing en direct sur des tableaux peints, j'ai eu envie de développer des dessins qui se transforment, comme dans Les Géométries du dialogue. On a alors fait quatre jours de recherche avec nos médiums respectifs pendant le Covid. Lui vient du domaine des effets spéciaux puis a fait une école de danse à Berlin, puis il a travaillé autour de la question du somatique (du corps) et du live. Il avait l'habitude des one-shot. Anatopies nous permet de faire des tableaux augmentés et de rester dans quelque chose de très artisanal quand même car tout est fait en direct. On est tous les deux au plateau. Je dessine en direct sur de grands carrés transparents et il me suit en direct aussi avec sa tablette, reprend mes traits, les change, modifie les couleurs etc. Ça fait comme une grande linogravure qui s'anime. Le pont avec Les Géométries, c'est le dessin et le mouvement. 

Quels thèmes explorez-vous ?          

On fait un travail autour de la question du corps et du territoire. Comment on pourrait voir notre corps comme une territoire ? Dans le milieu de la danse, il y a une approche du corps par la visualisation. On avait envie de s'attacher à ça. Et on est tombé sur des cosmogonies et des pensées anthropologiques de peuples, notamment Kogis en Colombie. Ces peuples sont initiés à être plongés dans l'obscurité durant leur petite enfance pour sentir le territoire (fleuves, montagnes...) et ils considèrent ces zones comme des zones du corps. Pour eux, le haut d'une montagne c'est un cerveau donc il ne faut pas marcher dessus ; il ne faut pas mettre de barrage sur une rivière car ce serait comme mettre un caillot dans des veines etc. Ces analogies là sont visuellement très belles avec des structures communes à l'intérieur et à l'extérieur de nous (les branches/branchies, les molécules et cellules sont proches des visions du cosmos et des planètes...). On s'est amusé à virevolter dans des images micro/macro. Mais ce n'est pas du tout une présentation scientifique, c'est plus une invitation à ouvrir le regard autour de l'anatomie et du territoire. On mélange aussi les champs lexicaux.

Y'a-t-il un texte ?

Il n'y a pas d'histoire, pas d'écriture dramaturgique classique avec de personnages. C'est entre la performance dessinée et le voyage. Il y a quelques paroles mais ce n'est pas central. Nous développons ce néologisme que nous avons inventé : "anatopie", c'est-à-dire à la fois l'anatomie, le topos et l'utopie ; penser notre rapport au corps et au territoire de façon holistique, en ne séparant pas les éléments de leur milieu, les organes les uns des autres.

Votre travail soutenu par le bureau de production lyonnais du Ballet cosmique est tout à fait accessible aux adultes mais s'adresse aussi aux enfants. Qu'est-ce que cela permet, à quoi ça oblige ?

Ça oblige à être très attentif au rythme du spectacle, mais comme pour Les Géométries, ça nous tient à cœur que ce soit d'abord un spectacle pour tout public avec plusieurs niveaux de lecture dont un est accessible aux petits. On s'autorise quand même des mots compliqués. Ce n'est pas grave s'ils ne comprennent pas tout. On veille à ne pas trop les perdre, à les rattraper, à les inviter. Mais ce n'est pas uniquement orienté vers le jeune public. On agence des strates de compréhension.

Anatopies (dès 6 ans)
Du 18 au 20 novembre au théâtre de l'Elysée (Lyon 7e) ; de 9€ à 15€
Mardi 26 novembre à 19h30 à La Mouche (Saint-Genis-Laval) ; de 7€ à 10€

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