Performance / Star de la performance, le Sud-Africain Steven Cohen sera aux Subs pendant trois jours avec un fascinant spectacle-installation déambulatoire.
Bienvenue chez Steven Cohen, ovni du spectacle vivant contemporain. Ou plutôt bienvenue dans son Boudoir, du nom d'un spectacle-installation déambulatoire de 2022 qui commence sobrement façon salle de cinéma (quelques-uns de ses films sont projetés) avant de se poursuivre derrière le rideau, dans son antre blanche hypnotique, véritable capharnaüm arty. Un acte artistique sous forme d'aboutissement de ses précédentes créations ainsi qu'il l'explique. Et un voyage quasiment hors du temps...
Né en 1962 en Afrique du Sud, en plein apartheid, et aujourd'hui installé en France, Steven Cohen axe depuis ses débuts son travail sur la performance en s'intéressant à la marge, lui qui se définit comme un homosexuel juif blanc. D'où des gestes créatifs à plusieurs niveaux de lecture, où le faste de l'apparence révèle le poids que la société place sur les corps de certains afin de les contraindre, voire de les annihiler, comme lors de la Shoah, période de l'histoire qui l'obsède.
Homme-objet
Alors qu'il est très souvent intervenu dans l'espace public pour littéralement se confronter avec ses pairs (en 2013 à Paris, au Trocadéro, sa performance Coq/Cock lui a même valu d'être condamné pour exhibition), il se replie cette fois sur le "safe place" qu'est son boudoir, cabinet bourgeois traditionnellement réservé aux femmes. Et il invite tout un chacun à le suivre...
À la fois être fantomatique, vestige d'un ancien temps, présence flippante et objet de plus, Steven Cohen se meut dans son refuge parsemé de souvenirs questionnant l'histoire, et notamment celle de l'homme occidental sûr de sa puissance face à la nature et aux autres êtres humains. Un axe fort, pourtant jamais appuyé, plutôt suggéré. Au public de démêler les fils de ce qu'il découvre, quitte à rester parfaitement hermétique – c'est le risque. Mais si la magie opère, Boudoir se transforme en une fascinante proposition dédiée autant à la dénonciation qu'à l'apaisement, la réparation et, plus que tout, l'imagination.
Boudoir
Du vendredi 14 au dimanche 16 mars (plusieurs horaires par jour) aux Subs (Lyon 1er) ; de 5 à 18 €