Patrimoine culturel / Alors que le Théâtre Nouvelle Génération, ancêtre du TJA, rouvre sa salle historique de Vaise en mars après d'amples travaux, retour cent ans en arrière quand fut construit ce bâtiment dans un arrondissement qui n'était pas encore le 9ᵉ.
Quand Joris Mathieu a accédé à la direction du Théâtre nouvelle génération en 2015, son projet de candidature s'intitulait Imaginer demain. Il voulait alors s'adresser à « la génération des 6–16 ans, regarder le monde tel qu'il est et tel qu'il sera. Puis travailler les imaginaires de la scène et ses esthétiques ». Il va d'ailleurs en rouvrir grand les portes le 15 puis du 21 au 23 mars juste avant d'arriver au terme, le 30 juin, de ses trois mandats successifs (il n'est pas possible d'en briguer un 4e auprès du ministère de la Culture). Jean-François Auguste, Manuela Capese et Davide Doro, Odile Grosset-Grange, Laurance Henry, Emilie Le Roux ou encore Marie Levavasseur lui succédera. Oraux en mars et nomination dans la foulée. Il ou/et elle aura alors à sa disposition un théâtre tout neuf, empreint d'une histoire tournée vers le jeune public.
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De salle des fêtes à théâtre
Dans la rue de Bourgogne, qui est encore dans les années 1930 une partie du 5e arrondissement (le 9e ne voit le jour qu'en 1964), Michel Roux-Spitz, formé à l'école des Beaux-Arts de Lyon se voit confier l'édification d'une salle des fêtes dans ce quartier ouvrier. On y trouvait d'ailleurs l'usine alimentaire Rivoire et Carret ou celle de filature de soie artificielle Rhodiacéta dont il reste un vestige sur la place éponyme. Même mission confiée à l'architecte sur le plateau de la Croix-Rousse où il a bâti une autre salle des fêtes devenue aussi un théâtre, qui d'ailleurs porte le nom de la colline. Les deux façades de chaque édifice, arrondies et vitrées, se ressemblent.
De 1964 à 1974, on trouvait à l'intérieur, non seulement des spectacles d'opérette mais aussi une école d'éducation sociale, des locaux de la sécurité sociale, un cabinet dentaire, une salle de gym et des bains-douches (fermés en 2007). Il aurait juste manqué la piscine, comme sous le bâtiment accueillant le TNP !

La salle des fêtes n'est devenue véritablement un théâtre qu'en 1981, faisant suite à une décision de l'État deux ans plus tôt de créer des CDNEJ, soit des centres dramatiques nationaux pour l'enfance et la jeunesse. C'est une variante des CDN nés dans l'immédiate après-guerre, au service de la création et des artistes. Il y en a eu six en France (Sartrouville, Caen, Montreuil, Lille, Strasbourg et Lyon). Cette spécificité a disparu en 1999 mais l'histoire de ce théâtre reste fortement emprunte de celle de la compagnie du TJA, théâtre des jeunes années que l'auteur Maurice Yendt et le metteur en scène Michel Dieuaide ont fondé dès 1960, quand l'adresse au jeune public n'était que balbutiante.
Les deux lyonnais se sont installés à Vaise jusqu'en 2004, inventant même une mémorable et très courue Biennale du Théâtre Jeune public. Quand le ministère renouvela la direction du lieu au début du XXIe siècle, le duo d'artistes est reparti en emmenant le nom de leur compagnie. Nino d'Introna, leur successeur, en inventa un autre. Ce fut le "Théâtre nouvelle génération" car il plaça, durant dix ans, la dimension transgénérationnelle au cœur de sa programmation.
Modulation
Le TNG-Vaise occupe tous les étages et comporte une grande salle de 450 places et une autre de 90 places. C'est la grande qui, profitant des travaux prévus dans l'école contiguë, a fermé en décembre 2022 en vue de l'agrandissement de la cage de scène (de plus de 70 m²). Cela convient davantage aux standards des créations actuelles. Le rideau de fer a été supprimé, et surtout, un espace polyvalent entre le hall de la billetterie et la salle a été constitué. Il sera désormais fermé et indépendant du plateau. Des travaux phoniques et d'isolation ont aussi été réalisés et la toiture végétalisée de 200 m² sera sensée permettre de lutter contre la chaleur. Coût total 4, 5 millions d'euros dont 1, 5 portés par l'État via la DRAC. Et le reste par la Ville de Lyon.

Depuis dix ans, l'ancien théâtre des Ateliers à l'angle de la rue Mercière dans le 2e arrondissement a été rattaché au TNG. Cela a permis d'offrir deux autres salles (190 et 90 places) au centre dramatique national lyonnais dirigé pour encore quelques mois par Joris Mathieu. Il n'aura eu de cesse, au cours de ses mandats, de rappeler la nécessité de la préservation d'un service public de la culture, au risque parfois de perdre une partie de ses subventions lorsque la Région Auvergne-Rhône-Alpes s'est sentie attaquée. C'est cependant en grande forme que le TNG-Vaise pourra à nouveau accueillir du public avec un programme festif et participatif à partir du 15 mars.
Quelques dates :
1930-1933 : Construction du bâtiment salle des fêtes
1979 : La salle des fêtes devient un théâtre
1981 : Installation du Théâtre des Jeunes Années
2004 : Nomination de Nino D'Introna
2015 : Nomination de Joris Mathieu
Programme de la réouverture
Samedi 15 mars : de 9h30 à 12h30, visites de la grande scène rénovée (départ toutes les 30 min) et fresque participative sur le parvis avec Sophie Della Corte ; gratuit
Vendredi 21 mars : À 19h, De et par la possibilité éventuelle des devenirs envisageables par la Cie Les Trois points de suspension & 3615 Dakota, dès 13 ans ; de 5 à 8€
Samedi 22 mars : À 11h, 15h, 17h : Diorama par la Cie Hanfubuki, dès 4 ans ; de 5 à 8€
De 11h à 16h30 : Stands et ateliers, illustration avec Sophie Della Corte, goûter et restauration légère
De 17h à 19h : "Le TNG part en live" – Live Twitch, émission en directe animée par des ados ; Gratuit
À 19h : Spectacle De et par la possibilité éventuelle des devenirs envisageables
Dimanche 23 mars : À 11h, 14h, 16h : Diorama par la Cie Hanfubuki, dès 4 ans ; de 5 à 8€