Folk / Le 5 juin, le Marché gare accueille Diamond day, un festival itinérant qui célèbre la folk contemporaine dans toutes ses nuances, à travers quatre artistes redéfinissant les contours du genre.
Récemment évoquée dans la touchante conférence donnée par Richard Robert à l'Opéra underground, la figure de Vashti Bunyan revient hanter la ville par le biais de son album de 1970, longtemps relégué aux marges et devenu culte au fil des décennies. Irriguant en silence la première édition de Diamond day – festival traversant, du 5 au 7 juin Lyon, Paris et Le Havre – Bunyan apparait comme une figure tutélaire, mais laissant résonner son infinie délicatesse silencieuse.
Jake Xerxes Fussell : la tradition en héritage
Avec son allure de chanteur errant et sa guitare qui semble connaître chaque recoin du folklore américain, Jake Xerxes Fussell ne se contente pas de jouer de la folk : il l'habite. Originaire du sud des États-Unis et élevé parmi les archivistes de chants traditionnels, il revisite les morceaux anciens sans jamais les figer. Chez lui, l'histoire n'est pas une ruine, mais une matière vivante, malléable, parfois drôle, toujours habitée. Fussell ne cherche pas l'émotion facile : il raconte. Et on l'écoute comme on écouterait un vieil oncle dont chaque mot semble chargé d'un poids oublié.
L'âme multiple de Naima Bock
Si Jake s'ancre dans les terres rouges de l'Amérique profonde, Naima Bock, elle, emprunte un chemin plus sinueux, oscillant entre l'Angleterre, le Brésil, la mémoire et le manque. Ancienne bassiste du groupe post-punk Goat girl, elle a troqué les atmosphères saturées pour des harmonies plus fines. Sa voix grave et posée glisse comme un fil tendu sur l'eau d'un étang. Son second album, Below a massive dark land, plus ample et plus sombre, navigue entre folk pastorale, arrangements chambristes et textures quasi médiévales, évoquant l'isolement, la dissolution, et la possibilité — ténue mais tenace — de continuer à vivre.
Clara Mann : entre lumière douce et mélancolie
La musique de Clara Mann, toute en retenue, s'apparente à une confidence : guitare cristalline, arrangements dépouillés, voix qui effleure sans flatter. Son disque, Rift, explore avec douceur et mélancolie les métamorphoses de l'adolescence, les amitiés qui se transforment, les contours flous d'un monde qui échappe. Elle chante ce qui se délite, et c'est peut-être ce qui le rend plus tangible.
Les paysages instrumentaux de Jason Del Campo
Enfin, le Lyonnais Jason Del Campo posera ses paysages sonores entre contemplation, guitare classique et silences habités. Dans ses compositions, on perçoit à la fois l'influence des musiques répétitives et l'héritage de la tradition espagnole. Pas de paroles ici, mais une narration instrumentale, comme une lettre sans mots. L'émotion naît dans l'intervalle, entre deux notes — dans ce qui tremble à peine, dans ce qui échappe.
Et si la folk, aujourd'hui, n'était plus seulement un genre musical, mais un geste poétique ? Une manière de tenir bon, sans élever la voix, dans un monde qui crie.
Diamond day avec Jake Xerxes Fussell, Naima Bock, Clara Mann et Jason Del Campo
Jeudi 5 juin 2025 à 19h au Marché gare (Lyon 2e) ; de 17 à 21€