Un homme qui crie

De Mahamat-Saleh Haroun (Tchad-Fr-Belg, 1h32) avec Youssouf Djaoro, Diouc Koma…

Prix du jury au dernier festival de Cannes, Un homme qui crie part d’un postulat ambitieux : raconter le Tchad d’aujourd’hui, de la guerre civile aux conséquences de la mondialisation économique, à travers les rapports entre un père et son fils travaillant dans un même hôtel. Le père, employé modèle, est pourtant viré par le nouveau directeur (chinois !) et son fils, qui glandait jusqu’ici au bord de la piscine, doit prendre sa place. La guerre éclate, et le père ne va rien faire pour éviter à son enfant d’être mobilisé, pensant ainsi récupérer son boulot.

La violence sociale dont fait preuve Saleh Haroun rappelle celle des frères Dardenne, même si sa mise en scène en est l’exact contraire : de longs plans très composés et essentiellement silencieux. Quand le film se fait bavard, il n’est pas loin d’être réactionnaire (voir le dialogue entre le père et son ami, sur le mode du «tout fout le camp»). Et quand, dans sa longue deuxième partie, le cinéaste entreprend un road movie où le paternel coupable tente de sauver son fiston, il s’enfonce dans la naïveté morale et le conformisme cinématographique.

Pas vraiment de dangers sur le parcours, l’arrivée maladroite de la copine enceinte incarnée par une actrice catastrophique et un final expédié : Un homme qui crie n’est plus alors qu’un fantôme de film, qui confond la lenteur et la contemplation avec la paresse et le néant.

Christophe Chabert

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mercredi 17 novembre 2021 Mûrie de longues années par Audrey Diwan, cette adaptation d’Annie Ernaux saisit l’ascèse et la précision de l’autrice, pour la transmuter en portrait dépourvu de pathos d’une éclaireuse engagée malgré elle dans une lutte à la fois intime et...
Mercredi 17 janvier 2018 Auteur notamment de Un homme qui crie (Prix du Jury à Cannes en 2010), le cinéaste tchadien Mahamat Saleh-Haroun vient de signer Une saison en France avec (...)
Mercredi 3 juillet 2013 De Mahamat-Saleh Haroun (Tchad-Fr, 1h41) avec Souleymane Démé, Anaïs Monory…
Lundi 27 mai 2013 En couronnant ce qui est incontestablement le meilleur film de la compétition, "La Vie d’Adèle" d’Abdellatif Kechiche, Steven Spielberg et son jury ont posé un beau point final à un 66e festival de Cannes passionnant en son centre, sinon dans ses...
Lundi 19 mars 2012 La Caravane des cinémas d’Afrique, biennale du cinéma Jeanne Mourguet à Sainte Foy-lès-Lyon, va se mettre en marche le 22 mars jusqu’au 1er avril. Longs et (...)
Lundi 17 mai 2010 Après l'édition très rock'n'roll de l'an dernier, le festival de Cannes 2010 semble avoir choisi la rigueur pour sa sélection. Du coup, ce sont les films fous et les cinéastes faussement sages qui raflent la mise. Christophe Chabert

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X