Tania Mouraud, artiste résistante

Tania Mouraud

La BF15

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

art contemporain / Deux expositions personnelles, une exposition collective… Tania Mouraud connaît une forte actualité à Lyon. L’occasion de revenir sur cette figure importante de l’art contemporain.

Cheveux ras, regard vif encerclé par des montures branchées, Tania Mouraud sautille dans ses baskets en répondant aux journalistes présents lors d'un point presse à la BF15. Son exposition dans le centre d’art s’intitule Dire et l’artiste, âgée de quatre-vingts ans mais énergique en diable, souligne ce désir, presque crié, de dire des choses : dire ses émotions, les partager avec le visiteur, mais aussi dire et dénoncer les désastres de l’actualité et de l’Histoire, en formulant à travers ses œuvres quelques grandes interrogations éthiques. « L’artiste a toujours une responsabilité, nous dit-elle, et je suis de l’avis de Brecht : à quoi sert de peindre des pots de fleurs quand le bateau coule ? ». Revenant sur son passé, Tania Mouraud se réclame d’une rigueur éthique héritée de ses parents, tous deux résistants pendant la guerre (son père meurt au combat en 1945 dans le Vercors alors que Tania n’a que trois ans) : résister aux forces de destruction et de domination.

Débuts en feu

Son œuvre débute par un acte de destruction en 1968 : elle brûle l’ensemble de ses toiles dans la cour d’un hôpital parisien. Ses œuvres se feront désormais sans pinceau, mais en vidéos, en photographies, en performances, ou encore en "écritures"… En 1977, l’artiste marque le grand public avec l’affichage du mot "NI" sur 54 panneaux publicitaires parisiens. Ce mot y est à la fois un appel au sens et un élément plastique en soi. Beaucoup de murs "écrits" ou de grands affichages dans l’espace public suivront ce premier acte parisien. L’artiste s’était fait connaître aussi avec ses Isolation Room, chambres de méditation immaculées et minimalistes… Autodidacte qui n’a pas emprunté le chemin des écoles d’art, on ne compte pas le nombre de voyages à l’étranger de l’artiste (notamment en Inde), de lectures phares (du Nouveau Roman à la littérature des camps) et de rencontres marquantes (avec les artistes de Fluxus, les compositeurs de la musique répétitive américaine, etc.) qui ont nourri son travail et sa personnalité.

Expo en lettres et en fumées

Depuis une trentaine d’années, Tania Mouraud a réalisé beaucoup de vidéos sur toutes sortes de destructions : destruction des arbres et de la nature, destruction des corps humains, destruction des livres… Films lyriques et émouvants aux thématiques graves que l’on a pu découvrir par exemple en 2014 au Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne et qui sont présents aussi (de manière plus discrète) à la BF15.

L’installation vidéo Pandémonium nous plonge dans une ambiance sonore inquiétante et dans d'épaisses fumées sombres émanant de mines de lignite. Dans l’autre grande salle de la BF15, Tania Mouraud a dispatché plusieurs contre-formes du mot "Ici" sur les murs et sur les vitrines du centre d’art. L’exposition propose ainsi une sorte de condensé de deux des quatre grandes veines (avec la photographie et la performance musicales) du travail de Tania Mouraud. Mi-mars, elle présentera à la galerie Ceysson & Bénétière des œuvres plus récentes réalisées pendant la pandémie.

Tania Mouraud, [DIRE]
À la BF15 (dans le cadre de la Biennale des Musiques Exploratoires) jusqu’au 26 mars

Contente d’être aujourd’hui, exposition collective
À Manifesta jusqu’au 31 mars

Shmues
À la Galerie Ceysson & Bénétière du 10 mars au 16 avril


Bio express

1942 : Naissance à Paris

1968 : Après avoir visité la Documenta 4 de Cassel, elle brûle la totalité de ses peintures

1970 : Réalisation de sa première "chambre de méditation", Initiation Room, à la galerie Rive Droite à Paris

1977 : Le mot "NI" est affiché sur 54 panneaux publicitaires à Paris. En 1980, Tania Mouraud renouvelle cette expérience urbaine d’affichage à Lyon avec, cette fois-ci, des images d’ouvrières agricoles en Inde

2015 : Rétrospective au Centre Pompidou Metz

2022 : Deux expositions personnelles à Lyon

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