C'est gentil chez eux

La Carriole fantasque de Monsieur Vivaldi

TNG-VAISE

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Le théâtre, ce sont des mots issus de textes plus ou moins classiques, mais aussi d’autres venus d’ailleurs. La jeune compagnie grenobloise Les Gentils, elle, est carrément allée les piocher dans des vieilles chansons françaises pour livrer un cabaret théâtralisé à l’énergie débordante, et au titre énigmatique : "La Carriole fantasque de Monsieur Vivaldi". Aurélien Martinez

«Je viens de Saint-Antoine-l’Abbaye [un village isérois, NdlR]. J’ai toujours eu envie de parler au plus grand monde, de faire un théâtre populaire et accessible pour des gens qui ne vont pas au théâtre, qui ne sont pas forcément "cultureux"... Un théâtre pour tous  » Bien sûr, le raisonnement n’est pas nouveau, et beaucoup de metteurs en scène affichent crânement les mêmes intentions. Mais dans le cas d’Aurélien Villard et de sa jeune compagnie Les Gentils, la démarche est sincère. Car nous avons affaire avec eux à un théâtre généreux, instinctif et non intimidant, comme en témoigne La Carriole fantasque de Monsieur Vivaldi, leur dernière création. «Ça faisait des années que je voulais que l’on fasse un spectacle qui irait de place de village en place de village. Un jour, mon père a trouvé une vieille carriole qu’on a retapée pour voir. Comme on n’avait pas de dates ni de lieu, on s’est dit que c’était le moment ! Faire une pièce de théâtre pouvait être compliqué pour alpaguer des gens dans la rue. Du coup, on est partis sur l’idée d’un cabaret avec de vieilles chansons françaises». Mais un cabaret théâtral. Les chansons choisies étant très narratives, elles permettent en effet aux comédiens de jouer avec les histoires, de tisser des liens (grâce notamment à ce fameux Vivaldi)... Bref, de faire un spectacle à part entière. «On est dans l’expérimentation, dans l’écriture collective...» Et aussi dans le do it yourself, chacun mettant la main à la pâte et des matériaux récupérés ici et là faisant un (magnifique) décor. «Do it yourself, et together ! À chaque fois, je lance une idée, une trame générale... Après, tout le monde propose et on construit ensemble sur un temps donné».

Passé

Flashback : «La compagnie est née il y a huit ans. J’étais jeune, je sortais du lycée, où j’avais écrit une pièce – Faire pleuvoir les anges. Il y avait le festival Textes en l’air dans mon village. Ils m’ont laissé une petite salle pour la présenter. J’avais monté ça avec ma petite sœur et deux amis qui ne faisaient pas de théâtre... Ensuite, je suis rentré au Conservatoire de Grenoble où j’ai rencontré la plupart de ceux qui sont dans la troupe aujourd’hui». Une grande bande d’amis, comme on le voit tout de suite sur le plateau. «J’aime travailler avec des gens avec qui je m’entends sur scène et aussi dans la vie. Il n’y a jamais eu de casting, c’est avant tout une aventure humaine (rires). C’est plus une idée de troupe, même si on n’a pas d’argent pour en être vraiment une ! Mais on aspire à ça, en ayant pourquoi pas un lieu ensemble, en créant à l’année des choses, en jouant longtemps... Pour l’instant, c’est une compagnie, et l’on se retrouve sur des projets. Je leur dis : "qui est disponible cette semaine pour faire quelque chose ?". On travaille un peu comme ça, sur notre temps libre ou sur les vacances quand on était encore étudiants». Cette façon de faire s'est révélée pour le moins productive. «Avant, on n’avait que des ébauches de spectacle, que l’on jouait peu car on partait très vite sur le suivant. Je n’étais pas dans un désir de faire tourner nos créations, de les montrer au plus grand nombre... La Carriole fantasque de Monsieur Vivaldi est la première que l’on a envie de défendre tous ensemble».

Avenir

Cette proposition artistique peut de fait être vue comme l’acte de professionnalisation de la compagnie, qui reste néanmoins toujours guidée par le même désir. Créée en extérieur, La Carriole fantasque de Monsieur Vivaldi a dû être réajustée pour entrer dans une salle et conserver son énergie. Pari réussi : pendant une heure trente, la petite dizaine de comédiens interprète des chansons de Trenet, des Frères Jacques, de Bourvil ou encore d'Annie Cordy, souvent avec humour et ironie, et sans que cela sente le rance ou la pastille Vichy. «Ça fait des années que l’on fait du chant avec des comédiens. Du coup, on devient chanteurs petit à petit, même s’il y a beaucoup de boulot !». Alors certes, Les Gentils ne sont pas encore confrontés au théâtre de répertoire censé légitimer un artiste (même si Aurélien Villard a déjà mis en scène un texte de l’auteur jeune public Sylvain Levet avec certains membres de la troupe), mais qu’importe, cette façon de faire leur réussit magnifiquement. «On aura le temps de faire du théâââââtre plus tard !».


La Carriole fantasque de Monsieur Vivaldi
Au TNG, du samedi 14 au dimanche 22 décembre

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