Avec La Part des Flammes, la marraine de la Fête du Livre et des Mots en scène 2015, Gaëlle Nohant, a frappé un grand coup. Basé sur l'incendie du Bazar de la Charité en 1897 qui a touché l'aristocratie « intouchable » à l'époque et de nombreuses femmes, ce roman est une grande réussite qui prend le lecteur à bras le corps et ne le lâche plus. Retour avec l'auteur sur cet écrit flamboyant et sur sa position privilégiée dans la Fête du livre. Propos recueillis par Nicolas Bros
Pourquoi avoir choisi comme élément déclencheur de votre histoire l'incendie du Bazar de la Charité ?
D'abord, c'est un événement qui avait eu un retentissement énorme à l'époque et qui s'est un peu perdu dans la mémoire collective. L'intérêt principal de ce drame se situe dans le fait qu'il y a eu de nombreuses victimes féminines, touchant également des personnes appartenant à la très haute aristocratie européenne. Ensuite, ce qui m'intéressait également c'est le côté catastrophe collective qui agit comme un régulateur humain. Dans ce genre d'épreuve, toute la palette du caractère humain se révèle depuis la lâcheté jusqu'à l'héroïsme en passant par les sacrifices. Enfin, les catastrophes agissent comme des catalyseurs qui font sortir de nous des forces de vie que nous ignorions avoir en soi.
Votre livre expose aussi combien il était difficile d'être une femme à l'époque ?
C'était une époque très dure pour les femmes. On considérait les femmes comme des éternelles petites filles, des mineurs qui passaient des mains de leur père à celle d'un mari. On voulait les protéger et les contrôler du berceau à la tombe. SI vous aviez des velléités d'indépendance, vous étiez alors en « ligne de mire » et éventuellement on voulait se débarrasser de vous en vous mettant dans un asile. Dès que l'on sortait du rang, on devenait dangereuse.
Comment êtes-vous arrivée à vous documenter sur cet événement ?
C'est principalement par des coupures de presse de l'époque que j'ai trouvées sur la banque de données en ligne Gallica, qui est accessible à tous gratuitement depuis chez soi. C'est une entreprise philanthropique qui met à la disposition de tout un chacun une énorme bibliothèque de tout ce qui est dans le domaine public. L'incendie du Bazar de la Charité avait fait explosés les tirages de la presse pendant deux mois. Du coup, de nombreuses coupures de presse très détaillées voire parfois macabres existent sur ce sujet. Mais au-delà de ces informations brutes, comme pour chaque histoire que j'écris, je pars d'une idée assez vague. Les personnages, en prenant de la consistance, vont décider de l'orientation donnée à l'histoire. En quelque sorte, je découvre l'histoire à mesure qu'elle s'écrit.
Ce roman a connu un retentissement énorme à sa sortie. Qu'est-ce que ça a changé pour vous ?
C'est une chance énorme de pouvoir envisager de pouvoir vivre de ma plume. C'est également un début d'indépendance qui vient de paire avec le nombre grandissant de lecteurs. C'est aussi grâce à mon éditrice Héloïse d'Ormesson qui m'a soutenue fortement pour défendre ce livre et lui donner de la crédibilité auprès des libraires. Un jour j'écrirai peut-être la suite de La Part des Flammes. D'une part parce que l'on me la réclame beaucoup mais également parce que cette époque reste passionnante. Il me suffirait d'y replonger dedans pour trouver une idée aussi forte que dans le premier volet. Mais mon prochain roman sera très différent de La Part des Flammes. Pour écrire un livre, il faut être amoureuse d'un sujet. Je n'écris que sur des thèmes qui m'exaltent. J'avais mis quatre ans pour écrire La Part des Flammes... J'espère être plus rapide ce coup-ci (rires).
Vous êtes marraine des Mots en Scène à la Fête du livre. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?
J'ai fait la Fête du Livre de Saint-Étienne une fois pour mon précédent roman L'Ancre des Rêves. J'en ai un très bon souvenir, d'un moment chaleureux. Lorsque l'on fait des salons du livres, ils ne sont pas tous égaux mais j'ai gardé un très bon souvenir de Saint-Étienne. De plus c'est un grand honneur d'être nommée marraine de Mots en Scène. Ce concept de jouer sur une scène de théâtre des extraits de livre m'intrigue beaucoup. Comme d'ailleurs toutes les démarches d'adaptation d'un livre qui sont en fait des « re-créations » totales. Je trouve que c'est une très belle idée d'offrir cela aux spectateurs.
La Part des Flammes, de Gaëlle Nohant, aux éditions Héloïse d'Ormesson, 560 p.