de Raymond Depardon (Fr., 1h27) documentaire...
Film de demande plus que de commande, 12 jours répond à une invitation de tourner dans un établissement psychiatrique (en l'occurence, le Vinatier à Bron) avec des patients hospitalisés sans consentement lors de leur présentations devant un juge des libertés et de la détention — celle-ci devant se dérouler au plus tard 12 jours après leur première admission. S'ensuivent donc dix auditions, à la queue-leu-leu. Dix portraits entre détresse et absurde de la “folie” ordinaire, et surtout un épuisant sentiment de déja, déjà-vu.
Car malgré tout le respect et toute l'estime que l'on porte à Depardon, force est de constater qu'il éprouve de moins en moins l'envie de sortir du cadre et des repères qu'il a jadis balisés. 12 jours transpose en effet de manière manière mécanique son dispositif de Délits flagrants ou de 10e chambre, instants d'audience dans un décor lui aussi familier pour le cinéaste, qui avait déjà arpenté avec San Clemente (1982) un hôpital psychiatrique. Ce mash-up lasse plus qu'il n'édifie, Depardon semblant vouloir épuiser un filon. La fraîcheur du procédé est en tout cas éventée, et l'on gagnerait tous, Depardon compris, à ce qu'il se reconfronte à l'espace plutôt qu'à l'enfermement. Ce serait triste d'assister à une lente dérive dans un cinéma non pas institutionnel, mais d'institution, d'un auteur désormais institutionnalisé.