Psyché rock / Ils sont les auteurs d'un des meilleurs albums de l'année : "No Mercy for Love". Le groupe normand Cannibale débarque fin janvier pour dévorer la scène et le gâteau des 10 ans du FIL. Nous avons discuté musique, purée et artisanat avec Nicolas Camus, le chanteur de cette formation si singulière.
Revenons sur l'histoire de Cannibale. Pourquoi être passé de Bow Low à Cannibale ?
Nicolas Camus : Pendant 10 ans, nous avons évolué avec Bow Low. Puis il y a eu deux changements de musiciens avec le remplacement de notre bassiste et de notre batteur. Cela a apporté un souffle nouveau à notre musique. À tel point que la musique composée par Manu, notre guitariste, a beaucoup changé. Il y a une sorte de décomplexion qui s'est installée, ce mélange des genres un peu hybride. Nous avons assumé cela à 100% et il était devenu logique de changer de nom. La rencontre avec JB du label Born Bad a fini de nous convaincre. À 40 ans, il est toujours difficile de repartir de zéro.
Il y a de nombreuses choses qui ont été dites sur vous et votre "style" musical qualifié par des termes assez atypiques tels que "garage réunionnais". Il est souvent difficile de décrire sa musique, surtout dans votre cas, mais comment en êtes-vous arrivés là ?
Nous aimons raconter une anecdote assez rigolote qui résume assez bien cela. Manu faisait partie pendant un temps d'une formation de chanson française avec laquelle il était parti deux fois en Colombie avec l'Alliance Française. Il a ramené de là-bas une compil' de cumbia. Il mettait souvent ce disque dans le van avec lequel nous tournions à l'époque de Bow Low. Un jour, le CD est resté coincé dans l'auto-radio... Du coup, nous étions obligés d'écouter ce disque en boucle. Mais au-delà de cette petite histoire, il y avait déjà, avant Cannibale, une volonté chez Manu de prendre toutes nos influences extérieures et d'en nourrir nos compositions. C'est d'ailleurs de là que vient le nom Cannibale. Il essaie de mixer tout ça et faire en sorte que ce ne soit pas indigeste comme dans une "pizzeria-paëlla" mais que cela fasse un mélange cohérent. C'est un gros travail.
Vous avez aussi expliqué qu'il y a une forte influence de la musique d'Afrique de l'Ouest et des Caraïbes surtout de la fin des années 70...
Oui, de la cumbia et de la musique africaine empreinte de la musique caribéenne. Notamment de la musique d'Angola de la fin des années 70. Cela correspond à de la musique que nous écoutons, c'est vrai.
Notre musique est artisanale. On entend le geste dans nos morceaux.
Vous parliez de la rencontre avec JB du label Born Bad Records. Est-ce vrai que vous l'avez contacté, qu'il est venu vous voir en moto chez vous, en Normandie et que vous lui avez fait manger de la purée ?
Oui, cela s'est vraiment passé comme ça. Nous avons simplement romancé légèrement sur le dérapage en moto (rires). Il nous a vraiment dit en partant : «en route pour la gloire». Quand il est venu nous voir, nous ne savions pas grand chose à propos de Born Bad, que c'est un gars seul chez lui. Il est venu en moto et nous avons mangé de la purée. C'est un peu surréaliste mais ca nous a rassurés dès le départ. Born Bad est un label comme nous : un gars qui se démerde et qui bricole des choses avec des bouts de ficelle. C'est un peu ce que nous faisons depuis le fin fonds de notre campagne. Notre musique est artisanale. On entend le geste dans nos morceaux. Manu compose et enregistre tous les instruments chez lui... Dans son salon, il a une batterie, des instruments. Mais il n'est pas batteur. Il arrive avec un début de maquette artisanale. Tout est bricolé et artisanal.
Votre musique est très visuelle mais comment vous présentez-vous sur scène ?
Nous avons un set que nous avons travaillé en résidence avant la sortie de l'album. Il n'a pas beaucoup évolué depuis mars. Pour nous, sur scène, c'est un peu « tout pour la musique » comme dirait France Gall. Ce n'est pas une référence très heureuse (rires) mais en tout cas, la musique que nous jouons est étonnante car les gens ne savent pas trop sur quel pied danser. C'est une musique du corps, c'est dansant et en même temps les gens réfléchissent... Visuellement, sur scène, nous ne nous posons pas trop de questions sur la scénographie pour le moment. Nous aimons simplement reproduire le son en live que nous avons en répétition. C'est pourquoi nous sommes entourés d'amplis. Nous sommes très serrés sur scène, même sur les grands plateaux.
Quelle sera la suite pour Cannibale ?
Nous avons fait plus de 40 dates en 2017 et nous avons des concerts prévus jusqu'à mi-août. Nous aimerions sortir un nouvel album pour le début du deuxième semestre 2018. Nous avons encore du travail mais l'ensemble des morceaux sont d'ores et déjà composés. L'état d'esprit va rester le même, ce sera le grand mélange des genres voire même davantage.
Cannibale [+ Oxia + Zimmer + Danger + Inüit + Petit Fantôme + Piano Club + ANGL + Losless + Izwalito], samedi 27 janvier de 20h30 à 5h, Le FIL, dans le cadre des 10 ans de la salle