11 événements programmés

Marius

(Théâtre)

D'après Marcel Pagnol, mise en scène de Joël Pommerat, 1h20, dès 12 ans. Les affaires du café‑boulangerie de César vont plutôt mal, les clients se font rares et son fils Marius n’a guère envie de reprendre le commerce. Partagé entre son envie de prendre le large et son amour pour Fanny, une amie d’enfance, le jeune homme se demande s'il faut tout quitter au risque de tout perdre, ou rester et honorer son devoir de fils.

Notre avis : Joël Pommerat revient à Lyon avec Marius, adaptation du texte de Marcel Pagnol portée par des interprètes professionnels et d'anciens détenus rencontrés lors d'ateliers en prison. En artisan précis du théâtre, il a dirigé ce petit groupe hétéroclite avec finesse, respectant la nature de chacun, pour composer un spectacle à plusieurs niveaux de lecture qui se déploie magistralement et avec fragilité. À noter que Pommerat sera également au TNP fin novembre avec son nouveau conte Les Petites Filles modernes.

Prendre soin

(Théâtre)

Texte et mise en scène d'Alexander Zeldin, 1h30. Au cœur de la nuit, dans une boucherie industrielle, cinq agents de ménage se rencontrent pour la première fois. Au moment de leurs pauses, ils bavardent, dans une scénographie d’une grande sobriété donnant toute la place aux acteurs et actrices.

Notre avis : Dans cette saison dense, on ose affirmer que c'est le spectacle que nous attendons le plus. Il y a quelques années, Alexandre Zeldin nous avait fait chavirer avec Love tant il aimait ses personnages plus qu'il ne collait sur eux un discours, intensément politique. Avec le théâtre, il rendait leur humanité à des allocataires en mal de logement gérés par les services sociaux anglais. Avec Prendre soin, autre volet de sa trilogie sur les inégalités, le Britannique s'attache aux travailleurs précaires, celles et ceux compressés par le programme économique à la tâche dit « Zero hour ».

La guerre n'a pas un visage de femme

(Théâtre)

D'après Svetlana Alexievitch, mise en scène de Julie Deliquet, 2h30. Après Welfare, Julie Deliquet poursuit son travail documentaire en adaptant cette fois-ci le premier livre de la prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch sur les 800 000 femmes mobilisées dans la Grande Guerre patriotique, largement invisibilisées jusqu'en 1985 et la sortie de son essai, résultat de sept ans de travail.

Notre avis : Quand nous nous asseyons, elles sont déjà là, dans leur appartement communautaire. Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015, les a rencontrées individuellement et a fait de leur récit son premier ouvrage, censuré, au mitan des années 80. Julie Deliquet prend le relais pour sortir de l'ombre ces femmes ukrainiennes, biélorusses, russes qui ont combattu avec les armes de l'armée de l'URSS après la rupture du pacte germano-soviétique en 1941. Un grand spectacle d'une des meilleures metteuses en scène actuelles, déjà bluffante avec Welfare ou 8 heures ne font pas un jour récemment.

Bovary Madame

(Théâtre)

D'après Gustave Flaubert, mise en scène de Christophe Honoré, 2h45, dès 15 ans. Sur la scène du théâtre, Christophe Honoré mêle le cirque et le cinéma pour donner corps aux Mœurs de province décrites par Flaubert, et réinterprète l'histoire d'Emma Bovar, coincée dans une petite ville de province et son mariage sans éclat, qui ne renonce pourtant pas à ses aspirations romantiques.

Notre avis : Le cinéaste Christophe Honoré aime les auteurs et les autrices, surtout quand il les amène au théâtre. Lui qui, en tant que metteur en scène, a déjà approché le courant du Nouveau Roman, le monument Marcel Proust ou encore certaines figures littéraires tragiquement mortes du sida, revisitera, dans son prochain spectacle et avec des interprètes fidèles (dont Ludivine Sagnier), le mythique Madame Bovary de Flaubert. Création mi-septembre en Suisse avant une tournée en France.

The Brotherhood

(Théâtre)

Texte et mise en scène de Carolina Bianchi, déconseillé aux moins de 16 ans. Avec son collectif Cara de Cavalo, Carolina Bianchi ausculte les origines de la fraternité masculine et les raisons pour lesquelles la violence, les viols et les agressions sexuelles sont inscrits dans leur codes partagés et leur vocabulaire. Accompagnée de huit acteurs, elle relie à la dramaturgie les traumatismes et les origines de la misogynie, la sexualité en crise, et fait du théâtre un moyen de rendre possible un dialogue sur ces sujets difficiles.

Notre avis : Pour le deuxième volet de sa trilogie Cadela Força, Carolina Bianchi creuse le sujet du viol aussi intime que collectif. Puisqu'il nous regarde tous, elle prend sa casquette d'actrice et d'universitaire pour enquêter sur la violence masculine et comment les figures féminines ont été écrites, dessinées, filmées, assujetties, annihilées par leurs auteurs. Dans The Brotherhood, présenté pour sa première française à Lyon, elle ébranle profondément nos regards.

Stephan Eicher

(Théâtre)

Mise en scène de François Gremaud, 1h30. Entre rock, chanson française, musique électronique et pop. Avec sa guitare acoustique, un piano qu’il a lui-même dessiné, des machines anciennes et un accordéon, il se fait homme‑orchestre dans un seul-en-scène loin d'un concert traditionnel, tissant un dialogue intime avec le public.

Reminiscencia

(Théâtre)

Texte et mise en scène de Malicho Vaca Valenzuela, 55 min. En proposant un voyage immobile au cœur du Chili sur les traces de sa famille, Malicho Vaca Valenzuela fait apparaître l’histoire douloureuse de son pays et de son quartier animé de Santiago, et braque le projecteur sur les histoires de ses compatriotes.

Grand entretien avec Karim Kattan

(Débats)

Dans le cadre des Interdits, ici & ailleurs, Olivier Neveux échange avec Karim Kattan, auteur de plusieurs nouvelles et des romans, Le palais des deux collines et L’Eden à l’aube, entre magie, réalité, tendresse et douleur, dans un univers où les collines ensoleillées de Palestine résonnent des violences impérialistes israéliennes.

Ceci n'est pas une ambassade (Made in Taïwan)

(Théâtre)

Mise en scène de Stefan Kaegi et Rimini Protokoll, 1h45. Pour mieux comprendre Taïwan, Stefan Kaegi fait se rencontrer sur scène trois Taïwanais afin d'élaborer une ambassade fictive : un ancien diplomate attaché à la culture chinoise, une musicienne et héritière d’une entreprise de bubble tea, et une activiste digitale qui a élaboré une stratégie de guérilla pour défendre son pays.

I'm Fine

(Théâtre)

Texte et mise en scène de Tatiana Frolova, 1h40, en russe et français surtitré en français. Après avoir partagé le choc du déracinement et la douleur de faire tenir sa vie dans une seule valise dans Nous ne sommes plus..., la troupe du KnAM Théâtre partage cette fois-ci son expérience de l'immigration avec sa dernière création, I’m Fine, racontant comment les notions de foyer, de patrie et de refuge se sont transformées depuis leur arrivée dans un nouveau pays.

Notre avis : Elle a longtemps raconté avec finesse et sans concession son pays, la Russie, en enchaînant les trajets entre l'Europe et sa Sibérie. Mais depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, la voici réfugiée politique à Lyon avec son équipe du KnAM théâtre. Cette fois, Tatiana Frolova s'intéresse dans cette création à comment adopter une autre terre que la sienne. Car « le bonheur, nous dit-elle, c'est l'acte de résistance ».

Valentina

(Théâtre)

Texte et mise en scène de Caroline Guiela Nguyen, 1h20, dès 12 ans. Un jour, au retour de l’école, Valentina trouve un mot du médecin sur la table. C’est à elle que va revenir la lourde charge de le traduire à sa mère, atteinte d’une grave maladie du cœur, qui ne comprend que le roumain. Commence alors une histoire où la violence de l’institution hospitalière s’ajoute à celle du diagnostic, ainsi qu'à l’espoir secret que le mensonge peut transformer le réel.

Notre avis : Il était une nouvelle fois un spectacle généreux, populaire et émouvant de la metteuse en scène et autrice Caroline Guiela Nguyen qui, forte de nombreux succès (Lacrima, Fraternité, Saigon...), régénère à sa façon le monde corseté du théâtre public. Avec Valentina, elle raconte l'histoire d'une jeune fille roumaine qui doit traduire à sa mère, venue en France se faire soigner, des termes médicaux beaucoup trop lourds pour une enfant... Poignant.