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Un pays retrouvé par Nicolas Offenstadt
Par Nadja Pobel
Publié Mardi 5 février 2019 - 2060 lectures
Photo : © Stock
Nicolas Offenstadt
Goethe-Institut
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D’où vient ce sentiment qu’une partie de ce que nous sommes en tant qu’Européen est à aller chercher derrière un rideau de fer fracassé à bon escient en 1989 ? Plus précisément encore dans ce pays disparu qu’est la RDA. Des nations ont éclaté (Tchécoslovaquie, Yougoslavie) et l’Allemagne s’est réunifiée ou, plus exactement, la RFA a absorbé la RDA et ainsi « entraîné la délégitimation du passé qu’elle s’était construit, celui des luttes ouvrières, antimilitaristes, pacifistes et antifascistes » analyse Nicolas Offenstadt en introduction de son ouvrage important. Se souvenir, comprendre sans faire exercice de contrition mais savoir de quel terreau est fait celui qui a vu Berlin devenir une ville si attractive et émouvante, à l'inverse des autres cités de l’Est devenues des mines d’or pour que s’enracinent les idées des extrêmes droites de Pegida et l’AfD (Chemnitz, Dresden) une fois décerclées du joug soviétique.
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En récupérant au gré de ses pérégrinations des dossiers ou des écriteaux échoués, l’historien Nicolas Offenstadt fait œuvre d'archéologue du temps présent. Il remonte les histoires allemandes au gré de ses trouvailles en brocante ou de rencontres avec ceux dont le nom est mentionné sur des documents administratifs d'usines abandonnées, dont il passe sans difficulté les barrières de protection défraîchies.
Good Bye, Lenin !
Plus que l'unification elle-même, c'est sa rapidité qui a effacé la RDA et presque humilié sa population. La privatisation de toute structure socialiste s'est faite au galop alors qu'une solution autogestionnaire était espérée. Le chômage a enflé et « 1, 8 million d'habitants quittent l'ancienne RDA de 1991 à 2011, les jeunes, les femmes et les diplômés y sont surreprésentés » précise-t-il. Alors même si désormais, le solde s'équilibre, la fracture est marquée. Vu d'ici, nous sont parvenues les images d'un Epinal germanique avec Daniel Brühl en sauveur de sa mère dans Good Bye, Lenin !, ou les remords d'un agent de la Stasi dans La Vie des autres – l'acteur Ulrich Mühe se confondant au civil avec son personnage trouble d'agent de l'État.
Derrière le commerce des lambeaux de la RDA, c'est en creux l'histoire d'un pays qui continue de s'écrire. Et peut-être qu'un jour les Plattenbauen (grandes tours d'habitat construites sous l'ère communiste) de l'excentré quartier (est)berlinois de Marzhan seront aussi convoitées que les logements de Friedrichshain ou Prenzlauer Berg. Persiste au moins une forme de résistance de ce passé proche : sur la Karl-Marx Allee de la capitale, les locataires pendent des draps orange et rouge aux fenêtres, symboles de leur incessante lutte (partiellement gagnée tout récemment) contre la flambée des prix de l'immobilier.
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