Les noces rebelles : "Wildlife - Une saison ardente"
ECRANS par Vincent Raymond le Mardi 18 décembre 2018 | De Paul Dano (É-U, 1h45) avec Carey Mulligan, Jake Gyllenhaal, Ed Oxenbould… (...)
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Les dernières répliques de Burn after reading valent définitivement comme maxime du cinéma des frères Coen. Llewyn Davis, leur dernier anti-héros, n’échappe pas à cette loi : au terme d’un cycle narratif étourdissant, il n’a rien appris, sinon qu’il ne le refera pas — mais cet éternel retour laisse entendre qu’en fait si, il se fourvoiera dans la même impasse sombre…
Llewyn Davis n’est pas un mauvais chanteur folk : les Coen le prouvent en le laissant interpréter en ouverture un de ses morceaux dans son intégralité, et c’est effectivement très beau. Mais le talent ne garantit pas le succès et Llewyn collectionne surtout les déconvenues. Ses disques ne se vendent pas, son manager le fait tourner en bourrique — scène admirablement écrite où la surdité du vieux grigou devient paravent à sa pingrerie — il met enceinte la copine d’un autre chanteur, qui lui répète en boucle son statut de loser. Et il n’est même pas foutu de veiller sur le chat de ses hôtes, fil rouge d’un premier acte d’une étonnante drôlerie où Llewyn dérive d’un appartement à l’autre, en quête du félin dans les rues et d’un peu d’argent pour vivre.
Si Llewyn Davis tourne en rond, les Coen lui font effectuer des cercles de plus en plus vastes. Le film est donc construit comme un 33 tours usé, qui saute régulièrement pour finalement revenir à son sillon initial. Parti sur les routes de l’Amérique pour rencontrer un producteur mythique et pour retrouver un amour d’enfance, Llewyn va dans les deux cas dévier de son objectif, d’abord en croisant un double monstrueux, jazzman junkie et aigri, puis en heurtant une autre "réplique" qui le ramène cruellement à son objectif premier — le chat perdu, qui était déjà dans A serious man une image du hasard expropriant le protagoniste de son destin.
Celui de Llewyn est tronqué : autrefois, il formait un duo, mais la disparition de sa moitié a marqué sa carrière du sceau de l’inachèvement. Le 33 tours n’a qu’une face dans Inside Llewyn Davis et s’il accomplit une révolution, comme son personnage, c’est pour rejouer la même chanson, juste un peu plus familière. Pendant ce temps, la révolution folk a bien eu lieu, mais Davis n’en sera pas, ombre cachée derrière le héros lumineux Dylan.
La beauté mélancolique du film consiste à rendre sa grandeur au raté, laissant le génie à l’état de silhouette fantomatique. Les Coen écrivent ici la légende de ceux qui n’ont pas écrit la légende, comme une anecdote en bas de page transformée en odyssée métaphysique.
Inside Llewyn Davis
De Joel et Ethan Coen (ÉU, 1h44) avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake…
Les dernières répliques de Burn after reading valent définitivement comme maxime du cinéma des frères Coen. Llewyn Davis, leur dernier anti-héros, n’échappe pas à cette loi : au terme d’un cycle narratif étourdissant, il n’a rien appris, sinon qu’il ne le refera pas — mais cet éternel retour laisse entendre qu’en fait si, il se fourvoiera dans la même impasse sombre…
Llewyn Davis n’est pas un mauvais chanteur folk : les Coen le prouvent en le laissant interpréter en ouverture un de ses morceaux dans son intégralité, et c’est effectivement très beau. Mais le talent ne garantit pas le succès et Llewyn collectionne surtout les déconvenues. Ses disques ne se vendent pas, son manager le fait tourner en bourrique — scène admirablement écrite où la surdité du vieux grigou devient paravent à sa pingrerie — il met enceinte la copine d’un autre chanteur, qui lui répète en boucle son statut de loser. Et il n’est même pas foutu de veiller sur le chat de ses hôtes, fil rouge d’un premier acte d’une étonnante drôlerie où Llewyn dérive d’un appartement à l’autre, en quête du félin dans les rues et d’un peu d’argent pour vivre.
Si Llewyn Davis tourne en rond, les Coen lui font effectuer des cercles de plus en plus vastes. Le film est donc construit comme un 33 tours usé, qui saute régulièrement pour finalement revenir à son sillon initial. Parti sur les routes de l’Amérique pour rencontrer un producteur mythique et pour retrouver un amour d’enfance, Llewyn va dans les deux cas dévier de son objectif, d’abord en croisant un double monstrueux, jazzman junkie et aigri, puis en heurtant une autre "réplique" qui le ramène cruellement à son objectif premier — le chat perdu, qui était déjà dans A serious man une image du hasard expropriant le protagoniste de son destin.
Celui de Llewyn est tronqué : autrefois, il formait un duo, mais la disparition de sa moitié a marqué sa carrière du sceau de l’inachèvement. Le 33 tours n’a qu’une face dans Inside Llewyn Davis et s’il accomplit une révolution, comme son personnage, c’est pour rejouer la même chanson, juste un peu plus familière. Pendant ce temps, la révolution folk a bien eu lieu, mais Davis n’en sera pas, ombre cachée derrière le héros lumineux Dylan.
La beauté mélancolique du film consiste à rendre sa grandeur au raté, laissant le génie à l’état de silhouette fantomatique. Les Coen écrivent ici la légende de ceux qui n’ont pas écrit la légende, comme une anecdote en bas de page transformée en odyssée métaphysique.
Inside Llewyn Davis
De Joel et Ethan Coen (ÉU, 1h44) avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake…
De Joel et Ethan Coen (ÉU, 1h45) avec Oscar Isaac, Carey Mulligan...
De Joel et Ethan Coen (ÉU, 1h45) avec Oscar Isaac, Carey Mulligan...
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Llewyn Davis est à la croisée des chemins. Alors qu'un hiver rigoureux sévit sur New York, le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien, et affronte des obstacles qui semblent insurmontables, à commencer par ceux qu'il se crée lui-même.
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