• Choisissez votre ville
    • Lyon
    • Grenoble
    • Saint-Étienne
  • Actu
  • Ecrans
  • Arts
  • Scènes
  • Musiques
  • Connaître
  • Guide Urbain
Skip to content
  • Actus
    Mercato

    Thierry Pilat, nouveau directeur de la Halle Tony Garnier

    Jeudi 21 janvier 2021 par Sébastien Broquet
    Lyon

    Le pôle Arts vivants de la BM de Vaise ne sera pas démantelé

    Lundi 18 janvier 2021 par Nadja Pobel
    ACTUS

    Disparition de l'ancienne rédactrice en chef du Petit Bulletin Lyon, Dorotée Aznar

    Mercredi 13 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Médias

    Le directeur de Nova Lyon, Alfredo Da Silva, licencié

    Jeudi 14 janvier 2021 par Sébastien Broquet
  • Ecrans
    • Trouvez une séance à LYON
    • Films à l'affiche
    • Salles de cinéma
    • Critiques cinéma
    Soul sur Disney+

    Pete Docter : « depuis que le son existe dans un film d’animation, le jazz en a fait partie »

    Lundi 28 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Sur Disney+

    Le vagabond des limbes : "Soul", un Pixar privé de salles

    Mardi 22 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Arte

    De Gaulle à la p(l)age

    Mardi 10 novembre 2020 par Vincent Raymond
  • Arts
    • Trouvez une expo à LYON
    • Expositions à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains expositions
    • Votre Week-End
    Galerie d'Art

    La Taille de mon Âme : la forme et le fonds, à la bonne place

    Jeudi 14 janvier 2021 par Vincent Raymond
    Street Art

    De Lascaux à Lasco

    Mardi 10 novembre 2020 par Manon Ruffel
    Graphisme

    Vinyle, Vidi, Vici

    Mercredi 21 octobre 2020 par Stéphane Duchêne
  • Scènes
    • Trouvez un spectacle à LYON
    • Spectacles à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains spectacles
    • Votre Week-End
    TNP Villeurbanne

    Jean Bellorini : « nous ne disons pas assez Égalité »

    Vendredi 30 octobre 2020 par Nadja Pobel
    Théâtre

    « Virus, désormais, c’est la réalité »

    Jeudi 22 octobre 2020 par Nadja Pobel
    Théâtre

    En marge : plein centre

    Jeudi 22 octobre 2020 par Nadja Pobel
  • Musiques
    • Trouvez un concert à LYON
    • Concerts à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains concerts
    • Votre Week-End
    MUSIQUES

    Théo Charaf : zone d'inconfort

    Mercredi 20 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Clubbing

    Laurent Garnier sera le premier DJ à faire re-danser Le Sucre

    Vendredi 15 janvier 2021 par Sébastien Broquet
    Jazz

    Lionel Martin : rhino féroce

    Mercredi 9 décembre 2020 par Stéphane Duchêne
  • Connaître
    • Animations à l'affiche aujourd'hui
    • Prochaines animations
    • Votre Week-End
    Bande Dessinée

    Nuits de la Lecture : une battle BD, en ligne et en live

    Vendredi 22 janvier 2021 par Vincent Raymond
    Littérature

    Ananda Devi : « pour certaines personnes, il n'y a pas de mémoire »

    Jeudi 21 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Architecture

    Jacques Perrin-Fayolle, le constructeur

    Mercredi 20 janvier 2021 par Nadja Pobel
  • Guide Urbain
    Chocolatiers

    Y aura-t-il du bon chocolat à Noël ? (spoiler : oui)

    Vendredi 4 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Photographie

    FeelPic ouvre sa première boutique éphémère à Lyon

    Mercredi 25 novembre 2020 par Vincent Raymond
    Restaurant

    Arvine : vins d’Est

    Jeudi 22 octobre 2020 par Adrien Simon
    Restaurant

    Les makis locaux de Lipopette

    Jeudi 22 octobre 2020 par Adrien Simon
  • Escapades
  • PLUS +
    • Kids
    • Restaurants
    • Guide Urbain
    • Dossiers
    • PB Festival
    • Brigade du Ballet
    • Patrimoine
    • Articles partenaires
    • Vidéos
    • Concours
  • RECHERCHE AGENDA
NEWSLETTER

Newsletter Lyon
Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Lyon

PUBLICITÉ
LYON WHISKY FESTIVAL
FESTIVAL PEINTURE FRAÎCHE
LYON BIERE FESTIVAL
LE WEB DES SORTIES
  • Édition de LYON
  • RECHERCHE AGENDA

  • Actus
    Mercato

    Thierry Pilat, nouveau directeur de la Halle Tony Garnier

    Jeudi 21 janvier 2021 par Sébastien Broquet
    Lyon

    Le pôle Arts vivants de la BM de Vaise ne sera pas démantelé

    Lundi 18 janvier 2021 par Nadja Pobel
    ACTUS

    Disparition de l'ancienne rédactrice en chef du Petit Bulletin Lyon, Dorotée Aznar

    Mercredi 13 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Médias

    Le directeur de Nova Lyon, Alfredo Da Silva, licencié

    Jeudi 14 janvier 2021 par Sébastien Broquet
  • Ecrans
    • Trouvez une séance à LYON
    • Films à l'affiche
    • Salles de cinéma
    • Critiques cinéma
    Soul sur Disney+

    Pete Docter : « depuis que le son existe dans un film d’animation, le jazz en a fait partie »

    Lundi 28 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Sur Disney+

    Le vagabond des limbes : "Soul", un Pixar privé de salles

    Mardi 22 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Arte

    De Gaulle à la p(l)age

    Mardi 10 novembre 2020 par Vincent Raymond
  • Arts
    • Trouvez une expo à LYON
    • Expositions à l'affiche aujourd'hui
    • Prochaines expositions
    • Votre Week-End
    Galerie d'Art

    La Taille de mon Âme : la forme et le fonds, à la bonne place

    Jeudi 14 janvier 2021 par Vincent Raymond
    Street Art

    De Lascaux à Lasco

    Mardi 10 novembre 2020 par Manon Ruffel
    Graphisme

    Vinyle, Vidi, Vici

    Mercredi 21 octobre 2020 par Stéphane Duchêne
  • Scènes
    • Trouvez un spectacle à LYON
    • Spectacles à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains spectacles
    • Votre Week-End
    TNP Villeurbanne

    Jean Bellorini : « nous ne disons pas assez Égalité »

    Vendredi 30 octobre 2020 par Nadja Pobel
    Théâtre

    « Virus, désormais, c’est la réalité »

    Jeudi 22 octobre 2020 par Nadja Pobel
    Théâtre

    En marge : plein centre

    Jeudi 22 octobre 2020 par Nadja Pobel
  • Musiques
    • Trouvez un concert à LYON
    • Concerts à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains concerts
    • Votre Week-End
    MUSIQUES

    Théo Charaf : zone d'inconfort

    Mercredi 20 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Clubbing

    Laurent Garnier sera le premier DJ à faire re-danser Le Sucre

    Vendredi 15 janvier 2021 par Sébastien Broquet
    Jazz

    Lionel Martin : rhino féroce

    Mercredi 9 décembre 2020 par Stéphane Duchêne
  • Connaître
    • Animations à l'affiche aujourd'hui
    • Prochaines animations
    • Votre Week-End
    Bande Dessinée

    Nuits de la Lecture : une battle BD, en ligne et en live

    Vendredi 22 janvier 2021 par Vincent Raymond
    Littérature

    Ananda Devi : « pour certaines personnes, il n'y a pas de mémoire »

    Jeudi 21 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Architecture

    Jacques Perrin-Fayolle, le constructeur

    Mercredi 20 janvier 2021 par Nadja Pobel
  • Guide Urbain
    Chocolatiers

    Y aura-t-il du bon chocolat à Noël ? (spoiler : oui)

    Vendredi 4 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Photographie

    FeelPic ouvre sa première boutique éphémère à Lyon

    Mercredi 25 novembre 2020 par Vincent Raymond
    Restaurant

    Arvine : vins d’Est

    Jeudi 22 octobre 2020 par Adrien Simon
    Restaurant

    Les makis locaux de Lipopette

    Jeudi 22 octobre 2020 par Adrien Simon
  • Escapades
  • PLUS +
    • Kids
    • Guide Urbain
    • Dossiers
    • PB Festival
    • Brigade du Ballet
    • Patrimoine
    • Articles partenaires
    • Vidéos
    • Concours
ECRANS

Trois souvenirs de ma jeunesse

Conçu comme un prequel à "Comment je me suis disputé...", le nouveau et magistral film d’Arnaud Desplechin est beaucoup plus que ça : un regard rétrospectif sur son œuvre dopé par une énergie juvénile, un souffle romanesque et des comédiens débutants remarquables. Christophe Chabert

ECRANS

Trois souvenirs de ma jeunesse

Conçu comme un prequel à "Comment je me suis disputé...", le nouveau et magistral film d’Arnaud Desplechin est beaucoup plus que ça : un regard rétrospectif sur son œuvre dopé par une énergie juvénile, un souffle romanesque et des comédiens débutants remarquables. Christophe Chabert

Trois souvenirs de ma jeunesse

par Christophe Chabert

Mardi 19 mai 2015
3262
LECTURES

par Christophe Chabert

Mardi 19 mai 2015
3262
LECTURES

En 1996, Paul Dedalus avait trente ans, tentait de terminer sa thèse de philosophie et se séparait de sa compagne Esther. Vingt ans après, il finit une mission d’anthropologue au Tadjikistan, où il partage son lit avec une ravissante autochtone et s’apprête à rentrer en France pour travailler au Quai d’Orsay. De Comment je me suis disputé… (Ma vie sexuelle) à Trois souvenirs de ma jeunesse (Nos Arcadies), Dédalus n’a pas seulement vieilli — et son interprète avec lui, Mathieu Amalric, fiévreux et génial ; il a aussi été transformé par l’œuvre d’Arnaud Desplechin. Lorsqu’il démarre un vaste retour sur lui-même, sur son enfance et son adolescence, ce Dédalus-là n’est, comme l’eau du fleuve selon Héraclite, plus tout à fait le même, mais pas tout à fait un autre non plus.

Ce n’est pas qu’une affaire de torsion entre le premier film et son prequel ; il y en a, puisque l’anthropologie remplace la philosophie et que Desplechin a pris des libertés avec la chronologie de son histoire avec Esther. Cela a aussi à voir avec la manière dont un homme charrie des événements oubliés qui peuvent à tout moment refaire surface, des cicatrices mal refermées prêtes à se rouvrir à tout moment. C’est tout le sujet, bouleversant, de Trois souvenirs de ma jeunesse.

à lire aussi
Jimmy P.

Jimmy P.

ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert


«Je me souviens…»

Dedalus, donc, se souvient ; cela le transporte à Roubaix où, enfant, il devait subir la folie de sa mère et les coups de son père. Premier souvenir qui baigne dans la pénombre, comme si les fenêtres de la maison familiale ne devaient jamais s’ouvrir et laisser deviner les secrets qu’elle abrite. Seul rayon de lumière : une grand-tante chez qui Paul trouve refuge, amoureuse d’une vieille immigrée russe qui l’initie, pour la première fois, à une autre culture. Chez Desplechin, l’altérité crée toujours une forme de curiosité et d’humanité, mais jamais il ne l’avait exprimée avec autant de foi et de sincérité qu’ici.

Ce motif, on le retrouve au cœur du deuxième souvenir : Paul a grandi, il a seize ans et s’apprête à faire un voyage scolaire à Minsk. Par l’intermédiaire de son meilleur ami Marc, il est approché pour qu’ensemble ils organisent l’évasion de "refuzniks", des dissidents juifs soviétiques. Le jeune homme va donc accomplir un acte héroïque, mais c’est avant tout pour se rapprocher de l’ami juif dont il ne partage ni la culture, ni la religion. Desplechin se lance alors dans un mini-film d’espionnage qui, évidemment, fait écho à son premier long. Sauf que là où La Sentinelle séparait les choses — l’intime et le politique, les femmes et les hommes, le présent de son personnage et le passé de ceux qu’il croisait — pour créer du romanesque, le geste du cinéaste est ici d’une aisance totale, qu’il s’agisse de filmer des dialogues d’alcôves ou des instants de suspense, le Paul d’aujourd’hui ou celui d’hier. Avec en ligne de mire cette idée sublime : le Dédalus de 16 ans s’est dédoublé, et ce double-là est mort dans un ailleurs qu’il n’a jamais exploré.

à lire aussi
«Jimmy P. est un buddy movie»

«Jimmy P. est un buddy movie»

ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert


Teen Dédalus

Trois souvenirs de ma jeunesse est un film qui croit aux fantômes, ou plutôt qui fait de la mémoire un jeu de spectres pouvant revenir hanter le héros. Mais plutôt que de se laisser aspirer par une forme de morbidité, Desplechin choisit, dans une troisième partie qui occupe à elle seule les trois quarts du film, de laisser circuler l’énergie juvénile de ses personnages à travers une relecture très personnelle du teen movie.

Dès que Paul croise le regard d’Esther, l’image se fragmente en une série de split screens inattendus ; et quand celle-ci arrive à une fête, Desplechin la filme au ralenti, comme l’apparition d’une future reine du lycée. Pas question, toutefois, de perdre de vue ce qui relie chaque segment : si Paul et Esther vivent ensemble une histoire d’amour incandescente, il s’agit avant tout de mesurer toutes les distances qui les séparent. Distance de caractère entre Paul, érudit et littéraire, et Esther, plus nature, plus spontanée ; puis distance géographique entre celle qui reste à Roubaix et celui qui va mener une vie monacale d’étudiant à Paris ; et enfin distance créée par les rencontres et les aventures sexuelles sans lendemain.

La distance, c’est pour Desplechin une autre manière d’aborder la question de l’autre ; et sa réponse est une des plus touchantes qui soient. Là encore, la curiosité de Paul lui permet d’être l’agent qui relie les êtres les plus éloignés — sa visite chez un dealer arabe en est un exemple formidable ; il est aussi celui qui suscite les vocations, qui fait éclore la vérité des autres parce qu’il est celui qui «ne ment jamais», qui soutient l’édifice familial — son frère et sa sœur, beaux personnages secondaires à qui le récit accorde une place discrète mais décisive.

Le geste si fluide, si vif de la mise en scène, qui cherche à tout prix le mouvement — de la caméra, du temps, des saisons, des humeurs — prend alors tout son sens, tant il épouse le caractère de son héros. Mais Esther est aussi, sinon plus, fascinante que Paul — c’est l’occasion de citer les deux excellents comédiens qui les incarnent, Lou Roy-Lecollinet et Quentin Dolmaire. La passion n’éteint pas son tempérament libre et entier ; si Paul la change, c’est parce qu’elle digère leur relation — le souvenir de la conclusion, magnifique, de Comment je me suis disputé… est ici très palpable. Paul, lui, a-t-il vraiment digéré son histoire avec Esther ? L’épilogue ramène le spectateur au présent mais montre qu’à tout moment, un passé non réglé peut réapparaître, amer, et conduire à la solitude.

Un dernier mot sur cette œuvre magistrale : on a souvent dit que Desplechin était l’héritier des maîtres de la Nouvelle Vague. S’il y a beaucoup de Truffaut dans Trois souvenirs de ma jeunesse, on se dit que le cinéaste est plutôt un Scorsese français : capable de s’approprier une tradition pour mieux l’hybrider, la dynamiter et lui donner une nouvelle jeunesse par un appétit de cinéma insatiable. Il est ici, plus que jamais, au sommet de son art.

Trois souvenirs de ma jeunesse
D’Arnaud Desplechin (Fr, 2h) avec Quentin Dolmaire, Lou Roy-Lecollinet, Mathieu Amalric…

En 1996, Paul Dedalus avait trente ans, tentait de terminer sa thèse de philosophie et se séparait de sa compagne Esther. Vingt ans après, il finit une mission d’anthropologue au Tadjikistan, où il partage son lit avec une ravissante autochtone et s’apprête à rentrer en France pour travailler au Quai d’Orsay. De Comment je me suis disputé… (Ma vie sexuelle) à Trois souvenirs de ma jeunesse (Nos Arcadies), Dédalus n’a pas seulement vieilli — et son interprète avec lui, Mathieu Amalric, fiévreux et génial ; il a aussi été transformé par l’œuvre d’Arnaud Desplechin. Lorsqu’il démarre un vaste retour sur lui-même, sur son enfance et son adolescence, ce Dédalus-là n’est, comme l’eau du fleuve selon Héraclite, plus tout à fait le même, mais pas tout à fait un autre non plus.

Ce n’est pas qu’une affaire de torsion entre le premier film et son prequel ; il y en a, puisque l’anthropologie remplace la philosophie et que Desplechin a pris des libertés avec la chronologie de son histoire avec Esther. Cela a aussi à voir avec la manière dont un homme charrie des événements oubliés qui peuvent à tout moment refaire surface, des cicatrices mal refermées prêtes à se rouvrir à tout moment. C’est tout le sujet, bouleversant, de Trois souvenirs de ma jeunesse.

à lire aussi

Jimmy P.

ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert


«Je me souviens…»

Dedalus, donc, se souvient ; cela le transporte à Roubaix où, enfant, il devait subir la folie de sa mère et les coups de son père. Premier souvenir qui baigne dans la pénombre, comme si les fenêtres de la maison familiale ne devaient jamais s’ouvrir et laisser deviner les secrets qu’elle abrite. Seul rayon de lumière : une grand-tante chez qui Paul trouve refuge, amoureuse d’une vieille immigrée russe qui l’initie, pour la première fois, à une autre culture. Chez Desplechin, l’altérité crée toujours une forme de curiosité et d’humanité, mais jamais il ne l’avait exprimée avec autant de foi et de sincérité qu’ici.

Ce motif, on le retrouve au cœur du deuxième souvenir : Paul a grandi, il a seize ans et s’apprête à faire un voyage scolaire à Minsk. Par l’intermédiaire de son meilleur ami Marc, il est approché pour qu’ensemble ils organisent l’évasion de "refuzniks", des dissidents juifs soviétiques. Le jeune homme va donc accomplir un acte héroïque, mais c’est avant tout pour se rapprocher de l’ami juif dont il ne partage ni la culture, ni la religion. Desplechin se lance alors dans un mini-film d’espionnage qui, évidemment, fait écho à son premier long. Sauf que là où La Sentinelle séparait les choses — l’intime et le politique, les femmes et les hommes, le présent de son personnage et le passé de ceux qu’il croisait — pour créer du romanesque, le geste du cinéaste est ici d’une aisance totale, qu’il s’agisse de filmer des dialogues d’alcôves ou des instants de suspense, le Paul d’aujourd’hui ou celui d’hier. Avec en ligne de mire cette idée sublime : le Dédalus de 16 ans s’est dédoublé, et ce double-là est mort dans un ailleurs qu’il n’a jamais exploré.

Teen Dédalus

Trois souvenirs de ma jeunesse est un film qui croit aux fantômes, ou plutôt qui fait de la mémoire un jeu de spectres pouvant revenir hanter le héros. Mais plutôt que de se laisser aspirer par une forme de morbidité, Desplechin choisit, dans une troisième partie qui occupe à elle seule les trois quarts du film, de laisser circuler l’énergie juvénile de ses personnages à travers une relecture très personnelle du teen movie.

à lire aussi

«Jimmy P. est un buddy movie»

ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert


Dès que Paul croise le regard d’Esther, l’image se fragmente en une série de split screens inattendus ; et quand celle-ci arrive à une fête, Desplechin la filme au ralenti, comme l’apparition d’une future reine du lycée. Pas question, toutefois, de perdre de vue ce qui relie chaque segment : si Paul et Esther vivent ensemble une histoire d’amour incandescente, il s’agit avant tout de mesurer toutes les distances qui les séparent. Distance de caractère entre Paul, érudit et littéraire, et Esther, plus nature, plus spontanée ; puis distance géographique entre celle qui reste à Roubaix et celui qui va mener une vie monacale d’étudiant à Paris ; et enfin distance créée par les rencontres et les aventures sexuelles sans lendemain.

La distance, c’est pour Desplechin une autre manière d’aborder la question de l’autre ; et sa réponse est une des plus touchantes qui soient. Là encore, la curiosité de Paul lui permet d’être l’agent qui relie les êtres les plus éloignés — sa visite chez un dealer arabe en est un exemple formidable ; il est aussi celui qui suscite les vocations, qui fait éclore la vérité des autres parce qu’il est celui qui «ne ment jamais», qui soutient l’édifice familial — son frère et sa sœur, beaux personnages secondaires à qui le récit accorde une place discrète mais décisive.

Le geste si fluide, si vif de la mise en scène, qui cherche à tout prix le mouvement — de la caméra, du temps, des saisons, des humeurs — prend alors tout son sens, tant il épouse le caractère de son héros. Mais Esther est aussi, sinon plus, fascinante que Paul — c’est l’occasion de citer les deux excellents comédiens qui les incarnent, Lou Roy-Lecollinet et Quentin Dolmaire. La passion n’éteint pas son tempérament libre et entier ; si Paul la change, c’est parce qu’elle digère leur relation — le souvenir de la conclusion, magnifique, de Comment je me suis disputé… est ici très palpable. Paul, lui, a-t-il vraiment digéré son histoire avec Esther ? L’épilogue ramène le spectateur au présent mais montre qu’à tout moment, un passé non réglé peut réapparaître, amer, et conduire à la solitude.

Un dernier mot sur cette œuvre magistrale : on a souvent dit que Desplechin était l’héritier des maîtres de la Nouvelle Vague. S’il y a beaucoup de Truffaut dans Trois souvenirs de ma jeunesse, on se dit que le cinéaste est plutôt un Scorsese français : capable de s’approprier une tradition pour mieux l’hybrider, la dynamiter et lui donner une nouvelle jeunesse par un appétit de cinéma insatiable. Il est ici, plus que jamais, au sommet de son art.

Trois souvenirs de ma jeunesse
D’Arnaud Desplechin (Fr, 2h) avec Quentin Dolmaire, Lou Roy-Lecollinet, Mathieu Amalric…

Crédit Photo : © Jean-Claude Lother - Why not productions


Trois souvenirs de ma jeunesse Trois souvenirs de ma jeunesse

Trois souvenirs de ma jeunesse

D'Arnaud Desplechin (Fr, 2h) avec Quentin Dolmaire, Lou Roy Lecollinet...

D'Arnaud Desplechin (Fr, 2h) avec Quentin Dolmaire, Lou Roy Lecollinet...

voir la fiche du film

Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient… De son enfance à Roubaix… Des crises de folie de sa mère… Du lien qui l’unissait à son frère Ivan, enfant pieux et violent…Il se souvient… De ses seize ans… De son père, veuf inconsolable… Et surtout, Paul se souvient d’Esther. Elle fut le cœur de sa vie.

voir la fiche du film

Partager Twitter

pour aller plus loin

Jimmy P.

Jimmy P.

Mardi 30 novembre 1999 par Christophe Chabert

ECRANS | Changement d’époque et de continent pour Arnaud Desplechin : dans l’Amérique des années 50, un ethnologue féru de psychanalyse tente de comprendre le mal-être (...)

«Jimmy P. est un buddy movie»

«Jimmy P. est un buddy movie»

Mardi 30 novembre 1999 par Christophe Chabert

ECRANS | Rencontre avec Arnaud Desplechin autour de son dernier film, «Jimmy P.» et des nombreux échos qu’il trouve avec le reste de son œuvre, une des plus (...)

Arnaud Desplechin : «L'altérité, c'est le sel absolu.»

Arnaud Desplechin : «L'altérité, c'est le sel absolu.»

Mardi 19 mai 2015 par Christophe Chabert

ECRANS | Paul Dédalus, les jeunes comédiens, Roubaix, Mathieu Amalric et l’appétit pour les autres : le cinéaste Arnaud Desplechin aborde avec nous les grands sujets (...)

"Roubaix" : prix Jacques Deray

ECRANS par Vincent Raymond le Mardi 18 février 2020 | (À lire à haute voix, façon Stéphane de Groodt) « —Prenons les paris, ce sera Roubaix. —Quoi donc ? —Le César, à Paris le 28 février. —Sauf si Ly l'a, (...)

Arnaud Desplechin : « J’arrive enfin à rendre hommage à un Roubaix que j’adore »

Roubaix, une lumière par Vincent Raymond le Mardi 20 août 2019 | Arnaud Desplechin délaisse, en apparence, la veine introspective pour signer un film noir tiré d’un fait divers authentique survenu dans sa ville natale. (...)

Divers faits d’hiver : "Roubaix, une lumière"

Thriller par Vincent Raymond le Mardi 20 août 2019 | Arnaud Desplechin retourne dans son Nord natal pour saisir le quotidien d’un commissariat de police piloté par un chef intuitif et retenu. Un polar (...)

Paris est une quête : "Synonymes"

Le Film de la Semaine par Vincent Raymond le Mardi 26 mars 2019 | Un jeune Israélien rejetant son pays et sa langue s’installe à Paris en guise de protestation et mène une existence de bohème. Un roman d’apprentissage aux (...)

J’ai piscine : "Le Grand Bain"

Comédie par Vincent Raymond le Mardi 16 octobre 2018 | de Gilles Lellouche (Fr., 2h02) avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde… (...)

La barbe ! (à ras) : "Barbara" de Mathieu Amalric

Biopic par Vincent Raymond le Mardi 5 septembre 2017 | de et avec Mathieu Amalric (Fr, 1h37) avec également Jeanne Balibar, Vincent Peirani… (...)

"Les Fantômes d’Ismaël" : retour magistral pour Arnaud Desplechin

Le Film de la Semaine par Vincent Raymond le Mardi 16 mai 2017 | Arnaud Desplechin entraîne ses personnages dans un enchâssement de récits, les menant de l’ombre à la lumière, de l’égoïsme à la générosité dans un thriller romanesque (...)

"Sage Femme" : critique et interview de Martin Provost

ECRANS par Julien Homère le Mardi 21 mars 2017 | Sage-femme, Claire travaille dans une maternité qui va bientôt fermer. Sa vie se retrouve chamboulée par l’irruption de Béatrice, amante de son défunt père. (...)

"À Jamais" : possession, le retour

ECRANS par Vincent Raymond le Mardi 6 décembre 2016 | de Benoît Jacquot (Fr-Port, 1h30) avec Mathieu Amalric, Julia Roy, Jeanne Balibar… (...)

La Chambre bleue

ECRANS par Christophe Chabert le Mardi 13 mai 2014 | Comme un contre-pied à "Tournée", Mathieu Amalric livre une adaptation cérébrale, glacée et radicale d’un roman de Simenon, où l’exhibition intime se heurte (...)

  • Tags
  •   Trois+souvenirs+de+ma+jeunesse
  •   Arnaud+Desplechin
  •   Quentin+Dolmaire
  •   Lou+Roy-Lecollinet
  •   Mathieu+Amalric
Article précédent

Prochain Ciné Brunch ce dimanche

Article précédent

Prochain Ciné Brunch ce dimanche

Article suivant

Le Circuit Nuits Sonores 2015 en trois étapes

Article suivant

Le Circuit Nuits Sonores 2015 en trois étapes

 

Cinéma

trouvez une séance près de chez vous

je lance ma recherche !

BONS PLANS & CONCOURS

Gagnez des places de cinéma, de concerts, et des invitations aux spectacles

Tentez votre chance

Recherchez un article

Search for:

LE FILM DE LA SEMAINE

Sous les étoiles de Paris

De Claus Drexel (Fr, 1h30) avec Catherine Frot, Mahamadou Yaffa, Jean-Henri Compère

Depuis de nombreuses années, Christine vit sous un pont, isolée de toute famille et amis. Par une nuit comme il n’en existe que dans les contes, un jeune garçon de 8 ans fait irruption devant son abri. Suli ne parle pas français, il est perdu, séparé de sa mère… Ensemble, ils partent à sa recherche. A travers les rues de Paris, Christine et Suli vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser. Et Christine à retrouver une humanité qu’elle croyait disparue.

Voir les salles et horaires du film

Petit Bulletin


Edité à 45 000 exemplaires à Lyon le Petit Bulletin est distribué gratuitement et en libre service tous les mercredis dans plus de 1 000 points.
Le Petit Bulletin est édité par le Groupe Unagi.



Lisez le n°994 en PDF
VOIR NOS ARCHIVES

Liens Utiles

  • Qui sommes nous ?
    Envoyez un programme
    Archives du journal
    Diffusion
    Recrutement
    Coordonnées
    Publicité
    Articles partenaires

Partenaires

  • Groupe Unagi
    Spot
    Hétéroclite
    Cours et Stages à lyon
    Diffusion Active
    Agence Tintamarre
    IF
    Rue89Lyon
    Lyon City Crunch
    PB LIVE
    PB FESTIVAL

Contact

  • Le Petit Bulletin 16 , rue du Garet
    BP1130 - 69203 Lyon cedex 01
    Tel : 04 72 00 10 20
    Fax : 04 72 00 08 60
    Tous les contacts sur cette page
Copyright Le Petit Bulletin 2021 | Tous droits réservés.

Articles : Dossiers | Concours | Entretiens et portraits | News | Critiques cinéma | Vidéos

Archives : Clipothèque | DVD Cinéma | CD Musique | Livres | Bande Dessinée | Jeux Vidéo | Archives Blogs | Archives Agenda | Sorties de la semaine |

Agenda films : à l'affiche aujourd'hui | Sorties de la semaine | Sorties de la semaine prochaine | Tous les films | Festivals | Salles de cinéma