Le Mépris, le plan cul de Godard
Redoutable Reprise le Mardi 12 septembre 2017 | par Vincent Raymond
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1967. Au sommet de sa gloire, Jean-Luc n’est pas à une contradiction près : s’il provoque en public en professant des slogans marxistes ou égalitaristes, il aspire en privé à une union conformiste de petit-bourgeois jaloux avec la jeune Anne. Tiraillé entre son Mao et son Moi, le cinéaste passe de l’idéologie au hideux au logis. L’insuccès de La Chinoise ne va rien arranger…
Toutes proportions gardées, la vision du Redoutable rappelle celle de AI (2001), cette étonnante symbiose entre les univers et manière de deux cinéastes (l’un inspirateur, l’autre réalisateur), où Spielberg n’était jamais étouffé par le spectre de Kubrick. L’enjeu est différent pour Hazanavicius, à qui il a fallu de la témérité pour se frotter à un Commandeur bien vivant — certes reclus et discret, mais toujours prompt à la sentence lapidaire ou la vacherie définitive.
En savant théoricien-praticien de l’art du détournement, Hazanavicius a extrait du récit autobiographique d’Anne Wiazemsky Un an après une substance purement cinématographique et godardienne (faite de références intellectuelles, de calembours à tiroirs, de charades ou rébus visuels, de ruptures narratives et stylistiques), qui dépeint sans déférence ni cruauté un JLG égaré, à la fois fragile et tyrannique. Il lui ôte ses lourds oripeaux de génie pour le ravaler à sa condition de grand petit homme naïf, avide d’amour et d’un gourou pour lui donner l’Est. Respectant autant l’œuvre qu’il “irrespecte” les travers de l’artiste — à l’instar de Stephen Hopkins pour Moi, Peter Sellers (2004), rare exemple de biopic avec point de vue — le réalisateur oscarisé se montre, sinon un héritier, du moins un disciple indirect de l’auteur du Mépris : il conjugue maîtrise, insolence et érudition. Avec un supplément d’affectueuse tendresse — élément dont on a hélas perdu trace depuis longtemps dans la production du misanthrope résident rollois.
Redoutable Reprise le Mardi 12 septembre 2017 | par Vincent Raymond
Peut-être que ce film permettra à Godard, si jamais il consent à le voir, de comprendre son divorce avec sa femme, avec son public, avec lui-même… Même si tout cela désormais appartient à l’Histoire ; même un demi-siècle après, vieux mot soixante-huitard que jamais.
Le Redoutable de Michel Hazanavicius (Fr, 1h 42) avec Louis Garrel, Stacy Martin, Bérénice Bejo…
1967. Au sommet de sa gloire, Jean-Luc n’est pas à une contradiction près : s’il provoque en public en professant des slogans marxistes ou égalitaristes, il aspire en privé à une union conformiste de petit-bourgeois jaloux avec la jeune Anne. Tiraillé entre son Mao et son Moi, le cinéaste passe de l’idéologie au hideux au logis. L’insuccès de La Chinoise ne va rien arranger…
Toutes proportions gardées, la vision du Redoutable rappelle celle de AI (2001), cette étonnante symbiose entre les univers et manière de deux cinéastes (l’un inspirateur, l’autre réalisateur), où Spielberg n’était jamais étouffé par le spectre de Kubrick. L’enjeu est différent pour Hazanavicius, à qui il a fallu de la témérité pour se frotter à un Commandeur bien vivant — certes reclus et discret, mais toujours prompt à la sentence lapidaire ou la vacherie définitive.
En savant théoricien-praticien de l’art du détournement, Hazanavicius a extrait du récit autobiographique d’Anne Wiazemsky Un an après une substance purement cinématographique et godardienne (faite de références intellectuelles, de calembours à tiroirs, de charades ou rébus visuels, de ruptures narratives et stylistiques), qui dépeint sans déférence ni cruauté un JLG égaré, à la fois fragile et tyrannique. Il lui ôte ses lourds oripeaux de génie pour le ravaler à sa condition de grand petit homme naïf, avide d’amour et d’un gourou pour lui donner l’Est. Respectant autant l’œuvre qu’il “irrespecte” les travers de l’artiste — à l’instar de Stephen Hopkins pour Moi, Peter Sellers (2004), rare exemple de biopic avec point de vue — le réalisateur oscarisé se montre, sinon un héritier, du moins un disciple indirect de l’auteur du Mépris : il conjugue maîtrise, insolence et érudition. Avec un supplément d’affectueuse tendresse — élément dont on a hélas perdu trace depuis longtemps dans la production du misanthrope résident rollois.
Redoutable Reprise le Mardi 12 septembre 2017 | par Vincent Raymond
Peut-être que ce film permettra à Godard, si jamais il consent à le voir, de comprendre son divorce avec sa femme, avec son public, avec lui-même… Même si tout cela désormais appartient à l’Histoire ; même un demi-siècle après, vieux mot soixante-huitard que jamais.
Le Redoutable de Michel Hazanavicius (Fr, 1h 42) avec Louis Garrel, Stacy Martin, Bérénice Bejo…
Crédit Photo : © DR
De Michel Hazanavicius (Fr, 1h47) avec Louis Garrel, Stacy Martin...
De Michel Hazanavicius (Fr, 1h47) avec Louis Garrel, Stacy Martin...
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Paris 1967. Jean-Luc Godard, le cinéaste le plus en vue de sa génération, tourne La Chinoise avec la femme qu'il aime, Anne Wiazemsky, de 20 ans sa cadette. Ils sont heureux, amoureux, séduisants, ils se marient. Mais la réception du film à sa sortie enclenche chez Jean-Luc une remise en question profonde. Mai 68 va amplifier le processus, et la crise que traverse Jean-Luc va le transformer profondément passant de cinéaste star en artiste maoiste hors système aussi incompris qu'incompréhensible.
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