Sauvage innocence aux Halles du Faubourg

Les nouveaux sauvages

Les Halles du Faubourg

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Art / Réunissant plusieurs structures artistiques et des plasticiens de tous horizons, Les Nouveaux Sauvages investissent les Halles du Faubourg, une ancienne usine lyonnaise. Retour sur la soirée d'inauguration et notre regard sur l'expo.

Vendredi 5 octobre dans le septième arrondissement, 19h30. L'atmosphère est douce, presque estivale, sereine et bon enfant... Une longue file d'indiennes et d'indiens lyonnais s'étend depuis l'Impasse des Chalets pour déboucher dans le grand tipi de 1200 m² des Halles du Faubourg qui accueille l'exposition-événement Les Nouveaux sauvages. Avant de pouvoir y pénétrer, deux cow-boys sympathiques et bonhommes, en des gestes aujourd'hui ritualisés, fouillent les sacs des peaux rouges amateurs d'art.

Si l'on avait laissé chez soi flèches et tomahawks, il devenait alors possible de découvrir une ancienne usine retoquée avec goût par quelques jeunes architectes d'intérieur et scénographes, espace rythmé par des éléments métalliques repeints en bleu. Au sein de ce beau volume, voué à une existence artistique éphémère avant projet immobilier, d'autres tipis sont dressés : une grande tente d'aspect militaire où le collectif lyonnais Frigo&Co présente une installation vidéo démultipliant des yeux borgnes autour du spectateur ; et une cabane-tipi hérissée de phallus roses où une artiste a tissé, à l'intérieur, de vieilles bandes magnétiques du 20e siècle... Ailleurs encore, dans un antre obscur, une jument est bien présente et en train d'être lavée, mais en vidéo !

Un parfum poivré de pays inconnus

L'atmosphère intérieure s'avère elle-aussi être des plus sympathiques, et l'on s'autorise même à fumer en toute quiétude notre calumet électronique, cheminant de tipi en tipi, puis, autour, de photographies en peintures, ou en graffs imposants et multicolores.

Ce vendredi-là c'est soir d'inauguration, les dieux sont couchés et tout est permis ou presque, entre membres de la tribu. Il est écrit en lettres de sang sur la feuille de salle : « Les Nouveaux Sauvages c'est une tribu éphémère, une société sans état ni hiérarchie verticale. Une tribu d'artistes et une tribu de structures partageant un même territoire et quelques intentions fortes : expérimenter de nouvelles formes d'exposition, rendre plus accessible au public l'art contemporain, briser ses frontières et ses clans. Ouvrir à sa diversité. »

Il y aurait bien des nuances à apporter pour relier cette déclaration d'intention à une réalité beaucoup plus civilisée (pendant les discours officiels, on s'attendait par exemple à ce que le mouvement punk soit cité, mais c'est Aznavour qui le fut, Aznavour ce sauvage selon le Fisc français), mais passons. Passons par exemple au joli film de Guillaume Robert en split-screen, montrant avec simplicité, frontalité, sans commentaire, la vie dans un coin de campagne française. La campagne avec ses loups qui hurlent, ses artisans aux gestes précis (qui font de la couture, du débroussaillage et d'autres choses), son savoir faire et son "care" des hommes et des lieux.

Une lande tondue devant soi

La nature de Guillaume Robert est douce et un peu brutale, humaine et un peu sauvage. Il n'y a pas d'indien dans le film de l'artiste comme il n'y en a guère dans les autres œuvres ou parmi le public. Heureusement peut-être, car comment aurait réagi un indien aux signaux de fumée lui annonçant que Col(l)omb re-débarque sur ses terres ? Et qu'il sera de toute façon techniquement difficile d'obtenir son scalp...

On l'aura compris, ici, Les Nouveaux Sauvages, ce n'est pas une histoire de cris ni de corps, de hurlements ni de violence, mais de petits changements discrets d'état d'esprit : une organisation jeune pour un lieu cool et des gens sympas ayant soif d'artistes hétéroclites (et il y a un bar aussi). Et s'il fallait résumer ce projet d'un coup de plume, c'est à celle de Kafka que l'on repense :

« si l'on pouvait être un Peau-Rouge, toujours paré, et, sur son cheval fougueux, dressé sur les pattes de derrière, sans cesse vibrer sur le sol vibrant, jusqu'à ce qu'on quitte les éperons, car il n'y avait pas d'éperons, jusqu'à ce qu'on jette les rênes, car il n'y avait pas de rênes, et qu'on voie le pays devant soi comme une lande tondue, déjà sans encolure et sans tête de cheval. »

Les Nouveaux Sauvages
Aux Halles du Faubourg ​jusqu'au 11 novembre

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