La Métropole se lance dans l'urbanisme transitoire

Urbanisme / Le président de la Métropole David Kimelfeld a décidé de faire de l'urbanisme transitoire un axe fort de la fin de son mandat comme de sa campagne électorale à venir, lançant des projets visant Fagor-Brandt, la Halle Debourg ou les Halles Sernam à Jean Macé : tour d'horizon des réflexions menées ici autour de ce sujet à la mode dans les grandes métropoles.

Fagor-Brandt, où se déroule actuellement la Biennale d’Art Contemporain, va devenir un lieu culturel pérenne ?
David Kimelfeld :
On ne dit pas que ce sera un lieu culturel pérenne, mais que l’on s’inscrit vraiment dans l’urbanisme transitoire. L’usine Fagor-Brandt est un lieu où dans ce cadre, il faut que l’on développe des projets, sans doute avec une identité culturelle forte. On y a accueilli Nuits sonores et aujourd’hui la Biennale d’Art Contemporain. Je souhaite que l’on y héberge les bureaux des biennales dans les prochaines semaines. Derrière, un certain nombre de projets dans le cadre de la Biennale de la Danse pourraient se développer sur ce site. Pour la suite, on en est à construire autour de l’urbanisme transitoire : je ne sais pas si c’est pour cinq ou dix ans. Comme tout urbanisme transitoire, soit ça préfigure de nouveaux usages, soit ça occupe un lieu en attente d’une utilisation complètement différente. Sur Fagor-Brandt, on voit bien la force du lieu grâce à la Biennale. Mais nous ne sommes pas en train de remettre ces bâtiments aux biennales ! D’autres idées peuvent être accueillies, ça reste encore à définir avec un collectif.

Mais y a-t-il des événements programmés ?
À part Dominique Hervieu qui a déjà des idées dès la fin de la Biennale d’Art Contemporain, pour l’instant rien de précis : c’est un travail que l’on va enclencher. C’était un vrai pari d’accueillir la Biennale d’Art Contemporain et le sentiment que j’en ai, c’est que ça va être réussi. À partir de ça, on peut bâtir autre chose.

Les bureaux des biennales vont s’y installer. D’autres structures sont pressenties ?
On n’en est pas là. Il faut d’abord que l’on parle projets, ensuite on met les gens. L’urbanisme transitoire ne doit pas être l’opportunité de trouver des locaux pour les uns et les autres. On n’est pas là pour ouvrir des bureaux. Et on parle culture, mais ça peut aussi être économie circulaire, activité économique et artisanat : on est sur des champs assez élargis.

Le but est de mélanger social, culture, sport, pas d’avoir des lieux ciblés.
On a une pratique de gestion mutualisée des lieux. Si on ré-institutionnalise l’urbanisme transitoire, on aura loupé l’objectif. Ce qui fait sa force, c’est le foisonnement et le croisement des sujets. Si demain ça redevient la propriété des uns ou des autres, ce n’est plus de l’urbanisme transitoire.

La Halle Debourg devient aussi un lieu événementiel, voire culturel, dans ce même cadre ?
On a fait Peinture Fraîche sur cette halle (NdlR : co-organisé par Le Petit Bulletin), le festival de street art. On voit bien là qu’il y a une opportunité, une sorte d’identité autour du street art. Il peut y avoir une identité forte sur un lieu, sans en exclure d’autres usages. C’est un peu l’esprit pour Fagor-Brandt : il y a l’identité des biennales, mais on ne va pas exclure d’autres usages. Et c’est à partir de ça qu’il faut travailler sur la Halle Debourg. L’avantage du street art, c’est que ce sont les murs et les façades qui sont utilisés, on peut faire d’autres choses dans la halle en même temps. On a accueilli un défilé de mode déjà : on peut imaginer des tas de choses à venir dans cette halle. Après on a d’autres lieux, comme Solyem à Saint-Priest, là peut-être que l’identité forte sera l’activité artisanale. On s’éloigne un peu de la culture pour aller vers l’entrepreneuriat, même si les choses peuvent être croisées.

La ligne directrice de l’ensemble de ces projets ?

C’est de se dire qu’on a des lieux, et que l’on peut proposer une offre d’accueil alternative soutenant nos politiques publiques : la culture, l’économie, l’entrepreneuriat, l’économie circulaire. Le second point, c’est de se dire que ces lieux peuvent participer à des innovations et des développements de projets de ville. Multi-identités !

Ce sont des projets qui réunissent de nombreux acteurs différents, comment les faire travailler ensemble ?
La Métropole peut jouer un rôle d’ensemblier. C’est pour ça que j’ai pris l’initiative : d’abord, la Métropole a des locaux en propre. Mais on peut être aussi l’ensemblier pour des initiatives privées. D’autres lieux de notre programme sont privés, je pense au site SNCF des Halles Sernam à Jean Macé où on a commencé à mettre les acteurs autour de la table pour travailler ensemble.

Vous dites que vous allez vous faire accompagner par des professionnels de l’occupation temporaire pour ces projets : qui sont-ils ?
Oui. Il y en a beaucoup aujourd’hui, comme Intermède ou d’autres, beaucoup de collectifs. On a des équipes qui sont en mesure d’animer ces lieux, de les organiser, y compris aussi d’anticiper leur sortie car qui dit urbanisme transitoire, dit à un moment donné une fin. Et ils sont capables de trouver les modèles économiques pour que ça marche. Car ça ne peut pas marcher à coup de subvention, ça ce n’est juste pas possible. L’intérêt des collectifs qui sont mobilisés autour de la gestion de l’urbanisme transitoire, c’est que ce sont des professionnels qui savent gérer toutes ces dimensions, car il faut être rassurant auprès des collectivités et des privés. C’est le cas notamment des Halles du Faubourg actuellement.

Vous dites aussi que ces lieux sont en neutralité financière ?
La Métropole peut apporter dans un premier temps de l’investissement sur certains endroits. Mais ça ne doit pas être des lieux subventionnés. Il faut un modèle économique et un fonctionnement qui assure la neutralité financière pour la collectivité. On n’est pas fermé à de l’investissement à un moment donné, comme à Fagor-Brandt où il fallait remettre en état le chauffage et la sécurité.

Qu’en est-il de La Saulaie à Oullins, où le Ninkasi envisage de s’installer ?
On va avoir sur La Saulaie un projet urbain fort. Un certain nombre d’initiatives pourraient préfigurer l’aménagement définitif du site. On n’est pas vraiment dans l’urbanisme transitoire au sens habituel, les installations qui viendront préfigurer devraient être définitives. Effectivement, le Ninkasi, sans déménager de Gerland, c’est important de le dire, s’interroge sur le fait de s’implanter sur ce lieu. C’est un vaste espace avec un fort enjeu de logement, de développement économique, où bien d’autres projets sont prévus.

L’ancienne École des Beaux-Arts à la Croix-Rousse : son avenir fait débat au sein des habitants du 1er arrondissement. Ce bâtiment ne pourrait-il pas s’inscrire dans votre vision de l’urbanisme transitoire ?
C’est un projet qui est avant tout Ville de Lyon, dans la mesure où le maire s’est exprimé à plusieurs reprises sur les projets qu’il souhaitait développer sur l’École des Beaux-Arts, qui sont déjà bien enclenchés par la Ville. Tout le monde n’est pas d’accord je crois… Je vais éviter que la Métropole vienne mettre son nez dans ce sujet-là, on a d’autres projets à réaliser avant.

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