En rose et noir

Musique / En guise d’amuse-gueule et de flatte-oreille de ce début d’année, le Marché Gare nous sert sur un plateau l’une des sensations de 2009. Type de sensations ? Frissons, oreilles bourdonnantes, état fébrile, tremblements. Grippe A ? Coup de foudre ? Non, The Big Pink. Stéphane Duchêne

Ne pas se fier à ce nom trompeur, The Big Pink. La vie musicale telle que conçue par Robbie Furze et Milo Cordell ne se voit pas en rose, pas plus que son psychédélisme nouveau siècle ne charrie des troupeaux d’éléphants de la même couleur. Un temps, il fut question que ce duo électro-rock londonien se nomme The Big Black, ce qui aurait eu le mérite d’annoncer la couleur sur fond de «noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir». Mais dans le monde des groupes en «black quelque chose» on ne s’y retrouve plus guère, avançant en aveugle dans pléthore de formation à la noirceur affichée par les riffs de métal blanc (Black Rebel Motorcycle Club, Black Angels…). En fin de compte, ici, il n’est pas question que de noirceur. Le duo ne s’est-il pas fait une place au panthéon 2009 des groupes à suivre avec Dominos, prodigieux et enthousiasmant hymne down tempo en forme de vague à l’âme minimaliste prêt à tout emporter ? Dominos comme la théorie de McNamara donc, mais qui en lieu et place de pays tombant sous le charme de l’idéologie communiste verrait succomber un à un les fans du petit (grand) disque rose, compagnon idéal de tout type de récession. «Enfants du Velvet»
«Une brève histoire de l’amour», donc, comme annoncée par le titre de leur album, mais qui devrait durer car le groupe affiche quelques belles promesses. Envisagé un temps comme commerce drum n’bass, tâtant du hardcore comme on s’aiguise les dents à la meule, The Big Pink n’est pas non plus, à l’instar des compères écossais Glasvegas, indifférent à la soul. Mélange détonnant, au finale, qui donne un côté les «Enfants du Velvet chantent Dock of The Bay», version remix, ou My Bloody Valentine braqué par le toupet légendaire de l’artilleur Phil Spector. Et, comme chez les merveilleux Raveonettes, abonnés aux mêmes références, derrière les mélodies parfois évidentes se joue une complexité qu’on ne soupçonne pas au premier abord. Et qui unifie chacun des morceaux, soit autant d’épisodes amoureux, en un ensemble chaotique comme une histoire d’amour interlope à rebondissements. Où la grandiloquence des élans du cœur alternerait avec les desseins plus sombres de l’âme. Où le côté «big», bigrement désespéré, viendrait assombrir la couleur «pink» de l’apaisement. Pour midinettes à blouson noir. THE BIG PINK
Au Marché Gare, vendredi 22 janvier
“A Brief History of Love” (4AD/Beggars Banquet)

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