Roméo Elvis : Bruxelles arrive

Une voix rauque mais chantante, un rap mélodique posé sur les beats du producteur électro Le Motel, voilà la recette suave des deux derniers albums de Roméo Elvis, sobrement intitulés Morale et Morale 2. Après deux premiers EPs en solo, la rencontre avec Le Motel fait des étincelles et leur style bien particulier naît du mélange de leurs deux univers : « il a "électronisé" mon style et moi j’ai "hipopisé" le sien » dixit Roméo. Rappeur éclectique, ce Bruxellois de 24 ans fan de Jimi Hendrix considère le rap comme de la « poésie rythmique ». De ses études de dessin et de photographie, il garde un sens esthétique développé que l’on retrouve dans ses clips et son collectif Straussphere qui mêle musique, photo et vidéo.

Bruxelles

« Bruxelles arrive, on est serré dans une caisse » : en featuring avec Caballero, l’un de ses acolytes de la nouvelle vague du rap belge (qui compte dans ses rangs JeanJass, Damso, Hamza...) ce morceau, qui l'a révélé, fait figure de prophétie. Leur nonchalance et leur humour typiquement local ravigotent un game souvent sombre. C’est peut-être ce qui distingue ces jeunes artistes d’outre-Quiévrain du rap français, dont le lourd héritage incite moins à la déconne. Eux jouent au second degré, avec une approche légère et foutraque, et produisent une sorte de méta-rap qui fait semblant de se prendre au sérieux.

Juliette

Roméo Johnny Elvis Kiki Van Laeken, de son vrai nom, n’essaie pas de se faire passer pour le gangster qu’il n’est pas, même si ses textes restent dans les clous du genre, notamment ceux des peines de cœur. Avec Lenita, Morale, Drôle de question, Les hommes ne pleurent pas… il parle beaucoup de filles, mais reste loin des clichés macho qui règnent dans le style. Ne vous méprenez pas : c'est une bête de scène, attendez-vous à le voir faire le pitre avec son crocodile (en plastique) et finir en sueur et torse nu. Soyez vifs les frouzes.