Art contemporain et numérique : événements à venir

Jonathan Bréchignac

Pour trouver l'inspiration dans son travail, Jonathan Bréchignac prend comme point de départ les phénomènes naturels qui, malgré les explications scientifiques, gardent un pouvoir de fascination intact, tels que les algues bioluminescentes, les scarabées irisés, les réfractions lumineuses ou les pierres mouvantes, pour les réinterpréter à travers la sculpture, l'installation et la peinture.

Notre avis : S'organisant comme une méditation sur la matière et ses passages d'état, l'exposition de Jonathan Brechignac compose un champ sensible où les éléments (branches, pigment, poussière) oscillent entre apparition et effacement. Dans ses œuvres, le geste éparpillant le pollen de pin active une tension fragile, occasionnant la création de lieux d'équilibre où les traces se muent en respiration, et la forme en méditation. La narration laisse ici la place à l'évocation ainsi qu'à des formes naissantes et déjà sur le point de disparaitre, questionnant l'acte de voir et ses dogmes.

Thomax Lacroix

Vernissage le 27 novembre de 17h à 20h. Diplômé des Beaux-Arts de Lyon, Thomas Lacroix s’appuie sur les premiers outils d’intelligence artificielle générative d’images pour créer une première esquisse, qui sera ensuite triée, manipulée et transformée jusqu’à ce que surgissent des formes inattendues, à l’apparence photographique.

Marina Tziara

Dans son travail, l'artiste grecque Marina Tziara explore comment les histoires d’exil, de déplacement et de survie se transforment en traversant de nouveaux corps, lieux et souvenirs. Dans sa série Les Carcasses, exposée à la Galerue, elle réunit des formes sculpturales qui portent l’absence et appellent à la réanimation.

Histoires personnelles / Réalités politiques

Conçue comme un dialogue entre les musées d'art contemporain de Lyon et Belgrade, cette nouvelle double exposition propose un accès à la création contemporaine de Serbie et d'ex-Yougoslavie, dont les œuvres restent encore très peu présentes dans les collections publiques françaises afin d'explorer le rôle que joue l'art dans la compréhension des changements politiques, sociaux et culturels d'une époque.

Notre avis : Avec une centaine d'œuvres réparties sur les deux premiers niveaux du musée, Histoires personnelles / Réalités politiques met en résonance les collections d'art contemporain de Lyon et de Belgrade. L'exposition, s'articulant autour des tensions entre l'intime et le collectif, le vécu individuel et l'histoire partagée, dresse à la fois un tableau du passé récent des deux pays ainsi que des volontés politiques inscrites au sein des collections. Les œuvres, lieux de réverbération de réalités historiques, s'interrogent sur le concept même de relation, dans une inédite interaction.

Efflorescence / Tel est notre éveil

Pour la première fois en France, le Musée d'art contemporain de Lyon propose de découvrir les œuvres des artistes Rajni Perera et Marigold Santos, deux figures prolifiques de la scène artistique canadienne toutes deux marquées dès l'enfance par l'expérience de l'immigration. Pensée en duo, cette exposition évoque leurs expériences personnelles et les recherches sur leurs héritages culturels respectifs en réunissant des peintures, dessins et sculptures réalisés par les artistes entre 2019 et 2024, ainsi que des œuvres collaboratives.

Notre avis : Incarnation de la connivence entre deux artistes liées par une histoire personnelle et familiale traversée d'échos diasporiques, l'exposition s'ouvre avec Artifact, vaste frise en noir et blanc dont les dix mètres condensent une mémoire fragmentée. Des strates de fusain et d'encre, ponctuées de résonances et de vides, convoquent à la fois les savoirs ancestraux ainsi que les traces d'une histoire coloniale marquée par la dispersion. En contrepoint, l'œuvre éponyme de 2023 cristallise l'étincelle initiale.

La beauté est partout

La galerie Manifesta accueille, le temps d'une exposition, la galerie Claire Gastaud pour une réflexion intime sur noter propre perception de la beauté, à travers de œuvres de Coraline de Chiara, Roland Cognet, Léo Dorfner, Delphine Gigoux-Martin, MC Mitout, Tania Mouraud, Milène Sanchez, Erik Schmidt et Vladimir Skoda.

Notre avis : La beauté suggérée par le titre n'apparaît jamais comme un attribut stable des œuvres présentées à Manifesta par la galerie Claire Gastaud, mais elle naît au contraire du déplacement de notre perception, de cette manière qu'ont les pièces de dérégler puis de réaccorder nos sens. Les œuvres agissent comme des ondes modifiant l'air autour de nous, jouant sur nos souvenirs de lumière ou déplaçant notre propre équilibre. De ce fait, le monde ne devient intense que dans la mesure où notre regard accepte de se reconfigurer : beauté comme opération vivante, plutôt que qualité intrinsèque des choses.

The good you do will follow you

Réunis pour la première fois dans un duo show inédit, les artistes Wes Lang et Julien Jaca entreprennent un dialogue entre l'univers du tatouage et celui de la peinture, puisant dans une iconographie regroupant d'innombrables icônes du folklore ouest-américain.

Notre avis : Incarnant une juxtaposition signifiante, les œuvres de Julien Jaca et Wes Lang n'affichent pas une communication immédiate et évidente, optant plutôt pour la clandestinité d'un réseau hypoderme de renvois et sources communes. Sur la surface, le trait, la couleur, la figure, semblent se tenir sur le bord d'un basculement, comme des gestes qui, agissant depuis leur obscurité originaire, questionnent la visibilité. Tout regard gagnant doucement la proximité de ces œuvres se retrouve ainsi happé dans le mouvement naissant du sens, lente intensification du réel.

Josèfa Ntjam

Vernissage le 2 octobre à 18h30. Trois figures résistantes africaines, Marthe Ekemeyong Moumié, Élisabeth Djouka et Mafory Bangoura, prennent la forme d'avatars, Persona, Marthe et Saturna, pour partager les connaissances du réseau des mémoires noires, des lignées matriarcales, des identités queer et des histoires occultées, mêlées aux cosmogonies dogons, fang, bassa ainsi qu'aux mythes diasporiques nés dans l’exil.

Notre avis : À Villeurbanne et à la Part-Dieu, Josèfa Ntjam construit des environnements saturés où se heurtent héritages occultés, fragments technologiques et voix multiples. S'opposant à la narration linéaire, son œuvre incarne une traversée discontinue, où archives, sons et formes composites s'entrechoquent pour produire des images neuves. L'installation présentée à la Biennale de Venise explorait déjà des profondeurs imaginaires pour faire surgir d'autres cosmologies. Entre laboratoire plastique et champ de résistance, Ntjam détourne matériaux et outils pour composer un langage ouvert.

Béatrice Balcou

Vernissage le 14 novembre à 18h. Pour son exposition personnelle à La BF15, Béatrice Balcou invite aux coulisses d'une observation attentive des différents modes de monstration et de manipulation des œuvres, en parlant de leurs vies, leurs relations, les dangers auxquels elles font face et les processus de restauration qu'elles vivent.

Notre avis : Dans l'exposition de Béatrice Balcou, rien ne s'impose car les œuvres semblent dériver depuis un noyau manquant, un vide qui leur donne leur force. Dans Cérémonie sans titre #23, réactivation d'une pièce d'Élodie Seguin, c'est précisément ce qui n'a pas été conservé qui confère sa teneur à l'expérience : une action sans trace, dont la disparition devient la condition même de sa portée. L'invisible sature ainsi l'espace, entre cimaises en bois vides (hommage aux artistes femmes oubliées du Bauhaus), insectes « muséophages », fragments de livres réassemblés, et une vidéo de 69 heures.

Elsa Fauconnet

Inspirée par les recherches de l’anthropologue Jean-Loïc Le Quellec, Elsa Fauconnet arpente les grottes préhistoriques et leurs reconstitutions pour explorer ce qui subsiste du mythe dans nos dispositifs culturels. À travers une installation composée d'un ensemble d’images, de textiles et de céramiques, elle s’intéresse aux gestes de médiation, aux parcours scénarisés et aux fictions qui façonnent notre regard sur le passé.

Notre avis : Ce qui fait de Kommet un lieu à part, c'est son pouvoir opératoire de raconter des histoires. Une vocation qui s'allie parfaitement avec le projet de l'artiste Elsa Fauconnet, reconfigurant l'espace en antre historial, juxtaposition de bribes d'art rupestre, de ses répliques factices et de narration personnelle. À travers un montage warburgien, le mythe fondateur de l'humanité est interrogé par un regard critique et ironique voué à révoquer la tyrannie du parcours protocolé afin de tisser un nouveau récit fascinant peuplé d'ombres et simulacres.

Simon Dybbroe Møller

Originaire du Danemark, Simon Dybbroe Møller examine l’interaction entre les expériences sensorielles fondamentales et le détachement croissant des médias de représentation. Dans ses expositions, il tente de repousser les limites de la perception, du temps et de la représentation artistique en regroupant des objets du quotidien subtilement modifiés, qu'il juxtapose de vidéos et de photographies mettant en scène un ou plusieurs sujets.

Notre avis : Dans les images et les installations de Dybbroe Møller la vision vacille, prise dans un réseau de signes qui excède toute maîtrise. Les regards surexposés des Retinal Rift, arrachés à leur contexte, fonctionnent comme des seuils : une confrontation où l'intime devient territoire partagé et instable. L'exposition installe une zone où la perception se dédouble, prise entre présence physique, voilage aveuglant et reflet spéculaire. Ce qui surgit n'est ni confession ni spectacle, mais une dérive du sensible, un lieu où la subjectivité se recompose, troublée par ses propres médiations.