L'Escale

Mercredi 20 novembre 2013 / Grenoble

Étouffant. C'est le meilleur qualificatif pour définir ce documentaire-choc de Kaveh Bakhtiari, immigré iranien ayant obtenu la nationalité suisse, qui va retrouver un de ses cousins, à son tour tenté par l'exil en Europe mais qui se retrouve coincé avec d'autres migrants dans une « pension » d'Athènes en attendant de rejoindre un autre pays d'accueil. Bakhtiari s'enferme avec eux dans cet appartement en sous-sol dont les rideaux sont toujours tirés, et ne les accompagne que lors d'une sortie forcément risquée - on n'a jamais autant senti le quotidien du clandestin, qui doit tout faire pour ne pas se faire remarquer, ce qui est évidemment absurde - puis lors de leurs départs successifs après des mois de claustration.

Dans la première heure, cette communauté de fortune est regardée sans misérabilisme même si, à travers tel récit d'une traversée à deux doigts d'être tragique, ou par les petits conflits du quotidien liés à cette promiscuité forcée, on envisage tout le désespoir de ces êtres pris entre deux feux : la réalité sans issue qu'ils ont quittées et celle, à peine plus enviable, dans laquelle ils se retrouvent.

Le film souffre d'inévitables redites, mais sa dernière partie, particulièrement rude - la grève de la faim d'un des migrants qui a choisi de se coudre les lèvres pour protester contre son sort - prend véritablement aux tripes. Quant à l'ironie tragique qui a motivé l'existence même de L'Escale - qu'on ne racontera pas -, elle oblige le spectateur à réfléchir hors de ses schémas idéologiques pour comprendre que certains individus ne seront tout simplement jamais en sécurité nulle part. Et, de fait, ressentir ce que leur vie a d'étouffant...

Christophe Chabert

L'Escale
De Kaveh Bakhtiari (Suisse-fr, 1h40) documentaire

L'Escale

sortie nationale : Mercredi 27 novembre 2013
De Kaveh Bakhtiari (Fr-Sui, 1h40)

A Athènes, le modeste appartement d'Amir, un immigré iranien, est devenu un lieu de transit pour des migrants qui, comme lui, ont fait le choix de quitter leur pays. Mais la Grèce n’est qu’une escale, tous espèrent rejoindre d’autres pays occidentaux. Ils se retrouvent donc coincés là, chez Amir, dans l’attente de papiers, de contacts et du passeur à qui ils confieront peut-être leur destin...

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