La playlist de l'été du Petit Bulletin

Lundi 30 juin 2025

Sélection / On peut consommer local de bien des façons. Il n'y a pas que l'alimentation et les vêtements, on peut aussi nourrir son lecteur vinyle, son baladeur ou encore son téléphone de productions d'artistes issus du territoire, d'albums enregistrés dans les studios de la région, d'artistes plus ou moins émergents qui valorisent un patrimoine riche et varié. Découvrez notre playlist de l'été !

Photo : Send me love letters ©Clément Maury

Chromatisme crânien - Michel Fernandez Quintet

Jazz / Issu du très bon album Live at the Hot Club de Lyon, le morceau de 8 minutes 38 a été enregistré sous les légendaires arches en pierre du plus vieux club de jazz d'Europe encore en activité. On y entend, évidemment, les sopranos et ténor du saxophoniste Michel Fernandez, mais aussi - et c'est tout à fait nouveau - les saxophones alto et baryton du nouveau membre du groupe, Julien Chignier. Fidèle à la tradition du free-jazz des années 1960-70, l'improvisation et le groove collectif s'expriment sans retenue dans Chromatisme crânien, à commencer par le superbe solo de batterie de Nicolas Serret qui fait monter en puissance, 4 minutes 22 durant, un morceau grisant de liberté, d'optimisme, traversé de grooves africains et caribéens. On en sautille encore. LS

Issu de l'album Live at the Hot Club de Lyon, via Atypeek music ; mars 2025
L'album est disponible sur les plateformes à l'adresse suivante.

Glastonbury - Send me love letters 

Rock / Pas de pathos, pas d'effusion : Glastonbury raconte une relation dont il ne reste que la trace rugueuse, sans filtre ni embellissement. La voix ne supplie pas, elle constate. Le lien est rompu, mais continue de mordre. Le quatuor lyonnais Send me love letters transforme l'amour toxique en boucle sonore sèche, presque clinique : riffs obsessionnels, basse en tension, batterie retenue. Le clip, tourné dans les décors solennels du château de La Palice, renforce cette atmosphère noire, presque post-romantique : tout y est figé, trop beau, trop vide. À la fois élégiaque et lucide, le morceau s'impose comme un anti-hymne estival : froid, tenace, nécessaire. FM

Issu de l'EP Send me love letters, via Ditto Music ; octobre 2025 

Barmaid Smile - Black Plant

Indie rock / Un nom de groupe comme un hommage aux recoins sombres de la perfide Albion, et un son tout aussi britannique : Black Plant, quatuor stéphanois emmené par Alexandre Joubert au chant et à la guitare, balance avec Barmaid Smile un tube d'indie rock mélancolique, quelque part entre Oasis et Arctic Monkeys à l'époque Cornerstone. Formé après une année passée à Glasgow - où Alexandre écumait les salles de concerts, de Miles Kane aux Libertines - le groupe affine un style brut et sensible, nourri de rock garage et de spleen électrique. Avec ce morceau, la bande confirme un goût pour les mélodies désabusées et on y devine une romance avortée, ou juste un sourire de barmaid qu'on n'oublie pas. CD

Via Ultrasonic ; mai 2025 

Wrath - Keanler (ft Cypress)

Melodic house / Peut-on parler de l'''EP de la maturité'' pour un artiste âgé de 20 ans ? Le Lyonnais qui avait commencé par bidouiller sur FL Studio à 14 ans avant de se faire embaucher par de grandes maisons de disques (Universal, Monstercat, Lilly Era et Chill Your Mind) vient d'acter, avec son dernier projet, un tournant affirmé dans sa carrière. Sans bouder le mélodique, Mathias Bellot est allé plus frontalement à la conquête du dancefloor avec des montées dynamiques et grisantes. Surtout, il a abandonné un répertoire de sonorités plutôt "lisses" (Tropical chill, guitare ambiante, structure pop et EDM classique) pour révéler un univers introspectif aux textures complexes, parfois même aux sons granuleux, avec tantôt une basse saturée, tantôt des percussions plus brutes. Un voyage contemplatif dont on ne se lasse pas. LS

Issu de l'EP Timeless reflections, via Lilly Era ; mai 2025

Vide - Noreah

Rap / Telle une mise à nu crue et sincère, Vide constitue l'un des titres illustrant le mieux l'identité musicale plurielle de Noreah. Avec une brutalité empreinte de douceur, l'artiste entremêle pur kickage et velléités mélodiques, dans une piste chargée à bloc montant en intensité au fil des mesures. À travers ce texte ciselé et intimiste où elle évoque sentiments déçus, doutes et craintes, elle impose une couleur puissante, soutenue par une interprétation habitée, nourrie par un naturel saisissant et un charisme féroce. VN

Issu de l'EP Le Poids des rêves, Pt.1, via SUPRA V Records ; juin 2025 

Pétasse en colère - Yanka

Rap /  « Un, deux, trois, j'en ai rien à foutre de toi », l'ambiance est posée. Avec Pétasse en colère, Yanka transforme la trap en défouloir électrisé, entre révolte scandée et humour acide. Ex-DJ des nuits underground lyonnaises, passée par la photo documentaire et les friches de Mermoz à la MJC de la Duchère, elle signe ici un morceau frontal, jubilatoire et féministe. C'est cru, c'est drôle, c'est politique et ça tape juste. Le titre est sorti peu après son EP BBVNR sorti en avril, où elle défend son style, libre et provocateur. À écouter fort, et majeur en l'air. CD

Via Deke soto music group ; juin 2025Â