Un automne sous le signe de l'émergence
Nouvelle vague / La scène émergente lyonnaise ne cesse de vibrer : entre folk en clair-obscur, pop solaire, rap introspectif, punk rageur et électro hallucinée, de jeunes projets éclosent en concerts jusqu'à décembre. Tour d'horizon d'une génération qui dessine le futur sonore de la métropole.

Photo : Send me love letters / Glastonbury © Clément Maury
Après avoir vu éclore ces dernières années des figures comme Théo Charaf, Raoul Vignal, eat-girls, Bandit bandit, Claire days ou Menace Santana, la métropole rhodanienne dévoile une nouvelle vague prête à confirmer les attentes : le renouveau s'invite dans les programmations des salles jusqu'à la fin de l'année.
Le week-end concocté par l'Épicerie moderne, qui fêtera ses 20 ans avec une affiche éclectique mêlant figures installées et jeunes pousses régionales, marque le révélateur de cette tendance : sept groupes et deux DJ de la région viendront rappeler que Lyon et ses environs restent un foyer privilégié d'émergence musicale, attaché à faire surgir ce qui bouillonne dans les caves, les clubs confidentiels et les studios alentour.
Pop, rock et folk sous tension poétique
Le Marché gare propose également de mettre en lumière cette effervescence. Majora, projet d'Alexis Jaskowiec et Maeva Ramanana-Rahary, nous invitera le 23 septembre à une mélancolie lumineuse ; puis les frères de Terrenoire déploieront avec grâce leur pop baroque et envoûtante. Dans la même salle, Send me love letters livrera en novembre une release party nourrie de guitares rugueuses et d'émotion brute, tandis qu'After geography choisira une veine mélodique, héritière de la britpop. Plus intimiste, le Périscope accueillera Caïman et ses boucles incantatoires empreintes d'onirisme lucide et de poésie veinée de mélancolie, ainsi qu'Oasis boom, mélange hypnotique de jazz et expérimentations sonores.
Metal et punk : colères partagées
À Décines, le Warmaudio, lieu incontournable de résonance de projets radicaux, accueillera Banquise, dont le metalcore tranchant s'impose déjà comme une nouvelle référence, et Freaksight, où thrash et modernité s'entrelacent. L'énergie s'avère tout aussi radicale du côté du Trokson, avec la release party de La hess, dont le punk abrasif, entre crust et powerviolence, promet une claque sonore. Quelques pas plus loin, au Kraspek, Folloï entrechoquera poésie et tension post-punk.
Rap et électro, vertiges contemporains
La vivacité du hip-hop lyonnais s'affirme elle aussi dans les salles lyonnaises : Okis, attendu au Marché Gare, déroulera son flow spectral, tandis que Fleur sous bitume, au Kraspek, distillera sa noirceur diaphane. Enfin, impossible d'ignorer la scène électro dans une ville qui fait danser désormais le monde entier : Warzou, au Transbordeur, sculptera des sets massifs où les basses grondent, et Vel, au Sucre, tissera de son côté des atmosphères mouvantes, entre profondeur abyssale et clartés fragiles.
En ce dernier pan de l'année, la scène émergente lyonnaise se dévoile ainsi dans une programmation fourmillante et audacieuse : pop et folk s'y teintent de clair-obscur, métal et punk réinventent la rage, rap et électro proposent de nouvelles formes de vertige. Une génération en train de s'affirmer, dans une ville qui résiste à toute tentative d'aseptisation et de passéisme sonore.