Vingt ans à Feyzin : l'Épicerie moderne comme geste vivant
Anniversaire / La salle feyzinoise s'apprête à fêter deux décennies de matières sonores, pulsations nocturnes et transes partagées. Rendez-vous les 26 et 27 septembre prochains.
Photo : Friedberg © Lewis Vorn, 2025
Deux soirées comme deux éclats, deux constellations d'énergies, avec le regard toujours tendu vers l'avenir. Portée par l'association AMAF depuis 2005 et labellisée SMAC depuis 2018, l'Épicerie moderne n'incarne pas seulement un lieu indispensable pour voir des artistes et des groupes de renom, mais aussi une scène novatrice et un laboratoire prophétique.
C'est en rendant opérantes ces valeurs, ici où « chaque concert doit être mémorable », selon les mots de son directeur, Grégoire Potin, que la salle orchestrera, pour cette fin septembre. Une fête kaléidoscopique, convoquant sur deux jours un plateau à l'image de son histoire.
Vendredi : dérives et métamorphoses
Le coup d'envoi, prévu pour 17h, se placera sous le signe du décalage. Les vinyles de DJ Reine Claude traceront une ligne brisée, hétérogène. Suivra Lùlù, fraîcheur indé à la croisée entre Lyon et Marseille qui échauffera la salle avant de laisser la place à l'univers fantasque et magnétique de Monika. Lulu Van Trapp surgira alors, flamboyant, transformant le rock en théâtre incandescent de formules obsédantes, puis Antenn.e viendra durcir les contours : une urgence brute, mouvante, aiguisée.
La nuit s'élargira. Walter astral projettera des visions cosmiques, quelque part entre transe solaire et vertige hallucinatoire. Marta refermera ce premier voyage : cordes et machines se fondront, suspendant le temps. D'un pas hésitant à l'embrasement, du cabaret déglingué à la rêverie stellaire, la soirée dessinera un chemin de vertige.
Samedi : intensités telluriques
Le lendemain, la matière se fera plus terrestre. À 15h30, la DJ La Scandaleuse ouvrira la danse, convoquant des rythmes tribaux et des grooves indociles. Second major et Lovataraxx plongeront ensuite l'auditoire dans l'hypnose : rock sinueux, arabesques électroniques, tension constante. Les spirales spectrales de Friedberg s'insinueront parfaitement entre deux temps emplis de garage urgent, désinvolte et brûlant avec La flemme d'abord et Johnnie carwash ensuite.
Puis tout basculera : les Californiens de Meatbodies déchaîneront leur tempête psychédélique faite de guitares saturées, avant que Droges ne transforme la fête en credo esthétique, grâce à des slogans électro-punk et un humour rageur, afin de clore une nuit convulsée.
Un lieu comme horizon
Rien d'un catalogue ; ces deux journées veulent raconter l'idée que les esthétiques peuvent se croiser, se frotter, voire se contredire, et qu'on ne pourra jamais les enfermer. Plus que célébrer ses vingt ans, l'Épicerie moderne opte ici pour une déclaration : la musique doit être une promesse d'émancipation, un geste collectif, un avenir toujours en mouvement.
Vendredi 26 septembre 2025 à partir de 17h et samedi 27 à partir de 15h30 à l'Épicerie moderne (Feyzin) ; de 20 à 40€
