"La Guerre est déclarée"
Valérie Donzelli est courageuse. Refaire du cinéma après "la reine des pommes", fallait oser en effet tant ce navet parisianiste pseudo intello était affligeant et consternant… Il faut que croire que certains producteurs ont la mémoire courte ou ne savent pas ce qu'ils produisent. Ensuite, Donzelli réalise un film sur sa propre histoire - pas drôle du tout -, celle du cancer de l'enfant qu'elle a eu avec le comédien Jérémie Elkaïm. Vivre une telle épreuve qu'on imagine aisément dure, intense, stressante, épuisante, ne lui a donc pas suffi pour qu'elle décide de la rejouer au cinéma ? La démarche est peut-être sincère, mais quel masochisme… Bien sûr que c'est touchant de voir ce jeune couple se battre pour sauver son fils : les navettes à l'hôpital, la réaction après l'annonce du diagnostic, les rencontres avec le corps médical, etc. Pour autant, côté mise en scène, l'encéphalogramme reste assez plat : trois voix off distinctes (une seule n'aurait-elle pas suffi ?), des chansons pour le moins niaises et sans intérêt. Seul fil rouge : le nombre incalculable de scènes au cours desquelles quasiment TOUS les protagonistes fument cigarette sur cigarette. Très vite, on avait compris qu'ils étaient stressés… Quelques scènes retiennent néanmoins l'attention : celles évoquant la rencontre et le développement de la relation amoureuse entre Valérie Donzelli/Juliette et Jérémie Elkaïm/Roméo (encore un clin d'œil à se faire un décolement de la rétine…), ou encore celle où les deux parents évoquent leurs peurs… au point de partir dans un délire assez paradoxal. De trop rares secondes teintées d'humour et de légèreté dans un océan de méli-mélo indigeste. C'est peu dire qu'on n'a pas franchement envie de s'identifier à ces personnages… Les "grands" médias parisiens ont adoré ce film : "un formidable hymne à la vie !", etc. Mais on ne peut pas plaire à tout le monde. L'essentiel est ailleurs : aussi bien dans la réalité que dans le film, l'enfant a vaincu sa maladie... La vie 1, le cinéma 0.
© Bruno Sleepless