Revue de presse du Noel de Môrisse, 17 décembre 2011

Publié Lundi 19 décembre 2011

Une première rencontre difficile avec un public non averti. Une cacophonie ambiante, des spectateurs peu enclins à la poésie, un lieu inapproprié ou un thème mal abordé ? La soirée a laissé bon nombre de spectateurs dépourvus face à cet étrange inconnu aux oreilles tombantes dont la voix fluette n'encourageait pas l'écoute et la considération. Môrisse est-il resté un artiste compositeur et interprète de ses propres textes et de sa musique, incompris ? Un monde imaginaire qui draine le réel oubliant l'illusion ou inversement ; au bout de quelques minutes, le jugement était sévère. La sanction était claire.

Le souffle des prairies, un soufflet.

Décontenancé, poli, Môrisse n'a pas eu la répartie nécessaire qu'il use, nous a-t-on dit, avec habilité avec les jeunes du quartier ; la rue est peut-être plus réceptive à la nostalgie d'un temps, au décalage temporel qui exulte de ce personnage insolite, dont la physionomie a ravivé pourtant quelques mémoires. Qui n'a pas connu ou entrevu en effet l'image d'un grand-père issu de la campagne, ne vivant quasiment de rien, ou se satisfaisant d'une vie simple et des richesses de la terre ? Un grand-père dont l'humilité ne saurait être une raison de vivre mais une raison d'être.

Après une demi-heure de lutte, de glissades rocambolesques, de fausses chutes, de dialogue ou d'abandon, quelques images, quelques silences, l'émotion ou la compassion a néanmoins saisi la brèche du cœur. C'est en passant le seuil de la porte pour l'avant-dernière fois, au milieu de la performance, avec cette démarche mal aisée, fatiguée, usée par le temps que jaillit brusquement ce pincement au cœur, cette impression d'être passé à côté, d'avoir oublié, de n'avoir pas su ou de ne plus savoir apprécier ces quelques douceurs de la nature si proches et si lointaines que Môrisse pour un noël, une vie, à tenter de nous faire partager avec un succès mitigé mais un succès salué, un courage qui mérite non seulement le respect mais ouvre la réflexion sur cette question : est-on encore capable d'entrevoir la simplicité, la beauté d'un monde qui défile, un monde qui est passé sous nos yeux sans crier gare, un monde disparu ou s'effaçant au profit d'images subversives et séductrices, un monde aussi sinon plus naturel qu'un graffiti sur un mur ou une page de magazine ? On se rend compte du changement qui nous atteint. La première approche était chaotique certes, mais efficace. La neige, les racines enchevêtrées, les chemins infinis, les illuminations célestes, le regard de la faune et de la flore.

Merci Môrisse et à bientôt... tu es parti comme tu es arrivé amusé et amusant derrière ton faciès dépourvu de méchanceté, de malveillance. Nous pouvons désormais répondre à cette question : qui est Môrisse ? Un compositeur, un musicien, un honnête homme qui ne cherche pas à convaincre juste à être là et faire partager des instants inoubliables, des images de nos montagnes, de nos campagnes désolées qui resteront grâce à toi gravées à jamais dans les cœurs, dans les mirettes de nos pupilles d'illuminés.

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AGC