Lyon Gypsy Festival

Publié Vendredi 30 décembre 2011

« Il apprend seul à jouer de la guitare, dans la roulotte familiale, et néglige la théorie. Il ne saura d'ailleurs jamais lire la musique, sa seule force étant l'improvisation. »

 On s'introduit par les coulisses dans un film muet. Django ou « je m'éveille » en gitan. Un écran en noir et blanc comme un abîme, toute la légèreté d'un verbe, la fluidité d'une rime, la ponctuation qui saisit. Elle raconte nos vies, elle raconte la vie. Elle raconte la vie de ceux qui ont cru, ont tenté, ont égalé ne serait-ce qu'un instant ce génie extravaguant, cette force vivante. Deux doigts qui glissent, un pouce qui ourdit.  Comédie ou tragédie, on suit un flot de ces paroles oubliées, de ces sentiments, de ces émotions colorées, des va et vient puissants qui s'épuisent et imaginent les scénarios les plus fous, romanesques ou réinventés, entre rêve et formalité... Un phrasé juvénile, une énergie spontanée.  Epurée, elle effleure ; les notes montent et fulminent, on claque des doigts, on swingue sans jamais toucher cette larme sensible, le sourire de nos âmes d'enfant oubliées. La rue défile. On se regarde. On s'indiffère. Ils indiffèrent. On écoute, on entend, on voit. Lentement on aperçoit, on oublie. On oublie les imbéciles, les érudits, ceux qui croient, ceux qui pensent, ceux qui s'extasient. De « je » aux regards, d'actes aux silences, la fougue, l'amusement, on s'accorde au diapason de l'incontournable liberté, celle que Django nous a permis d'effleurer à travers des sonorités pluriculturelles, des compositions avant-gardistes, osées, universelles et chaleureuses, que les amoureux du Jazz Manouche : Les Doigts de l'homme, Tikno Swingtette, Tony Green, pour ne citer qu'eux ... , n'auront cesse d'explorer tant la finesse de son talent, la richesse de sa témérité, la puissance de son énergie créatrice nous laisse un goût d'éternité qu'aucun mot ne peut sublimer autrement qu'en écoutant. L'essence même de la musique manouche, l'indifférence, l'introspection, l'illusion, la désillusion, parce c'est bien l'espoir qui a conduit Django aux Etats-Unis, la désillusion qui le ramène en Europe avec cette impression amère de n'être qu'un souvenir. Quel souvenir ? L'appartenance à un monde où le paradoxe frise la folie, la déconvenue ; une atmosphère aussi sombre que les tumultes d'un mystère, celui de l'existence, à ne point nommer.

AGC

Introduction Festival Gypsy 2012 source photo : Les Doigts de l'homme, tête d'affiche du festival (http://www.myspace.com/lesdoigtsdelhomme)

 

 

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