Beatlesmania : for the benefit of Béatrice Ardisson

Publié Samedi 31 décembre 2011

Le disque de reprises constitue souvent un exercice pour le moins casse-gueule. "Beatles mania", le nouvel opus signé Béatrice Ardisson s'en sort bien, mais la qualité des tubes des Fab' Four limitait le risque du bide...

Béatrice Ardisson est décidément la reine de la reprise musicale. Après avoir habillé musicalement l'émission "Paris Dernière" (sur la chaîne de télévision Paris Première), elle a lancé Mania, une collection "obsessionnelle" qui permet de revisiter l'œuvre d'un grand artiste ou d'un genre musical par d'autres célébrités ou d'illustres inconnus. Le résultat final est toujours surprenant et plutôt convaincant, comme en témoigne le double album consacré aux Beatles, sorti opportunément avant ces fêtes de fin d'année chez le label Naïve. 
Alors que les versions originales de "Michelle", "Something" ou encore "Ticket to ride" sont gravées dans notre ADN depuis des lustres, il est pourtant agréable de les redécouvrir transposés dans un tout autre univers musical. Good-bye le Swinging London des Sixties, et welcome aux douces atmosphères jazz de "For the Benefit of Mr Kite" par Tok tok tok ou une version electro de "Eleanor Rigby", lounge, easy listening et j'en passe.

Trois vedettes et un bataillon d'inconnus au générique À l'exception de Nina Simone, Stevie Wonder ou encore de Caetano Veloso, la double galette laisse la part belle à des voix parfaitement inconnues ; à elles de trouver la bonne distance et l'inspiration pour donner une nouvelle vie à des tubes éternels. Malgré la pression que l'on imagine sur leurs frêles épaules, il faut reconnaître que le pari est plutôt bien réussi. Aucun titre n'est zappé au bout de quelques secondes et la plupart tiennent la route face à leurs glorieux aînés. De quoi servir de bande sonore à vos prochains apéros entre amis... À moins d'être un puriste des studios d'Abbey Road, le fan averti des Fab' Four devrait donc apprécier ce nouvel hommage et enrichir sa collection déjà munie de reprises à la sauce Bossa nova (chez Just entertainment, 2009), symphonique ou exotique...

Zéro prise de risque mais jackpot assuré ! D'un autre côté, Béatrice Ardisson n'a pas pris de gros risques : le répertoire des Beatles regorge de tant de pépites qu'il aurait fallu une grosse paire de moufles pour rater un tel projet.. Bref, jackpot assuré... surtout en sortant dans les backs quelques jours avant Noël ! Difficile de refuser une bonne idée de cadeaux à cette période... 
On peut néanmoins s'étonner que ce double album soit sorti fin 2011 et non en 2012, pour marquer comme il se doit le cinquantenaire du tout premier disque des Beatles. À moins que ce ne soit pour anticiper un énième déferlement de pseudos inédits exhumés des tiroirs d'Apple, de George Martin (le génial producteur du groupe de Liverpool) ou de la femme de ménage de John Lennon...

Une formule qui marche Avec "Beatlesmania", Béatrice Ardisson n'en est pas à son premier coup d'essai. Auparavant, Claude François (2003), David Bowie (2007), ou encore Bob Dylan ont fait l'objet d'un album de reprises pour le plus grand plaisir de leurs fans. L'un d'eux, Djools, explique sur Amazon : "La compilation mijotée par Béatrice Ardisson laisse perplexe les premières secondes. On est dans un état vascillant entre "Claude François ?" et "Claude François !". Mais, rapidement, l'engoûement prend le dessus. On peut appréhender ainsi Claude François par toutes les reprises qu'il a suscitées, si on ne le connait pas, ou retrouver cet artiste sous un jour différent, avec les mêmes excitations que lors des sorties originales des chansons présentées ici". Un autre confirme : "Ce disque est une consécration à Cloclo ! Chaque chanson est une perle et donne un nouvel éclairage à l'œuvre de ce chanteur mythique. Tous mes amis me demandent le nom de ce disque et souhaitent l'acquérir. Allez-y vous aussi, vous ne le regretterez pas !".

Ou l'art de refaire du neuf avec de l'ancien. Béatrice est en fait la reine du... recyclage ! Pas si "Naïve" que ça... ;-)

© Bruno Sleepless